Fini le tapis roulant, fini la chanson thème en ver d’oreille et fini le minizoo en studio : Julie Snyder accroche son micro de La semaine des 4 Julie et son talk-show quotidien s’éteindra pour de bon le 6 avril après quatre saisons sur les ondes de Noovo.

La productrice et animatrice l’a annoncé à son équipe, puis à son public, mercredi soir. « Ça s’inscrit dans ma décision de me concentrer sur de nouveaux projets. Je me réjouis pour Mélanie Maynard et Marie-Lyne Joncas, mais à ce jour, je suis la seule femme à produire et à animer un talk-show quotidien. C’est un marathon et un sprint qu’il faut courir en même temps », me confie la productrice et animatrice.

En entrevue, Julie Snyder ne se dit ni lessivée ni blasée par son métier. Elle ne joue pas non plus la proverbiale carte des « raisons familiales » pour expliquer la fin de son émission. La présidente de Productions J souhaite simplement reprendre son souffle après quatre années de tourbillon intense.

Je vois les spectacles de mes invités, je lis leurs livres, je regarde leurs films ou leurs émissions, je veux bien faire mon travail pour bien mettre en lumière les artistes. Et ça demande beaucoup d’énergie et de temps. Le show s’appelle les 4 Julie, mais il n’y en a qu’une seule, une Julie.

Julie Snyder

L’animatrice n’abandonne pas un navire télévisuel qui coule, insiste-t-elle. « L’équipe est rodée, tout le monde a du fun, les recherchistes sont au top, c’est probablement notre saison la plus facile », dit Julie Snyder.

Déjà, la démone planche sur un projet télé ultra-secret qu’elle chaufferait pour Noovo, projet dont elle refuse de parler. « J’ai envie de faire des choses qui n’ont jamais été faites, j’ai envie de générer de la nouveauté et de soutenir les équipes d’Occupation double, de Survivor Québec, de Complètement lycée et du Fabuleux printemps de Marie-Lyne », énumère-t-elle.

Au total, Julie Snyder aura piloté 363 épisodes d’une heure de La semaine des 4 Julie à Noovo. L’enfer c’est nous autres avait duré quatre ans à Radio-Canada, tandis que Le poing J avait occupé l’antenne de TVA entre 1997 et 2000, avant que sa conceptrice ne s’envole pour la France. Son baiser à Michel Drucker à l’émission Tapis rouge, en juin 1999, l’avait alors mise sur l’écran radar de plusieurs producteurs européens.

« On m’avait offert à l’époque d’être la folle du roi de Thierry Ardisson à Tout le monde en parle. J’avais aussi reçu des offres de la chaîne M6. J’ai vraiment beaucoup aimé travailler en France », se souvient Julie Snyder, qui a finalement atterri sur France 2 avec Vendredi, c’est Julie.

Il régnait parfois une ambiance de tombola mexicaine sur le plateau de La semaine des 4 Julie avec la grande roue humaine, un alligator en liberté, une piscine des Tannants ou une piste de ski alpin avec télésiège en studio. Julie Snyder assume entièrement l’éclectisme de son émission, où elle a accueilli autant les créateurs de Matières fécales et l’ex-DG du Canadien Marc Bergevin que le groupe Simple Plan.

« Je suis fière d’avoir offert autre chose et d’avoir travaillé dans la liberté. Oui, on recevait des invités qu’on avait vus ailleurs, mais on proposait toujours quelque chose de différent. Quand Denis Villeneuve est venu, on a créé un gros décor à la Dune. On a aussi eu des loups », énumère Julie Snyder, qui a également interviewé Ellen DeGeneres, Jodie Foster et Enrique Iglesias dans le cadre de son talk-show.

C’est sur les sofas de La semaine des 4 Julie que la carrière de plusieurs chroniqueurs a décollée, dont Rosalie Vaillancourt, Arnaud Soly, Marie-Lyne Joncas et Mathieu Dufour, qui a débuté chez Productions J comme assistant de production sur Occupation double Grèce, à l’automne 2018.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

De nombreux artistes et personnalités ont été de passage à l'émission de Julie Snyder.

Les populaires segments « cuisine pour paresseuse », conçus pour empêcher la mise à pied d’employés en pleine pandémie, ont débouché sur des moments surréalistes avec l’animateur Antoni Porowski, de Queer Eye, l’écrivain Dany Laferrière, le chanteur Julien Clerc et même Kim Thúy.

Qu’on aime ou non son style éclaté, on ne s’ennuie jamais en regardant Julie Snyder. Oui, elle l’échappe parfois en direct, mais elle l’assume, se replace et fonce. Julie Snyder ne fabrique pas de la télé plate. C’est une travaillante.

L’an dernier, l’animatrice de 55 ans a déposé sa statue de cire devant le manoir du « magnat » James Awad, alias l’organisateur de l’infâme vol Sunwing. Au retour des Fêtes, elle a mené une manifestation pour défendre l’honneur de Céline Dion devant les bureaux new-yorkais du magazine Rolling Stone.

Et en pleine guerre des réseaux, Julie Snyder a consacré de longs segments aux têtes d’affiche du service de l’information de Radio-Canada, soit Anne-Marie Dussault, Patrice Roy et Céline Galipeau. On ne verrait pas ce type de manœuvre sur une autre chaîne, mettons.

La rumeur veut que Noovo dépose de nouvelles séries de fiction dans sa case hebdomadaire de 21 h à l’automne. D’ici là, Julie Snyder apparaîtra dans la deuxième saison de sa téléréalité Le Jour J, que relaiera Canal Vie au printemps.

« Dans Le Jour J, je suis la Kim Kardashian des pauvres », rigole Julie Snyder.

Son banquier serait-il d’accord avec cette affirmation ?