Il y a 16 ans, l’animatrice Rosie O’Donnell et la commentatrice conservatrice Elisabeth Hasselbeck, ancienne participante de Survivor, ont croisé le fer dans une joute oratoire sanglante qui a marqué l’histoire de la télé matinale américaine.

C’était en mai 2007, en direct, à l’émission The View sur ABC. Cet affrontement épique, que l’on trouve sur YouTube, dure une dizaine de minutes, toutes plus chargées les unes que les autres, avec un crescendo hyper dramatique. La conversation démarre à propos du président George W. Bush, glisse sur la guerre en Irak et plonge dans le très personnel.

Les producteurs de The View, qui refusaient d’aller à la pause publicitaire malgré les appels de détresse de la troisième coanimatrice Joy Behar, ont même divisé l’écran en deux pour bien camper les pugilistes, comme dans un débat des chefs. La brune contre la blonde. Sortez le popcorn, ça chauffe en studio.

Voyez l’extrait de The View (en anglais)

Exaspérée d’être « la grosse lesbienne bruyante » qui s’attaque à la « pure, innocente et chrétienne Elisabeth », Rosie O’Donnell a démissionné après la diffusion de cet épisode marquant, à un mois de l’expiration de son contrat avec The View.

À peu près au même moment, sur les ondes de TVA, les coanimatrices de Deux filles le matin, Julie Bélanger et Mélanie Maynard, se détestaient, mais en mode silencieux, de style passif-agressif.

À la télé, rien ne paraissait. Les téléspectateurs croyaient dur comme fer à leur complicité de meilleures amies qu’elles jouaient quotidiennement.

En coulisse, Julie Bélanger ne blairait plus Mélanie Maynard, et vice versa. La blonde contre la brune. « Je sentais qu’elle voulait prendre ma place et qu’elle était prête à tout pour y arriver », confie Julie Bélanger dans le troisième épisode (sur un total de huit) de sa série documentaire Imparfaite, offerte depuis mardi sur la plateforme Vrai de Vidéotron.

Mélanie Maynard la comique détruisait alors tout ce que Julie Bélanger la fille perfectionniste psychorigide construisait. Plus Mélanie prenait de la place, plus la tension grimpait et plus Julie s’enfonçait dans l’anxiété. « Ç’a été une des relations les plus difficiles de ma vie », note Julie Bélanger à propos de son boulot aux côtés de Mélanie Maynard à TVA.

À l’écran, Julie Bélanger maigrissait à vue d’œil. Ce conflit avec sa rivalamie, qui n’a pas été exposé publiquement à l’époque, la rongeait de l’intérieur, ce qui l’a menée à un épuisement professionnel. Au printemps 2008, Julie Bélanger rangeait sa tasse de café et n’a plus parlé à Mélanie Maynard pendant 14 ans.

C’est le tournage d’Imparfaite, une très bonne docusérie qui explore les failles humaines, qui a réuni les anciennes collègues. Mélanie s’y excuse de ne pas avoir eu la sensibilité de comprendre ce que Julie vivait.

Et au-delà du potinage, cette réconciliation a permis aux deux femmes de réaliser qu’elles ravivaient chez l’une et l’autre de vieilles blessures d’enfance. Mélanie se trouvait laide aux côtés de Julie la jolie blonde, tandis que Julie se sentait réduite au stéréotype de la belle fille trop « straight ». C’était comme un retour non désiré dans la cour d’école secondaire.

Dans ce même épisode de 30 minutes, Julie Bélanger visite un cercle du pardon assez particulier, qui flirte avec les accords toltèques. Cette docusérie est meilleure quand elle reste dans le concret et qu’elle ne verse pas dans l’ésotérique.

Par exemple, le premier épisode d’Imparfaite aborde la dépression au cours d’une entrevue avec l’animateur José Gaudet, qui a été terrassé par des crises de panique alors qu’il trônait au sommet des palmarès avec son camarade Mario Tessier des Grandes Gueules. Julie nous présente aussi son petit frère Michel, qui a vécu un gros épisode dépressif en 2015.

Vous lisez ces dernières phrases en pensant sûrement : wow, c’est joyeux et requinquant tout ça ! Malgré ses sujets difficiles, Imparfaite dégage douceur et lumière dans un cocon propice aux confidences, soit la vraie maison de Julie Bélanger.

Qui succédera au méchant Logan ?

Crave présente la grande finale de la brillante série Succession dimanche à 21 h et les spéculations sur son dénouement fourmillent. Va-t-on enfin connaître l’identité de celui ou de celle qui agrippera les manettes de l’empire médiatique Waystar construit par le monstrueux Logan Roy ?

C’est ce que les fans — extrêmement dévoués — de Succession attendent depuis le premier épisode, de la première saison, relayé en juin 2018. Cinq ans plus tard, les quatre enfants de Logan s’atomisent encore dans une guerre de pouvoir sans merci.

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Brian Cox dans le rôle de Logan Roy, dans la série Succession

Alors, on oublie Connor pour le poste de grand patron, il n’a jamais été dans le coup. Roman s’est effondré aux funérailles de son père, ce qui a fait diminuer sa crédibilité auprès des bonzes de Wall Street. Ça semble donc se jouer entre Kendall et Shiv. Kendall essaie de torpiller l’achat de l’entreprise familiale par le gourou techno Lukas Matsson, tandis que Shiv manigance pour obtenir exactement le contraire.

Les rumeurs veulent que cet épisode de 90 minutes se déroule en partie dans les Caraïbes, où la deuxième femme de Logan, Caroline (la mère de Kendall, Shiv et Roman), organiserait une sorte de retraite, comme Roman l’a mentionné dans l’épisode de dimanche.

Si Succession reste dans la ligne grinçante de Succession, personne ne triomphera. Logan Roy aura joué un dernier coup de cochon à sa progéniture, qui se sera disputé son amour pour absolument rien.

Imaginez la bombe si c’était le cousin Greg ou le valet de service Tom qui passait à la caisse. Ka-ching.