Le traditionnel concert du Nouvel An Salute to Vienna/Hommage à Vienne, présenté le 1er janvier ou autour de cette date par des équipes forcément différentes, mais toutes de «couleur» viennoise, est offert en cette 16e année d'existence dans 22 villes du Canada et des États-Unis.

Double nouveauté cette année en ce qui nous concerne: le concert de Montréal est repris tel quel le lendemain à Québec et l'habituelle affiche d'illustres inconnus s'illumine pour la première fois d'un nom familier, et rien de moins que celui de Marc Hervieux, notre populaire ténor.

Le double évènement offre aussi la particularité de réunir sur scène un orchestre qui n'existe pas et qui n'en porte pas moins deux noms. Qu'on se rassure: il s'agit d'un «pick-up» de 65 musiciens recrutés chez nos différentes formations locales et auquel on donne le nom de «Orchestre Strauss de Montréal». Ce matin, tout ce monde remplit deux autobus en direction de Québec où il se produira sous le nom de «Orchestre Strauss du Québec». On notera la nuance: «du» et non «de».

La salle Wilfrid-Pelletier était presque comble hier après-midi - 2 700 personnes et l'on prévoit le même succès de box-office pour cet après-midi au Grand Théâtre de la Vieille Capitale.

Le chef invité, le Viennois Alexander Steinitz, a présenté les pièces avec humour et dans un français appliqué et très clair. Il a également obtenu de bonnes lectures, avec l'exact dosage de rallentandos «viennois», de la part de cet orchestre improvisé, constitué, il est vrai, de professionnels (si l'on excepte les pires cors encore disponibles en ce jour de fête).

Marc Hervieux a d'abord offert ses voeux à la foule puis a fait savoir qu'il avait la grippe. Il a en effet connu un gros raté à la fin du fameux air «Nessun dorma» de Turandot, qui ne figurait pas au programme et n'appartient d'ailleurs pas au répertoire de ces concerts. Mais, pour l'ensemble, il a fait retentir une voix de stentor presque inchangée.

Monika Fischl, soprano de Budapest, a lancé au suraigu les notes piquées de Frühlingsstimmen («Voix du printemps») avec un éclat évoquant Erna Sack. Pour le reste: une petite voix stridente et totalement dépourvue de chaleur.

Tradition maintenue, des danseurs participaient au concert: quatre filles et deux garçons, en costumes variés, et un élégant couple hongrois de «champions internationaux de danse sociale». Les chorégraphies oscillaient entre le grand chic viennois et le gros numéro de cuisine. On passait ainsi du ballet au balai, ou plutôt à la vadrouille.

Le public -- moyenne d'âge: 50 ans -- a applaudi chaque numéro avec le même enthousiasme. Le spectale -- deux heures, entracte compris - s'est terminé par quelques rappels, dont l'inévitable Beau Danube bleu de Johann Strauss fils, le compositeur le plus généreusement représenté au programme.

SALUTE TO VIENNA / HOMMAGE À VIENNE. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Reprise auj., 14 h 30, Grand Théâtre de Québec.