Sérieusement, comment ne pas aimer Gildor Roy ? Je veux dire, cet artiste polyvalent de 62 ans a campé le bon commandant Daniel Chiasson dans District 31, il a incarné le gentil garagiste Germain Langlois dans km/h et il chante Donne-moi un bec.

On veut Gildor Roy comme père, comme grand-père, comme ami et comme décapsuleur de « tite frette » autour d’un feu de camp. Demande spéciale à la guitare : Une autre chambre d’hôtel ou Tu m’montes s’a tête, s’il vous plaît.

Depuis trois semaines, Gildor Roy occupe l’ancien loft (rénové) de Patrick Huard à La tour de TVA. Il y a même installé sa table de billard. Et comment l’acteur-animateur-musicien s’en sort-il à la barre de ce talk-show quotidien ? Super bien. Personne ne citera ici les propres paroles de Gildor pour qu’il prenne ses cliques et ses claques et qu’il débarrasse, au contraire.

La transition entre Patrick Huard et Gildor Roy n’a pas été brutale. Les deux hommes possèdent la même chaleur, la même curiosité et la même bienveillance envers leurs invités.

Ce sentiment de confort sur le plateau facilite les confidences, que Gildor Roy recueille avec une belle écoute, sans tomber dans un excès larmoyant de compassion.

La semaine dernière, Laurence Jalbert, accompagnée de sa grande amie Marie-Lise Pilote, a parlé de son trouble de l’opposition, de son TDAH, de son anxiété, de sa claustrophobie et de ses premières années de carrière, à 15 ans, où elle se battait (physiquement) dans les bars. Après son accouchement, l’auteure-compositrice-interprète a pris le plus long corridor, c’est le cas de le dire, et a eu recours à l’aide sociale pour boucler ses fins de mois.

Toutes ces infos ont circulé dans le condo de Gildor sans plomber l’atmosphère. C’est là que l’expérience de l’animateur le sert le mieux. Il relance ses convives, mais sait quand arrêter de creuser. La tour est probablement l’émission québécoise d’entrevues où il y a le moins de malaises — et de plogues —, sans toutefois que son contenu ne devienne gnangnan.

Avec Laurence Jalbert, Marie-Lise Pilote a abordé le deuil qu’elle a fait de son métier d’humoriste (elle nous a refait l’imitation de la Méchante, merci). Bruno Pelletier et Olivier Dion ont parlé de la beauté et de comment ils ont dû gérer cet aspect de leur métier. Dans ce même épisode, le sympathique Bruno Pelletier a évoqué ses troubles anxieux et des colères qu’il a appris à maîtriser.

Gildor Roy a aussi mis le doigt sur un malaise collectif à propos de la chanson d’amour Je serai là pour toi que Marilou chantait, à 13 ans, avec le baryton Gino Quilico. « Je trouvais ça weird », a confié Gildor. Marilou a concédé que c’était effectivement bizarre qu’une préadolescente entonne des affaires « hyper sexualisées ». « Ça me fait du bien que tu me le dises, j’étais pas folle », a répliqué Marilou, qui fête les 10 ans de son entreprise 3 fois par jour.

Évidemment, quand on voit Gildor Roy livrer des monologues éclairs dans le corridor de son édifice, en s’adressant directement à la caméra, on pense immédiatement à Patrick Huard, qui a perfectionné cette formule. Si Patrick Huard pouvait se montrer plus incisif, notamment sur les sujets politiques, Gildor Roy compense par du gros bon sens et de l’humour.

Reste que le style et le ton des deux animateurs se ressemblent et ne creusent pas de fossé entre les deux versions de La tour.

Un point important à repenser dans l’émission est le rôle que jouent les deux voisins, Hélène Bourgeois Leclerc et Alexandre Barrette. Un nouvel ajout qui donne des résultats très variables. Quand les voisins s’installent au salon avec Gildor, ça passe mieux, même si leur présence casse parfois le rythme des interviews. Quand les voisins se prêtent à des sketchs dans leurs appartements respectifs, c’est moins heureux.

Honnêtement, je préfère Alexandre Barrette en fou du roi à Tout le monde en parle, où il a plus de temps de glace pour exprimer son talent.

Parlant de Tout le monde en parle, l’épisode de dimanche, avec l’éloquente et brillante écrivaine Caroline Dawson, a été regardé par 976 000 curieux. J’aime bien quand Guy A. Lepage conclut son émission avec un quiz, comme celui bricolé en l’honneur de Marina Orsini. Gildor Roy en a proposé un similaire avec Farah Alibay à La tour de jeudi dernier.

Chanteurs masqués de TVA demeure l’émission la plus populaire du dimanche avec ses 1 512 000 adeptes, loin devant Occupation double et ses 489 000 fans.

Année après année, Révolution (1 137 000) demeure une compétition inspirante, grisante et divertissante. Mais quand un épisode commence, comme celui de dimanche, avec d’anciens champions d’une autre compétition (Denys de So You Think You Can Dance Canada), ça refroidit mes élans. Même chose quand Révolution ramène des candidats des saisons précédentes. On se sent comme à Star Académie quand les producteurs repêchent tous les concurrents de toutes les éditions passées de Mixmania. Notre amour descend alors sous le point zéro.