Bien non, voyons. Il n’y a pas de questions idiotes dans cette chronique, contrairement à ce que prétend Daniel Bélanger dans la magnifique chanson Rêver mieux.

Par contre, mes réponses à vos questions, je vous l’accorde, ne volent pas toujours très haut, c’est assurément un cas de vertige refoulé. Essayons de relever le niveau dans cette nouvelle édition du courrier de la télécommande, qui a été bricolé à partir de vrais messages de lecteurs ayant de véritables interrogations sur le merveilleux monde de la télé.

Commençons avec Sylvain A., qui se demande pourquoi les corps policiers ne portent jamais leur nom réel dans les téléséries québécoises. Du genre la Sécurité du Québec au lieu de la Sûreté du Québec ?

Voici la réponse. Comme une équipe de hockey, la Sûreté du Québec est une marque déposée, avec des droits d’exploitation sur son logo, son nom, son uniforme, alouette. Pour l’utiliser à l’écran, il faut signer un contrat détaillé avec le corps de police provincial, ce qui n’est pas donné, me dit-on.

La télésérie Three Pines de Prime Video a récemment parlementé avec la SQ, et payé une grosse somme, pour que l’inspecteur Armand Gamache (Alfred Molina) travaille pour la vraie Sûreté du Québec et non la Sécurité du Québec.

Pour éviter ces négociations qui ralentissent le rythme de création, les scénaristes et producteurs préfèrent modifier les noms et les logos des corps policiers pour manœuvrer en toute liberté, sans devoir se rapporter à un haut gradé.

Passons à Marie-France R., qui a remarqué que les fenêtres des portières d’auto « sont quasiment toujours ouvertes, été comme hiver, dans les téléromans ». Les personnages manqueraient-ils d’air frais ou quoi ?

Selon le réalisateur de 5e Rang, Christian Laurence, une vitre montée produit des reflets à l’écran et diminue la luminosité dans la voiture. Voilà pourquoi nos protagonistes roulent toujours toutes fenêtres baissées.

Raymond V. et ses amis n’ont pas compris les cinq premières minutes de la minisérie La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé du Club illico : « Mais qui est déposé à demi nu sous un drapeau qui brûle ? Qui est la femme à la fenêtre qui est menacée par l’auteur du rapt ? »

Cette scène sert à illustrer l’homophobie latente qui règne à Val-des-Chutes et la dame, comme bien des habitants de la municipalité, en est un témoin silencieux. De mémoire, c’est à la victime de cette agression sauvage que s’excuse, de force, l’enfant de Julien (Patrick Hivon).

Louise C. grince des dents et serre les poings quand elle entend un personnage parler d’« empruntes digitales » dans sa série favorite. « Pouvez-vous informer la planète radio-télé que les mots “empreinte” et “emprunte” ne sont pas interchangeables ? », implore-t-elle.

Dossier réglé, Mme Louise. C’est un emprunt au dictionnaire qui laissera assurément une belle empreinte dans la psyché collective, on l’espère.

Amatrice de téléréalités, Marie L. veut savoir « pourquoi la production de Big Brother Célébrités floute-t-elle les cigarettes des participants qui fument sur la terrasse » ?

Noovo n’a pas voulu répondre à cette question. En fiction, c’est permis de griller une clope. En documentaire aussi. Mais dans une téléréalité ? Il règne encore un flou, un nuage épais, diront les plus allumés.

La Loi concernant la lutte contre le tabagisme interdit toute publicité indirecte d’un produit du tabac. Donc, pour éviter des ennuis potentiels avec les instances gouvernementales, Noovo va au-devant des coups en pixellisant les cigarettes de Mona de Grenoble et de LeLouis Courchesne.

Accro à Doute raisonnable, Sylvie B. se questionne : « C’est quoi, le tube dans lequel les policiers du GICCS mettent leurs armes avant de sortir sur une intervention qui pourrait nécessiter l’usage de celle-ci ? »

Ce bidule s’appelle un puits de déchargement balistique. Il est conçu pour absorber le plomb si jamais une balle partait de façon accidentelle pendant que le flic charge ou décharge son pistolet.

Maintenant, petite leçon animalière, gracieuseté d’Émilie C., qui a bien rigolé quand un grizzly est apparu au quatrième épisode de la minisérie Three Pines. « Il n’y a pas de grizzly en Estrie, il faudrait le rappeler au réalisateur », glisse-t-elle. Merci à notre Dre Kfoury de salon !

Comme plusieurs de ses camarades télévores, Mireille H. dénonce l’abus de textos qui s’affichent à l’écran dans les séries d’ici. « On ne voit pas ce qui est écrit et la personne qui reçoit le texto ne le lit pas à voix haute. Je fais du bénévolat auprès de personnes âgées et elles décrochent de l’émission. Les téléséries ne sont pas majoritairement suivies par des jeunes à l’œil de lynx », remarque-t-elle.

Bonne nouvelle, Mireille. Côté message texte, la tendance du moment penche vers le maxi, le surdimensionné et les grosses lettres, comme on a pu le voir dans l’excellente série Avant le crash, à Radio-Canada. Plus besoin de loupe ou d’un écran géant !

Pour conclure, Francine J. s’inquiète de ma santé mentale à quelques semaines du grand départ du meilleur pire téléroman québécois. « Vous qui ne pensez pas survivre à la fin de L’échappée, ma solution est que vous alliez consulter, car vous avez un sérieux problème », constate-t-elle.

Entre le grand renversement d’Anatole (Martin Drainville), le plan de repli de Keven (Thomas Boonen) et mon obsession pour le Saint-Coq et le Bar Bébé-Q, qui a le plus besoin de s’asseoir avec la psychiatre Leila Khouzam (Nathalie Doummar), hein ?