Éric Bruneau et Sylvie Léonard ont eu de magnifiques échanges lors de la touchante finale de la série Virage – Double faute, que Noovo a relayée mardi soir.

Pour les retardataires au match, l’alerte au divulgâcheur se fait entendre ici comme le juge de ligne qui crie « out » après un coup droit canon. C’est bon ? Premier service, alors.

Sylvie Léonard a été épatante dans le rôle de Françoise Lavoie, une mère intransigeante qui a vécu, de façon bien malsaine, son rêve de championne de tennis en poussant son fils Charles Rivard (Éric Bruneau) dans les pires zones du court.

Au début de la minisérie, les retours dans le passé montraient une Françoise exigeante et impitoyable, jamais satisfaite, qui refilait même des cachets à son fils préadolescent pour calmer sa douleur et son anxiété, bonjour la future dépendance aux médicaments d’ordonnance.

Charles Rivard a ainsi été entraîné à échouer. Il a déçu sa maman pendant tout son parcours professionnel et personnel, incapable de s’élever aux standards que Françoise Lavoie, elle-même une ex-athlète, n’a jamais atteints. C’était tordu pas à peu près comme relation mère-fils.

La dynamique de pouvoir a basculé après la tentative de suicide de Charles, une scène chavirante portée par un Éric Bruneau en grande forme. De retour à la maison familiale, entouré par ses trophées de jeunesse, Charles est devenu l’aidant naturel de sa mère souffrant d’alzheimer précoce. L’enfant a pris le rôle de parent du parent.

Et pendant que Charles remontait, Françoise dépérissait. Il aura fallu un autre drame (la maladie de la maman) pour que ces deux têtes fortes établissent des rapports plus sains.

Les moments où Charles brossait les cheveux de sa mère, écrasait ses comprimés dans la compote et où il répétait des exercices de mémoire avec elle ont été poignants. Comme Benoît McGinnis dans Une autre histoire, Sylvie Léonard a joué l’absence avec une vérité saisissante. Lucide un instant, partie la seconde d’après, elle a autorisé son fils à se libérer de son emprise et à ne plus vivre en fonction d’elle. Enfin, après toutes ces années. C’était beau et bien amené.

Puis, à la toute fin, alors que Françoise vivait en résidence, Charles a réécrit des passages de son triomphe aux Internationaux de tennis des États-Unis pour y inclure sa mère, qui n’y était pourtant pas, et lui offrir son rêve ultime. Impossible de ne pas pleurer.

Virage – Double faute, vu par 440 000 fans les mardis soir, a bien équilibré les séquences de sport et celles campées au cœur de la famille Rivard. Tout le clan a coulé avec l’obsession maladive de Françoise pour la carrière de Charles, qui a décollé sur le tard et coûté cher en argent et en sacrifices.

Le parcours du frère aîné Hubert (Karl Farah), le mouton noir des Rivard, l’a bien illustré. Bon deuxième dans le cœur de sa mère, mais ambitieux comme pas deux, il a tenté de gagner son propre grand chelem, avant de merder dans l’acquisition d’une entreprise ontarienne de transport et de sombrer dans l’enfer des loteries vidéo.

PHOTO FOURNIE PAR NOOVO

Éric Bruneau et Louis Morissette

Heureusement, le saut dans le temps de dix mois du huitième et dernier épisode nous a permis d’assister à la rédemption d’Hubert, probablement le protagoniste le plus combatif de la série.

La boucle a également été bouclée pour Charles et son ex-entraîneur Sylvain (Louis Morissette), qui ont eu leur dose de tension. Incapable de décrocher du mode de vie nomade du tennis, Sylvain s’est accroché à l’étoile montante Clara Jean-Baptiste (Audrey Roger), tandis que Charles a rouvert l’Académie de Françoise, où il s’est projeté dans l’avenir sportif de sa propre fille. Drapeau rouge !

Un troisième chapitre de Virage se développe actuellement, mais ne suivra pas l’ascension de Léa Rivard, la fille de Charles, sur le circuit de la WTA. Louis Morissette et Éric Bruneau souhaitent explorer le monde du hockey professionnel. Ils ne joueront toutefois pas dans Virage 3, si Bell Média lui donne le feu vert.

Tous les épisodes de Virage – Double faute se regardent (gratuitement) sur le site de Noovo.ca ou sur la plateforme (payante) Crave.

Harvey’s ou Patates frites et compagnie ?

L’intrigue principale d’Indéfendable, où un fou furieux a massacré des employés du resto Patates frites et compagnie, a rappelé à de nombreux téléspectateurs la tuerie du Harvey’s du quartier Côte-des-Neiges, qui s’est déroulée dans la nuit du 28 octobre 1996. Et il ne s’agit pas d’une coïncidence.

Dans Indéfendable, le psychopathe Tachi Jimenez (Gabriel Infante), un employé congédié du Patates frites et compagnie, a tranché la gorge de trois employés du casse-croûte avant d’être arrêté.

Dans la vraie histoire du Harvey’s, Sy Tuan Tran, un ancien employé du resto de bouffe-minute, avait égorgé deux employés et laissé une troisième victime de 19 ans pour morte, attaquée à coups de machette.

À l’époque, le criminaliste Richard Dubé, qui a créé Indéfendable avec sa conjointe Izabel Chevrier, avait refusé de défendre Sy Tuan Tran, jugeant qu’il n’y avait rien à faire pour l’accusé, qu’il était cuit.

C’est exactement la position qu’exprime l’avocate Inès Saïd (Nour Belkhiria) dans la quotidienne de TVA : le tueur du Patates frites et compagnie s’avère indéfendable.

Condamné à la prison à vie, Sy Tuan Tran s’est pendu dans sa cellule du pénitencier de Port-Cartier le 29 octobre 2004, huit ans après le carnage. Arrivera-t-il la même chose à Tachi Jimenez ?