Mélanie Maynard a pris les commandes de Sucré salé à TVA en promettant une chose capitale à ses téléspectateurs : fini, les mautadites entrevues en pédalo.

Dans le premier épisode du talk-show estival quotidien, relayé le lundi 22 mai à 18 h 30, l’embarcation fétiche pour les entretiens de théâtre d’été a même explosé près du quai, signalant une nouvelle ère dans la confection de cette populaire émission, qui a entamé sa 22saison en ondes. Vingt-deux ans, quand même, c’est tout un contrat.

L’entrevue en pédalo – ou sur un terrain de camping ou au mini-putt – a longtemps été un cliché de la télé d’été, un genre que ses concepteurs qualifient de léger, vitaminé, pétillant et désaltérant. Comme un jus d’orange bien frais. Avec un petit parasol en papier sur le rebord du verre.

Sauf que la télé estivale a bien changé depuis que Guy Jodoin a été vissé à la barre de Sucré salé en juin 2002. À l’époque, le comédien se sentait moins à l’aise dans les interviews et a mis de l’avant des éléments plus gadget comme des sketchs, des défis et le fameux segment « qu’est-ce qui se passe au Québec » !

Mélanie Maynard, comme son prédécesseur Patrice Bélanger, a renversé la tendance. Plus de confidences réelles, moins de bébelles. C’était la voie (ensoleillée) à emprunter.

Sur Noovo, Le fabuleux printemps de Marie-Lyne s’est éloigné des vieux codes du talk-show estival et les a réinventés de façon super originale. Chez Radio-Canada, le Bonsoir bonsoir ! de Jean-Philippe Wauthier, surprenant et amusant, a aussi pris ses distances avec la télé ringarde du début des années 2000.

Bref, on est ailleurs. Oubliez Garden Party. On ne bronze plus idiot comme au temps des immenses réflecteurs en aluminium et de l’huile pour bébés étendue sur le visage.

Dans les six premiers épisodes de Sucré salé que j’ai vus, Mélanie Maynard se débrouille fort bien. Elle est curieuse, baveuse, drôle et fait preuve d’une belle autodérision.

Dès le premier épisode, regardé par 678 000 curieux, l’animatrice a laissé ses collaborateurs (et sa fille Rosalie Bonenfant) la passer dans le tordeur. Très rigolo.

Certains collaborateurs de Mélanie Maynard
  • Varda Étienne

    PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

    Varda Étienne

  • Simon Boulerice

    PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

    Simon Boulerice

  • Francisco Randez

    PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

    Francisco Randez

  • Marthe Laverdière

    PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

    Marthe Laverdière

  • Émilie Fournier

    PHOTO ERIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

    Émilie Fournier

1/5
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Le troisième épisode a contenu un élément qui n’est pas du tout dans l’ADN de Sucré salé, mais qui a été réjouissant. Mélanie Maynard discutait avec Guy Jodoin à La Ronde – où d’autre ? – et elle devait transitionner vers la portion plogue de l’entrevue. Le hic ? L’animatrice n’avait pas le goût de parler de La magie des stars, on la comprend, et elle l’a verbalisé. Guy Jodoin a éclaté de rire. Patrice Bélanger également.

IMAGE TIRÉE DE L’ÉMISSION

Guy Jodoin est étendu au sol, riant, alors que Mélanie Maynard poursuit l’entrevue.

D’ailleurs, chapeau à Sucré salé d’avoir tendu la perche de JJ à Patrice Bélanger, qui a traversé chez le compétiteur Bell Média pour piloter Survivor Québec. Et avant de donner congé à Guy Jodoin et Patrice Bélanger, Mélanie Maynard a décoché cette réplique comique et acérée : « Guy, on te regarde dans La belle tournée. Patrice, on te regarde nulle part » ! Le ton n’était pas mesquin ni revanchard, juste joliment caustique.

Bien sûr, Sucré salé, comme beaucoup d’autres talk-shows compétiteurs, sert à ploguer des choses, et il y en a eu beaucoup dans la première semaine : le documentaire Imparfaite de Julie Bélanger sur la plateforme Vrai, la série Les perles du Club illico, les projets de Guy Jodoin à TVA, la série Les armes de Vincent-Guillaume Otis et Fabienne Larouche à TVA, de même que la nouvelle émission de l’humoriste P-A Méthot à TVA qui s’appellera Brasserie Chez P-A.

Tant qu’à explorer l’univers alcoolisé des tavernes, pourquoi ne pas rebaptiser cette production Brasserie Chez IPA ? De rien. Ça me fait plaisir.

L’idée du stagiaire Luka, qui interrompt les entrevues de Mélanie pour des niaiseries, ne fonctionne pas. Sa première apparition, dans l’épisode de Julie Bélanger, a créé un froid. Dans nos salons, on se demandait tous qui était cette personne étrange et ce qu’elle fabriquait dans le décor commandité par Jardin de ville.

Vendredi, Luka a perturbé plusieurs fois l’échange entre Mariana Mazza et Mélanie Maynard pour un résultat ni convaincant ni drôle.

Ce qui est bien avec une quotidienne comme Sucré salé, c’est qu’on peut se permettre de faire des essais, des erreurs, et de mieux s’enligner pour la suite.

On s’entend que cette nouvelle mouture de Sucré salé ne révolutionne pas le genre, et ce n’est pas ce qu’on lui demande. On veut être divertis, sans qu’on nous prenne pour des tatas. Là-dessus, c’est plutôt réussi.

Ce talk-show est comme un cornet de crème glacée. On en consomme beaucoup une fois l’été arrivé. Mais la saveur en bouche n’a pas à être uniquement celle de la vanille, prévisible et déjà goûtée mille fois. On peut y ajouter une twist de caramel salé ou même la tremper dans le chocolat noir.

Aux Chefs !, Colombe St-Pierre ajouterait sûrement à la glace un sirop de thé des bois ou un coulis de lichen.

Recette de base, goût amélioré !