Servis par des metteurs en scène inspirés, les meilleurs classiques peuvent supporter un traitement ultramoderne, comme l'a démontré Ivo Van Hove au début du Festival TransAmériques. Serge Postigo, qui monte L'avare dans le cadre du Festival Juste pour rire, a fait le choix contraire et a décidé de jouer avec le feu : son Molière se fera à la lueur des chandelles.

«La modernisation d'un classique, c'est quelque chose qui s'est vu souvent. Shakespeare, beaucoup. Molière aussi. Des acteurs qui rendent des textes en alexandrins en manteau de cuir, j'en ai vu beaucoup, explique-t-il. Ce que je n'avais jamais vu, c'est l'inverse.»

 

Ne miser que sur la lumière émanant des bougies, c'est bien sûr une manière de replonger dans l'esprit du Grand Siècle. Mais c'est aussi un défi de taille. «C'est extrêmement compliqué. Ça influence tout», dit le metteur en scène. Le jeu, bien sûr, mais aussi les décors, les costumes et les maquillages.

Le costumier Denis Lavoie a en effet dû privilégier les étoffes qui réfléchissent la lumière et créer des costumes très fidèles à l'époque. «Ce n'est pas simplement par souci d'authenticité, signale Serge Postigo, c'est une question de comment le tissu bouge, comment le costume tombe.» Tout ça pour que, une fois à la lueur de la chandelle, il épouse le jeu de l'acteur et contribue à servir le personnage.

Éclairer la scène du Monument-National à l'aide de 2000 bougies demande bien sûr une préparation monstre. Serge Postigo a passé trois jours à faire des tests dans la salle. Puis il a dû s'assurer qu'il était en règle avec les assureurs et les règlements municipaux. Il n'y aura pas de pompiers en coulisse, mais des barils d'eau et des serviettes détrempées ont été prévus, au cas où...

Luc Guérin, qui joue Harpagon, le vieil avare qui a des visées sur la jeune fille dont son fils est épris, est très enthousiaste à l'idée de jouer dans une pièce montée dans l'esprit du XVIIe siècle. «D'un point de vue personnel, j'ai l'impression que ça va me permettre, en tant qu'acteur, de vivre un peu ce que les comédiens vivaient à l'époque. Je pense que ça va être grisant.»

«Il y a quelque chose d'enveloppant dans tout ça qui fera que les spectateurs auront le sentiment de vivre quelque chose de particulier», ajoute le comédien, qui tient son premier rôle-titre dans un classique. La distribution de huit comédiens compte aussi Salomé Corbo, Sophie Desmarais, Marc Beaupré, Bruno Marcil, Frédéric Blanchette, Éric Bruneau et Karine Belly.

L'avare prend l'affiche du Monument-National le 15 juin.