Évidemment qu’on l’aime notre télé québécoise, allô. On l’adore, on la dévore, on la suranalyse, on la décortique, on la passe aux rayons X et on la fait vivre dans nos textos et conversations Messenger.

Mais parfois, comme Mégane et ses selles à 6500 $ à Occupation double, notre bonne télé québécoise nous gosse. Oui, oui. Et elle nous irrite pour des éléments banals qui, en s’accumulant, finissent par pincer le gros nerf.

Voici donc une liste non exhaustive – et évolutive – de trucs, de détails qui nous font soupirer, sacrer ou décrocher de notre série préférée.

Premier accusé sur le banc : le dédoublement des comédiens dans des séries concurrentes. C’était très bizarre cette semaine de voir la méga dévouée Solène (Stéphanie Germain) de 5e Rang bichonner et protéger le pauvre Jean-Michel (Frédéric Millaire-Zouvi), qui a mangé une sacrée volée aux mains de son père.

C’était encore plus étrange de voir, le lendemain, les deux mêmes acteurs former un autre couple, Justine et Nicolas, dans la télésérie Cerebrum, aussi diffusée à Radio-Canada. Quelqu’un au casting a de toute évidence dormi au gaz ici. C’est assurément une coïncidence, qui nous fait quand même tiquer.

Autre exemple de dédoublement mêlant ? Les scènes de la quotidienne Indéfendable de TVA où le criminaliste Léo MacDonald (Sébastien Delorme) reçoit à souper son meilleur ami enquêteur Maxime (Mathieu Baron). Attendez une minute. S’agit-il de retailles de District 31 où Poupou se colletaillait avec Nick Romano à propos de la mort du mari de Gabrielle Simard ? OK, non. C’est une nouvelle série.

Pour ajouter à la confusion, l’actrice Geneviève Rochette a décroché un rôle crucial dans les premières intrigues d’Indéfendable. La même Geneviève Rochette qui jouait la femme/veuve de notre Poupou national dans District 31. Dans STAT, Laurent Cloutier (Patrick Labbé) sort avec Stéphanie Malo (Virginie Ranger-Beauregard). Il y a de quoi être mélangé.

Deuxième chose agressante ces temps-ci : ces comédiens incapables d’articuler leurs répliques. C’est un fléau en forte recrudescence, qui vous incite à garrocher la télécommande sur le mur, si je me fie à vos centaines de messages courroucés. Nous avons déjà eu cette discussion il y a plusieurs années, et le message dénonçant la diction molle ne passe toujours pas. Alors, le revoici : on ar-ti-cu-le, s’il vous plaît. Et on se fait comprendre des téléspectateurs, merci.

Hey, on ne vous demande pas de déclamer de façon exagérée comme dans un théâtre institutionnel. Juste de prêter attention à l’énonciation des mots.

Ce phénomène du « mumbling » incompréhensible est mondial, rassurez-vous. Il fait notamment rage en Angleterre. Maintenant, producteurs, réalisateurs et décideurs d’ici, prêtez-y une oreille attentive et évitez donc d’ajouter de la musique tonitruante sur des dialogues chuchotés. On n’en peut plus de reculer et de re-reculer pour entendre ce qui se dit dans nos séries.

Troisième élément agaçant, mais moins épidermique, celui-ci : les contenants vides dans les émissions. Qui d’un plateau contenant quatre lattés géants chauds, qui d’une tasse à café sans tache ni gouttelette, ça paraît que ces accessoires sont vides – ou remplis d’air, si vous voulez. Le téléspectateur le voit que c’est tout léger, tout léger et que les acteurs, qui ne renversent jamais rien, font semblant de boire.

Quelques facteurs expliquent que les boissons foncées n’entrent plus dans les gobelets de plateau. D’abord, la production veut éviter de salir accidentellement les costumes et également s’assurer que toutes les scènes « sont raccord », donc que le niveau de café ne varie pas considérablement selon les prises de vue. Oh, tasse vide ici, oups, tasse pleine deux secondes plus tard, la continuité ne doit pas être brisée.

Plusieurs téléréalités utilisent maintenant des verres de vin en inox – ou complètement opaques – pour ne pas avoir à se soucier des quantités de liquide pendant le montage des épisodes. Ce n’est pas bête. Reste que si un acteur est vraiment un bon acteur, sa méthode Stanislavski apprise durement au Conservatoire devrait nous convaincre que sa tasse est toujours pleine, ce qui n’est pas le cas de tous, malheureusement.

Quatrième point à l’étude : les autopromotions ou publicités qui bouffent les dernières secondes des épisodes relayés à la télé conventionnelle. Noovo nous joue régulièrement ce mauvais tour dans Entre deux draps. La dernière scène commence sur le générique final et puis paf, une pub part en format plein écran, reléguant le dialogue et l’image en arrière-plan. Ça ne se fait pas. C’est non, non, non.

Cinquième et dernière récrimination : l’absence de politesse au téléphone cellulaire. Tous les téléromans plaident coupable à cette infraction, celle de raccrocher sans dire bye, sans se saluer une dernière fois. La conversation finit nette, frette et sèche.

Très souvent, comme c’était le cas dans District 31, le personnage n’appuie sur aucune touche de l’écran de son portable pour mettre fin à la conversation. Clac, on dépose le téléphone sur la table, à l’envers, et c’est fini.

Cette liste pourrait s’allonger sur huit écrans. Pourquoi le stationnement est-il toujours abondant et facile dans les téléséries tournées au centre-ville de Montréal ? Pourquoi les gens n’enlèvent-ils jamais leurs bottes d’hiver en rentrant dans une maison ?

Évidemment qu’on l’aime notre télé québécoise, allô. C’est pourquoi on se permet de la taquiner, comme les personnages de L’échappée qui se couchent alors qu’il fait encore clair dehors, voyons !