La culpabilité du Dr Murray, reconnue par un jury populaire, devrait contribuer à conforter le statut d'icône du «roi de la pop» et sa gloire posthume sonnante et trébuchante, en faisant vite oublier la figure de chanteur dépendant aux médicaments décrite pendant le procès.

Michael Jackson n'a jamais vraiment quitté l'actualité depuis sa mort le 25 juin 2009, mais le procès-fleuve et ultramédiatisé de son médecin l'a incontestablement remis à la une, en décrivant «un artiste génial», «un père aimant», mais aussi une personnalité inquiète et dépendante aux médicaments.

En déclarant le Dr Murray coupable, le jury populaire a attribué la responsabilité de la mort subite du chanteur à l'âge de 50 ans à son seul médecin, conformément aux souhaits du parquet.

Ils ont ainsi refusé une «condamnation» posthume du chanteur, comme la réclamait l'avocat du Dr Murray en affirmant que son client n'était pas poursuivi pour ce qu'il avait fait, mais «pour les actes de Michael Jackson».

L'avocat a fait tout son possible pour convaincre le jury de la dépendance du chanteur aux sédatifs et aux analgésiques, en décrivant ses visites régulières chez son dermatologue, dont il ressortait sonné, ou ses efforts désespérés pour obtenir du propofol, cet anesthésiant qu'il utilisait comme somnifère et qui lui a coûté la vie.

Mais les admirateurs, qui continuent à débourser des dizaines de millions de dollars par an pour leur idole, préfèreront se souvenir des révélations «positives» du procès: les scènes de bonheur familial entre la vedette et ses enfants décrites par la cuisinière, les talents intacts de l'artiste ou son souhait de construire un hôpital pour enfants.

«Une fois mort, l'objet de l'intérêt (des admirateurs) ne peut plus répondre et la fascination publique peut prospérer sans être bridée par la réalité de la vie de l'artiste», explique à l'AFP Diane Swanson, professeur de management à l'Université publique du Kansas.

«Dans ces conditions, qui relèvent du fantasme, on peut anticiper de nouveaux débouchés commerciaux et des recettes supplémentaires. En résumé, la mort devient un moyen de recréer un marché», dit-elle.

De fait, l'entreprise Jackson est toujours aussi florissante. Selon le magazine Forbes, le «roi de la pop» reste la vedette décédée générant le plus de ventes, avec 170 millions de dollars de recettes sur le douze derniers mois.

Pendant les six semaines du procès du Dr Murray, pas moins de deux événements d'envergure ont été célébrés autour de la figure de la vedette: un concert-hommage géant en Grande-Bretagne, qui a rassemblé 40 000 admirateurs autour de la mère de l'artiste, Katherine Jackson, et la première du spectacle «Immortal World Tour» des saltimbanques québécois du Cirque du Soleil.

Ce dernier, créé à Montréal, devrait voyager à travers le monde et devenir, selon Forbes, une source confortable de revenus récurrents pour les héritiers et ayant-droits du «roi de la pop».

Et ce n'est pas tout. Le deuxième album posthume de la vedette, opportunément appelé «Immortal», doit sortir le 21 novembre, dans une version single (15 titres) ou double album (22 titres).

Il succèdera à «Michael», sorti en décembre dernier, premier album posthume de la vedette, au succès public indéniable malgré des critiques mitigées et la polémique sur l'identité du chanteur de certaines chansons.

Le contrat passé entre les héritiers de Michael Jackson et Sony Music, estimé à quelque 250 millions de dollars, prévoit la sortie de dix albums.

«Dans une société de consommation qui s'attache beaucoup trop à la célébrité, la mort comme accélérateur des ventes est un phénomène prévisible», explique Mme Swanson. «Cela n'enlève rien aux immenses talents de Michael Jackson», ajoute-t-elle.