Il s’opère (enfin) un changement de garde dans l’univers du gag, et le Gala Les Olivier de dimanche soir a couronné plusieurs vedettes de cette nouvelle vague de comiques modernes et allumés, qui s’exécutent autant sur la scène, à la télé, sur le web, à la radio qu’en baladodiffusion.

Le brillant Pierre-Yves Roy-Desmarais, champion toutes catégories, la drolatique Rosalie Vaillancourt de la délicieuse comédie Complètement lycée, le multitalentueux Arnaud Soly du Club Soly ou l’efficace Matthieu Pepper d’Entre deux draps, ces jeunes changent le visage de l’humour québécois avec leur créativité, leurs idées décalées et leur talent débridé.

On a senti, pendant cette 24e fête des Olivier, que la transition entre l’ancienne garde et la plus récente avait été complétée. D’ailleurs, le très réussi numéro de Pat et Mat, deux humoristes des années 1990 incarnés par Virginie Fortin et Arnaud Soly, illustrait parfaitement le long chemin parcouru depuis la mode des pantalons de cuir et des micros de type Tim Hortons dans les spectacles de Juste pour rire.

À la barre de ce gala toujours compliqué et souvent raté, Katherine Levac, 33 ans, obtient une grosse étoile dorée dans son cahier.

Bien écrit et livré avec aplomb, son numéro d’ouverture a été rigolo, féministe et incisif, sans sombrer dans la méchanceté gratuite ou le wokisme primaire, bravo. La maîtresse de cérémonie a piqué son milieu, parfois toxique, qui a longtemps boudé les femmes.

Elle a aussi jasé de sa grossesse, de ses seins pendants post-accouchement (deux beaux petits sachets de thé bien vidés), de ses jumeaux et de sa blonde cinéaste Chloé Robichaud, tout naturellement, comme l’aurait fait un de ses collègues masculins.

Sa blague sur les nombreuses cases de la diversité qu’elle coche a été savoureuse. « Radio-Canada m’adore, a-t-elle commencé. Je suis une femme, issue de la francophonie canadienne, communauté LGBTQ+. T’imagines si j’étais encore grosse, ils capoteraient », a lancé Katherine Levac devant une salle Pierre-Mercure enthousiaste et réactive. Ce qui changeait des cérémonies d’avant, remplies de faces d’enterrement.

Vraiment, ce gala d’une durée de 2 h 10 min a supplanté celui de 2022, qui a été d’une platitude sans nom. Un autre temps fort a été celui où Sam Breton et Katherine Levac ont présenté la découverte de l’année avec les familles des finalistes dans ce qui s’annonçait comme un segment guimauvé. Le ton est passé du miel au venin et ce fut juste assez méchant et grinçant.

Bien aimé aussi Marie-Lyne Joncas et Maude Landry qui se picossaient à propos du retour des Grandes Crues. Et pour une fois, la présence des deux ministres (Pablo Rodriguez et Mathieu Lacombe) a été greffée au gala de façon drôle et habile.

Dans les moments plus mous, il y a eu l’échange raboteux entre Kim Thúy et Guillaume Pineault, de même que la séquence des gardiennes d’enfants de Katherine Levac, qui a été répétitive et moins punchée que prévu.

Également, l’hommage à Jean Lapointe a eu l’air garroché et l’énergie survoltée de Mathieu Dufour se cognait beaucoup trop au flegme légendaire de Carole (Silvi Tourigny).

Chose certaine, si jamais le Gala Les Olivier part rejoindre celui du cinéma dans les catacombes de Radio-Canada, ce ne sera pas de la faute à Katherine Levac.

Pangée explose !

Toujours la demoiselle d’honneur, jamais la mariée. Voilà qui encapsule bien le parcours cahoteux, mais impressionnant, de Korine Côté à Big Brother Célébrités.

L’humoriste de 42 ans a été exclue de l’After-Party (elle se couche tôt !), a été trahie par les Équeuteuses puis a été sacrifiée dimanche sur l’autel de popokatci dans le dernier épisode de la téléréalité de Noovo.

Malgré le surf à -30 degrés, les nuits à crier près des toilettes et les coups bas de ses alliés, Korine Côté n’a jamais abandonné et, surtout, elle a gagné des challenges cruciaux. Sa remontée a été fulgurante.

L’hyper stratégique Coco Belliveau a senti que le jury aurait salué la ténacité, la transparence et le jeu propre de Korine Côté. Coco a donc orchestré le départ de sa principale rivale avec la complicité de Mona de Grenoble et de Liliane Blanco-Binette, qui la suivent comme des petits chiens de poche. Ça commence à devenir gênant pour Mona et Liliane, sérieux.

Ont-elles pendu leur dignité dans une armoire, dont elles ont égaré la clé ? Ont-elles rangé leur autonomie dans un tiroir, avec plein de choses à oublier ?

Encore une fois, Coco Belliveau, qui tire toutes les ficelles, a obtenu ce qu’elle désirait, ce qui démontre son immense pouvoir de persuasion dans la maison. Et heureusement que Coco protège Jemmy Échaquan-Dubé, car cette dernière, qui n’a même pas fait campagne pour se sauver de l’élimination (elle magasinait du linge !), aurait été évincée il y a plusieurs semaines de cela.

Ce dernier épisode de Big Brother Célébrités, le moins palpitant de l’hiver, dégageait un fort parfum de remplissage. Quand le moment le plus croustillant de la soirée consiste à négocier du temps de sablier pour visionner une vidéo de famille, c’est signe que les intrigues ne volent pas plus haut que la balloune de Mona dans l’épreuve de la semaine passée.

Encore pire, la production a repoussé à lundi le dévoilement de la gagnante du challenge le plus important de cette édition. Je me suis senti exactement comme Mona et Coco quand Jemmy chantait et jacassait dans le noir : courroucé et très agacé.