La téléréalité immobilière a perdu ses deux Christine chouchous dans la même semaine. C’est ce qu’on appelle un crash dans le royaume des appels en mains libres, des tailleurs en tweed et des offres d’achat sans inspection.

Vedette de la docuréalité Numéros 1 de la chaîne Casa, Christine Girouard, la reine de Repentigny, a été virée par RE/MAX après une enquête de La Presse ayant révélé que l’un des membres de son équipe faisait des offres bidon pour gonfler artificiellement le prix des propriétés de son catalogue.

Star de Selling Sunset (Du soleil à revendre) sur Netflix, l’agente amazone Christine Quinn, 34 ans, a été rayée des 11 nouveaux épisodes de la sixième saison de cette docuréalité pimpée, en ligne depuis vendredi. Deux Christine, deux départs pour un prix sous la valeur du marché.

Contrairement à la blonde Christine Quinn, la brune Christine Girouard, 30 ans, n’a pas été dépeinte comme la vilaine de service dans Numéros 1, dont la deuxième saison a été relayée ce printemps. Ces deux Christine ont cependant mis de l’avant l’image de la fameuse « girlboss » qui travaille tout le temps, qui ne mange pas et qui ne parle que d’argent.

Avec Mathieu Arsenault, le courtier à l’hélico et à la McLaren qui visite le barbier deux fois par semaine, Christine Girouard a été vissée au centre des histoires de Numéros 1.

Et Christine Girouard, une ancienne barmaid, a tout déballé pour la télé, sauf ses pratiques illégales, évidemment. Elle n’avale rien le matin, mis à part un litre d’eau et deux expressos. Elle boit dans une tasse sur laquelle est écrit « Christine a vendu », à la fois son slogan publicitaire et le nom de son site web, pourquoi se priver de promotion.

Sur l’étui de son cellulaire ? Son propre visage. « Mon rapport à la performance est malsain », confie-t-elle dans la première saison.

Courtière immobilière depuis 2013, Christine Girouard se vante d’être la « première dans Lanaudière pour sa bannière », « bannière » qui l’a cependant larguée mercredi. Dans tous les épisodes de Numéros 1, elle dégageait une confiance du tonnerre. Au volant de son VUS Mercedes blanc, elle sillonnait les rues de Repentigny en saluant ses pancartes. « Je me dis toujours bonjour », lance-t-elle dans le deuxième épisode.

Aussi, Christine Girouard portait un soin maniaque à son corps. « Notre char, nos vêtements, faut que tu aies l’air successful », remarque-t-elle à la caméra à propos de ses vestons faits sur mesure et de ses rendez-vous de cils, d’ongles et de cheveux toutes les deux semaines.

Est-ce un modèle rigide et super exigeant qu’impose la téléréalité ou est-ce que cette pression esthétique vient avec le métier de courtier immobilier ? S’agirait-il plutôt d’une combinaison néfaste de ces deux univers ?

Dans Selling Sunset, l’apparence des hommes et principalement celle des femmes éclipse largement leurs compétences. Les jumeaux Jason et Brett Oppenheim, les patrons de l’agence au cœur des intrigues, ont l’air de mini lutteurs botoxés et soufflés à la testostérone avec des dents trop blanches et trop imposantes pour leurs petites bouches.

Quant aux courtières de Selling Sunset, seigneur Jésus, elles ont toujours l’air plus grandes et plus minces que la saison d’avant. Et encore une fois, le docusoap de Netflix insiste sur le fait qu’une recrue, Bre Tiesi, rentre au boulot six semaines après son accouchement. Six. Petites. Semaines.

Christine Quinn, en brouille avec Los Angeles au complet, d’où son exclusion de Selling Sunset 6, avait renfilé ses escarpins vertigineux deux semaines après sa césarienne.

Le pire, c’est qu’on sait fort bien que ces représentations sont irréelles, tordues et malsaines, mais on enfourne quand même tous les épisodes de Selling Sunset, sans cligner des yeux. Je plaide coupable, ici, votre honneur.

Malgré ses défauts, Selling Sunset demeure de la porno immobilière rythmée par de la musique pop ensoleillée et jumelée à un défilé de marques de luxe. Vêtues en Balenciaga, Fendi ou Chanel, les courtières bling-bling de Selling Sunset quadrillent Hollywood dans des voitures qui valent le prix d’un condo affiché par Christine Girouard à Mascouche.

PHOTO JORDAN STRAUSS, ASSOCIATED PRESS

Christine Quinn

Les cuisines de chef, les îlots en marbre, les piscines à débordement, les vues spectaculaires sur le Pacifique, on prend un malin plaisir à deviner le prix de ces résidences cossues perchées à flanc de colline. Combien de salles de bain ? Combien de pieds carrés ? C’est à Malibu ? Hum. Ça vaut au moins 8 millions.

Bien sûr, l’aspect telenovela cimente notre dépendance à Selling Sunset. Et la recette (gagnante) du soap immobilier ne change pas. Une courtière organise une visite libre dans une cabane à 25 millions. Il y a toujours un thème bizarre à la soirée, genre Botox et Burger.

Les filles y débarquent dans des microrobes très chères et des mégatalons hauts griffés. Le champagne – jamais de la piquette – remplit les coupelles.

Puis, la méchante de service se pointe en dernier, au ralenti, sur une musique hyper intense.

Les langues se délient, les insultes fusent, les larmes coulent et les protagonistes, toujours impeccablement coiffées, décortiqueront cette altercation pendant les trois prochains épisodes.

Jusqu’à ce que Chrishell/Chelsea se colletaille avec Nicole/Bre, peu importe, et que la musique dramatique reparte et que la pas fine revienne, au ralenti, avec des couteaux dans les yeux et des ongles parfaits, duh.