Niveau suspense, c’est zéro à Survivor Québec, comme dans une chanson de Julie Masse de 1990, avec la domination écrasante de l’alliance des trois mousquetaires, soit Jean-Junior, Christophe et Karine, de la tribu Pag-Asa.

Ce qui restait d’imprévu dans l’aventure a été pulvérisé, lundi midi, avec la mise en ligne, par erreur, d’une vidéo sur Noovo.ca, qui a dévoilé la composition du trio de finalistes de cette populaire téléréalité.

Non, mais, quelle bourde gênante, à deux semaines du grand couronnement. Cette fâcheuse fuite a été causée par un bogue de programmation informatique, plaide la chaîne Noovo.

La vidéo du diable a été accessible pendant une quarantaine de minutes et elle a beaucoup circulé chez les fans finis de Survivor, qui ont hurlé leur colère, évidemment. Insérez ici un chapelet de sacres.

Je le sais, je n’aurais jamais dû cliquer sur le lien maudit. Mais bon nombre de lecteurs m’ont demandé s’il s’agissait d’un canular (non !) ou simplement d’une gaffe de débutant (oui !) du réseau Noovo, alors j’ai visionné la vidéo, par souci professionnel, hum hum. Et j’ai été en beau ta…, comme tous les membres de la production de Survivor Québec, qui se décarcassent pour protéger les secrets du jeu depuis la fin des tournages en mars.

Cette capsule de La villa du jury de (nom rétracté), une série web tournée pour Noovo.ca, devait être diffusée dans la semaine du 12 juin. Elle montre l’éviction de la dernière personne de Survivor Québec (pas de divulgâcheur, ça fera) et dévoile, du même coup, les trois derniers joueurs dans la course pour remporter le prix de 100 000 $.

Bref, la vidéo divulgâche elle-même l’identité des trois prochains concurrents à perdre leur flamme, de même que le nom de celui ou de celle qui remporte la rédemption et qui réintègre la tribu fusionnée.

Honnêtement, pour les accros à la téléréalité, c’est l’équivalent de se faire dire que les dualités de Louise Sigouin, comme le père Noël, n’existent pas dans la vraie vie. Ça fesse sur un moyen temps.

Mon problème, maintenant ? Je ne peux plus spéculer, dans cette chronique, sur l’issue des votes aux conseils de tribu de Survivor. Car je connais la conclusion et ça serait bien malhonnête de prétendre le contraire.

Par contre, j’ai très hâte de voir de quelle façon on va se rendre à ce top 3. Parce que oui, sans vendre la mèche, d’importants changements hiérarchiques s’opéreront au sein de Pag-Asa, entre deux dîners au riz blanc et un casse-tête 3D.

Avant d’être évincée dimanche soir, la combative Sandrine, 25 ans, copropriétaire d’un club de cheerleading, a bruyamment sonné l’alarme chez les pions du bas de la pyramide, en plus de décocher des flèches empoisonnées envers Justine la mal-aimée, dont la cote de popularité descend aussi rapidement qu’une gourde de limonade après une épreuve sous le soleil cuisant des Philippines.

Sandrine n’avait pas tort, mais elle a secoué le cocotier trop tard. Les deux jumeaux cosmiques, devenus les trois mousquetaires, dominent outrageusement cette compétition mentale et physique. Encore dimanche soir, JJ, Christophe et Karine ont facilement éclipsé Sandrine et Kimberly dans la quête de l’immunité. Ce trio très tenace résiste à toutes les tentatives de démembrement, c’est impressionnant.

Reste que l’hégémonie des mousquetaires de Pag-Asa s’accompagne d’un excès de confiance et de vantardise chez JJ, 41 ans, qui ne souffre pas d’un complexe d’infériorité, restons polis. Le jury déteste les candidats vantards et omnipotents. Il ne votera donc pas pour JJ.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION

L’animateur de Survivor Québec, Patrice Bélanger

Aussi, Karine, 37 ans, a été ramenée à l’ordre par un Patrice Bélanger juste assez baveux en raison de l’incohérence de son discours. La battante Karine, on va lui donner ça, venait de dire à Sandrine qu’elle ne connaissait pas le plan de l’alliance, ce qui a piqué l’animateur. « Ce n’est pas très subtil, ce qui se passe, a mitraillé Patrice Bélanger. Il n’y a pas de grandes surprises depuis longtemps, Karine. » Bang.

Sandrine souriait généreusement et les trois membres du jury (Joël, Maryse et Sango) se tortillaient de bonheur sur leur banc.

Cette intervention de Patrice Bélanger, qui fait du bon boulot, reflétait parfaitement l’exaspération qu’éprouvent les téléspectateurs depuis un mois. L’alliance du gourou suit un plan prévisible, qui torpille toute possibilité de revirement.

Avant de renvoyer les membres de Pag-Asa à leurs paillasses, le Jeff Probst québécois a éteint le flambeau de Sandrine qui a de nouveau écorché Justine, sans la nommer, en glissant que « pour gagner un jeu, il faut le jouer ».

Pauvre Justine. Après avoir déclaré forfait d’une épreuve d’immunité pour manger un club sandwich et après s’être plainte d’intenses douleurs aux chevilles la semaine passée, elle s’est retirée du dernier défi parce qu’elle avait vomi toute la nuit et qu’elle devait se reposer. OK.

Une fois de plus, Sandrine a mis le doigt sur le bobo et pointé l’injustice, comme nous à la maison : cette parade de participants peu motivés ou doués, qui suivent le banc de poissons avant leur sacrifice, devient irritante.

Le slogan de Survivor (outwit, outplay, outlast) consiste à déjouer, à dominer et à durer plus longtemps que les autres. Hélas, Justine ne possède aucun de ces atouts dans son jeu. Kimberly non plus.