François Morency, Jean-Marc Parent, André Sauvé et Réal Béland participeront au gala Juste pour rire qui célébrera les 30 ans du festival, les 12 et 13 juillet. Nous leur avons demandé quelle était, selon eux, la blague qui les a fait le plus rire lors des 30 dernières années.

François Morency

«En 1994, j'étais au début de ma carrière et au lendemain d'un de mes premiers galas au Théâtre St-Denis. Juste pour rire avait remis le prix hommage Victor à Yvon Deschamps. Puisqu'Yvon déteste les hommages et qu'il animait tous les galas du festival, on ne pouvait compter sur sa collaboration. Du coup, en fin de gala, quand Yvon et le public a cru que le show était terminé, Normand Brathwaite est arrivé sur scène et a demandé à Yvon de s'asseoir dans la première rangée de la salle où un siège s'était magiquement libéré. C'est alors qu'ont défilé Robert Charlebois, Clémence DesRochers, Gilles Latulippe, Claude Meunier (en Dong) et André-Philippe Gagnon (en Yvon) dans un bien-cuit pissant. En voyant le tout en direct dans la tente VIP en compagnie d'autres humoristes de la relève, j'ai spontanément déclaré: «C'est le meilleur numéro d'humour que j'ai vu». Il y avait des gags absurdes, de l'émotion, de la satire, de la folie, beaucoup d'amour et tout ça pour rendre hommage au plus grand. Dix-huit ans plus tard, je maintiens mon verdict.»

André Sauvé

«J'ai toujours un peu de mal à isoler une seule chose qui surpasse toutes les autres. Mais disons qu'il y a des scènes que j'aime bien voir et revoir et qui me procurent à chaque fois le même plaisir. La scène du film Les voisins de Claude Meunier dite La réception figure parmi celles-ci.

Bien souvent, ce qui me fait rire, ce ne sont pas des jokes comme telles, mais des mises en situation. Ici, cette scène où les voisins arrivent est aussi drôle que pathétique. Je pense que c'est ce qui me plaît dans l'humour, quand ça pointe autre chose que ce qui est dit et montré. Dans ce cas-ci, c'est l'espèce de vide relationnel entre les humains. Cette maladresse de ne pas savoir comment être. Et cette scène le reflète parfaitement. C'est tragique au fond. On rit par malaise et par désolation. Je pense que bien souvent, ce qui fait que l'humour traverse les âges, c'est souvent quand il pointe quelque chose de dramatique. Et dans ce cas-ci, ce drame est montré avec génie. En tout cas, moi, ça me fait rire.»

Réal Béland

«Moi, je veux souligner la régularité de Jean-Marc Parent. Son numéro sur son infarctus, quand il est revenu sur scène après sa crise cardiaque. Jean-Marc, on a beau dire ce qu'on veut, chaque fois qu'il monte sur scène pour le festival Juste pour rire, la réaction du public est incroyable. Le plafond veut sauter. Pour moi, l'humour c'est ça, car lui ne veut que faire réagir la foule, qu'elle ait du plaisir. J'ai déjà fait les coulisses de Juste pour rire pour faire des entrevues et pendant quatre ans, je l'ai toujours vu faire des hits. Tous ses numéros ont marché, à commencer par L'handicapé lors de sa première présence. Jean-Marc, c'est quelqu'un qui m'impressionne quand il monte sur scène. Ça a la même force qu'Yvon Deschamps quand on regarde la réaction dans la salle. Le même impact. Peu importe qui passe avant ou après lui, ça rentre comme une tonne de briques. Sinon, parmi mes meilleurs souvenirs, il y a aussi quand Maxim Martin a montré une couille en public. Ça avait créé une folie. En même temps, son propos était intéressant pour montrer l'impact que pouvait avoir un tel geste. C'était très comique.»

Jean-Marc Parent

Jean-Marc Parent a adoré un numéro de gala que Laurent Paquin a fait sur les Américains. Le gag disait: «Les Américains aussi, y'ont vécu des traumatismes! Mettez-vous à la place du petit Américain moyen qui se fait dire, en pleine face, du jour au lendemain: «Aïe! Y'a du monde là... dans d'autres pays... qui vous aiment pas!» Imagine sa réaction: «Hein??!!! Y'a d'autres pays?!» «Quand j'ai entendu ça, dit Jean-Marc Parent, mon Dieu que j'ai ri. Je trouve ça tellement drôle quand il dit «Hein??!!! Y'a d'autres pays?!». J'en ris encore. À cause de l'image et de ce qui est en-dessous de la blague. Il y a quelque chose de très vrai là-dedans. Les Américains ne sont pas méchants, ils pensent juste qu'ils sont tout seuls ! C'est ça qui me fait rire. C'est comme quand on dit une grande vérité et qu'on part à rire. Car les Américains sont responsables d'une grosse part d'innovations dans le monde. Je comprends qu'ils puissent se dire «Ben on n'a pas besoin de grand-chose qui vient d'ailleurs». Ça, ça me fait beaucoup rire!»