Après la brillante série M’entends-tu ?, Télé-Québec sort une autre perle de son coffre, soit L’air d’aller, une comédie dramatique qui suit quatre jeunes adultes souffrant de fibrose kystique.

Wow, c’est jojo, tout ça ! Quatre malades, dont une qui meurt à la fin du premier épisode, c’est le remède idéal pour adoucir la dureté de la télé québécoise actuelle, ironisez-vous en sirotant votre latté au lait d’amandes. Pfft.

Rangez ce cynisme décapant, lecteurs et lectrices de peu de foi. Malgré son sujet lourd, L’air d’aller déborde d’humour, de tendresse et de vérité. C’est loin d’être triste comme Les bracelets rouges à TVA, mettons. C’est touchant, sans être gnangnan, c’est poignant, sans être inutilement larmoyant, et c’est très drôle, si, si.

Télé-Québec a déjà déposé lundi l’excellent premier épisode sur son site web. À la télé traditionnelle, L’air d’aller jouera les jeudis à 21 h à partir du 23 mars.

Avant de plonger dans l’intrigue, quelques mots sur l’auteur de L’air d’aller, Jean-Christophe Réhel, poète et romancier de 33 ans, qui a publié le très beau livre semi-autobiographique Ce qu’on respire sur Tatouine, en 2018.

Ses textes renferment beaucoup de sensibilité, d’autodérision et de références à la culture populaire comme Le seigneur des anneaux, Le magicien d’Oz ou Harry Potter. « Hermione est une conne », se plaindra même un des personnages principaux.

Jean-Christophe Réhel, un scénariste à mettre sur votre radar, vit également avec la fibrose kystique. Ses poumons fonctionnent à 50 % de la capacité de ceux d’une personne en santé. Il a injecté plusieurs parcelles de sa propre vie dans les quatre protagonistes de L’air d’aller, qui forment un quatuor hyper attachant et conscient de l’épée de Damoclès qui les menace tous.

Katrine (Catherine St-Laurent), excentrique et extravertie, attend une greffe de poumons. Si elle ne les reçoit pas d’ici cinq mois, elle mourra. Poussée par une fulgurante urgence de respirer, Katrine entraînera ses camarades dans un paquet de folies et de niaiseries.

« Je veux vivre, je veux profiter de chaque estie de seconde », plaidera Katrine, qui refuse qu’on la prenne en pitié.

Ça commence par un trip de champignons magiques – bonjour STAT – au premier épisode, qu’organise le tatoueur impulsif Gabriel (Antoine Olivier Pilon), qui n’a pratiquement pas de symptômes de sa maladie pulmonaire.

Le timide Jimmy (Joakim Robillard), lui, crache du sang et se range dans la catégorie des hypocondriaques. Il déteste son travail au bar laitier Le Cornet polaire. La dévouée Cindy (Noémie Leduc-Vaudry) vit une situation familiale compliquée, notamment avec son papa cancéreux (Vincent Graton). Côté cœur, c’est le désert. Mais jamais Cindy n’abandonne, autant avec les gars qu’avec les filles.

Dans le troisième épisode, le quatuor se rend au Vermont pour acheter un médicament illégal qui prolongerait la vie de Katrine. Ce roadtrip se métamorphose en une expérience plurisensorielle qui implique des jouets sexuels, une robe de funérailles et la rencontre de CocoChanel69. Quant à la riche trame sonore, elle oscille entre Where Is My Mind des Pixies, du death metal de Shades of Dusk et Les temps sont fous de Daniel Bélanger.

Chaque épisode de L’air d’aller renferme aussi un court segment dansé, qui représente la reprise de possession, par les quatre héros, de leur corps qui les lâche doucement. Ça a l’air bizarre sur papier, mais ces scènes poétiques s’imbriquent habilement dans cette histoire d’émancipation, le bon vieux « coming of age ».

L’air d’aller illustre avec justesse comment la fibrose kystique a freiné les ambitions personnelles et le parcours amoureux de nos quatre amis. Ces adulescents ont de 25 à 30 ans et vivent pour la plupart chez leurs parents. La maladie, toujours incurable, a fait bifurquer leur ligne de vie.

En plus du quatuor central, L’air d’aller réunit des acteurs doués comme Anick Lemay, Marc Béland, Sylvie Moreau, Denis Bernard et Iannicko N’Doua.

Potin plateau, en terminant. Un comédien ne peut pas tousser sur commande et de façon réaliste, comme il pleure ou il rit. La réalisatrice Sarah Pellerin a donc enregistré de vraies toux grasses et des respirations qui crépitent de gens malades pour les rajouter au montage sonore et ainsi créer l’illusion parfaite.

Vraiment, L’air d’aller insuffle du beau et du bon dans notre télé.

Soleil, soleil !

Est-ce l’effet du changement d’heure et du soleil qui s’est couché plus tard ? Les cotes d’écoute dominicales, toujours hautes en hiver, ont baissé à l’approche du printemps.

Chose certaine, ce n’est pas la cérémonie des Oscars, regardée en moyenne par 343 000 personnes, entre 20 h et minuit sur CTV, qui a chamboulé l’écosystème.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Nathalie Simard, dans Sortez-moi d’ici !

TVA conserve la position de tête avec Sortez-moi d’ici !, qui a réuni 1 342 000 fans devant leur poste. La voix a moins bien performé avec ses 1 206 000 curieux. Il faut dire que l’étape des chants de bataille est la moins palpitante du concours. Les directs de dimanche devraient remonter les chiffres du télé-crochet de TVA.

À Radio-Canada, 776 000 fidèles ont communié à la messe de Tout le monde en parle tandis que 571 000 adeptes ont prié pour que le raton-voleur ne revienne pas à Big Brother Célébrités.