Michael Jackson connaissait les risques de l'usage comme somnifère de l'anesthésiant propofol, qui a causé sa mort, mais les minimisait, assurant qu'il suffisait qu'un médecin le surveille pendant son sommeil, a affirmé un témoin mardi au procès de son médecin à Los Angeles.

Cherilyn Lee, une infirmière spécialisée dans la nutrition et les médecines douces, qui avait commencé à traiter le chanteur en février 2009, a déclaré que Michael Jackson lui avait fait part en avril 2009 de ses problèmes d'insomnie et de son souhait de se faire administrer du Diprivan -- la marque sous laquelle est commercialisé le propofol.

«Il m'a dit: 'J'ai des problèmes pour dormir. Je dois pouvoir dormir dans l'instant. Et la seule chose qui peut m'aider est le Diprivan'», a-t-elle dit.

Michael Jackson a succombé le 25 juin 2009 à une «grave intoxication» au propofol, un puissant sédatif qu'il utilisait à domicile comme somnifère. Son médecin, Conrad Murray, poursuivi pour homicide involontaire, a reconnu lui en avoir administré le matin de sa mort et les semaines précédentes.

Cherilyn Lee a affirmé qu'elle ignorait ce qu'était le propofol quand le chanteur lui en a parlé. Elle a téléphoné à un médecin, qui lui a expliqué qu'il s'agissait d'un sédatif utilisé en milieu hospitalier et a informé Michael Jackson que son usage était dangereux à domicile.

«Il m'a dit que les docteurs lui avaient assuré que c'était sûr et qu'il n'y aurait pas de problèmes tant qu'il était surveillé», a-t-elle déclaré.

«Il m'a dit qu'il avait connu le propofol plusieurs années auparavant, à l'occasion d'interventions chirurgicales. Il m'a dit: 'Je me réveillais et je ne savais même pas que j'avais dormi aussi longtemps. C'était tellement facile... Je voudrais revivre cette expérience'», a affirmé Mme Lee.

L'infirmière, qui refuse de lui fournir le sédatif, informe alors le chanteur de ses nombreux effets secondaires. Le 19 avril, elle lui donne un traitement de médecine douce, dans l'espoir de le faire dormir. Elle reste à ses côtés et constate qu'il se réveille vers 3h.

«Il n'était pas très content», dit-elle. Cherilyn Lee quitte le manoir du chanteur et n'y reviendra plus.

Début mai, soit quelques jours plus tard, le Dr Murray devenait le médecin officiel de la star et, selon ses déclarations à la police, allait lui administrer du propofol en intraveineuse presque quotidiennement.

Témoin de la défense, Cherilyn Lee a contribué à étayer la thèse des avocats du Dr Murray, qui veulent prouver que Michael Jackson était dépendant du propofol, et cherchait à s'en procurer par tous les moyens. Selon eux, le chanteur lui-même s'est administré une dose supplémentaire --et mortelle-- de l'anesthésiant le matin de sa mort.

Mais le témoignage de Mme Lee a aussi servi le parquet, qui accuse le Dr Murray d'avoir «abandonné son patient» en quittant la chambre de la star pendant l'injection de propofol, le matin de sa mort.

Le procureur David Walgren a ainsi demandé à Mme Lee: «Vous a-t-il dit: 'J'ai juste besoin de quelqu'un pour me surveiller avec le matériel (adéquat) pendant que je dors'?».

«C'est exactement ce qu'il a dit», a répondu Mme Lee, au bord des larmes, devant le visage grave des Jackson présents dans la salle.

Randy Phillips, le patron d'AEG Live, promoteur des 50 concerts que le «roi de la pop» devait donner à Londres à partir de juillet 2009, lui a succédé à la barre. Il a affirmé qu'AEG n'avait jamais pensé «annuler le spectacle», en dépit des «inquiétudes» formulées un temps par Kenny Ortega, producteur du spectacle, quant à «l'implication et la concentration» du chanteur.

Il a également affirmé que le chanteur avait accepté porter le nombre de concerts londoniens de 31 à 50 à deux conditions.

La première était de «faire venir le livre Guiness des records le soir de la 50e date», car donner autant de concerts à guichets fermés dans une salle de cette taille représenterait un exploit que «personne ne pourrait égaler».

La seconde était de disposer pendant la série de concerts d'un «domaine, en dehors de Londres, avec des ruisseaux et des chevaux, pour le bien-être de ses enfants et pour ne pas être enfermé dans une chambre d'hôtel».

En cas de condamnation, Le Dr Murray risque jusqu'à quatre ans de prison.