Radio-Canada compte diffuser en décembre prochain une émission spéciale de 90 minutes consacrée au cinéma québécois, qui sera animée par la comédienne Karine Vanasse. Cette émission, produite par France Beaudoin, sera « conçue spécifiquement pour accentuer le lien affectif du public avec le cinéma d’ici, en faisant écho aussi bien aux films à l’affiche qu’à d’autres en production », précise Radio-Canada.

Une heure et demie d’images tournées en coulisses et sur des plateaux de tournage, afin de « témoigner de l’enthousiasme des artistes comme des gens pour le cinéma d’ici », c’est mieux que rien. Mais ce n’est pas le début du commencement de ce qui fera oublier au milieu du cinéma que Radio-Canada a abandonné la diffusion du Gala Québec Cinéma au moment même où la principale remise de prix de notre cinéma national s’apprêtait à célébrer son 25e anniversaire.

C’est l’équivalent de programmer une émission de 90 minutes sur le lien qui unit le public québécois à sa musique, à son humour ou à sa télévision… en lieu et place du Gala de l’ADISQ, du Gala Les Olivier ou du Gala des prix Gémeaux. Pas exactement quatre trente sous pour une piasse.

En octobre dernier, lorsque le diffuseur public a annoncé qu’il rompait ses liens avec le Gala Québec Cinéma, la directrice générale de la télévision de Radio-Canada, Dany Meloul, a déclaré en entrevue : « À travers le monde, les galas sont moins prisés par le public. La notion de regarder une remise de prix à la télévision ne marche plus. »

Contrairement à ce que Radio-Canada avait laissé entendre l’automne dernier, le diffuseur public n’entend plus « célébrer le cinéma dans le cadre de la populaire émission Bonsoir bonsoir ! » en accueillant quelques lauréats du Gala Québec Cinéma. Ce qui était ironique, dans la mesure où les cotes d’écoute du dernier Gala Québec Cinéma (quelque 500 000 téléspectateurs), jugées insuffisantes par Radio-Canada, sont supérieures à celles du talk-show animé par Jean-Philippe Wauthier.

Pourquoi Bonsoir bonsoir ! ne parlera pas du Gala Québec Cinéma ? Parce que la remise de prix n’aura vraisemblablement pas lieu avant l’automne. « Ça nous semble essentiel de célébrer une autre grande année pour le cinéma québécois et notre objectif est donc toujours d’organiser une remise de prix en 2023, dans une formule à confirmer, mais ça ne se fera pas ce printemps », me confirme Patrick Roy, président du conseil d’administration de Québec Cinéma.

Plus d’une cinquantaine de longs métrages documentaires et de fiction québécois ont pris l’affiche en 2022. De très bons films tels Falcon Lake de Charlotte Le Bon – qui sort en salle aux États-Unis ce vendredi –, Viking de Stéphane Lafleur ou encore Arsenault et Fils de Rafaël Ouellet. Les candidats dignes d’un prix Iris sont nombreux et de qualité, dans toutes les catégories, soulignait en décembre Sylvie Quenneville, qui a quitté la direction générale de Québec Cinéma le mois dernier.

Bizarrement, pour célébrer le cinéma québécois de 2022, il faudra attendre la fin de 2023… On croisera les doigts pour qu’un nouveau diffuseur saisisse la balle des prix Iris au bond. En février 1999, c’est TVA qui avait diffusé la première Soirée des Jutra, en direct du Théâtre St-Denis. « C’est un grand rêve que de voir cette soirée enfin se réaliser », m’avait confié quelques mois plus tôt son président de l’époque, Roger Frappier.

Ce rêve se poursuivra-t-il à la télévision ? Je ne retiendrais pas mon souffle si j’étais dans le milieu du cinéma. La culture ne semble pas avoir la cote – question d’écoute – chez nos diffuseurs ces temps-ci. TVA a abandonné le Gala Artis et aucun magazine culturel n’est destiné à remplacer Cette année-là, animé jusqu’à récemment par Marc Labrèche à Télé-Québec.

Pour assurer la diffusion d’un gala de cinéma à la télé, j’ai peut-être une solution. Il faudrait demander à Louis-José Houde de l’animer.