Dans quel état physique et mental arrivez-vous au vendredi soir ? Oscillez-vous entre le détruit et le démoli ou entre le brûlé et le carbonisé ?

Honnêtement, mon premier réflexe n’aurait pas été de syntoniser TVA pour décompresser après une grosse semaine d’ouvrage à l’usine. Boire un vin naturel trop cher qui sent l’écurie ? Oui, s’il vous plaît, prenez mon argent ! Entendre des gens se crier dessus à la télé dans un décor de soucoupe volante ? Merci, mais non merci.

Mon enthousiasme envers la nouveauté Le monde à l’envers de Stéphan Bureau, qui a décollé vendredi à 20 h sur les ondes de TVA, se situait comme un Wallaroo Trail dans le classement des meilleurs vins de 2021 : très bas.

Mais à l’instar d’une Jessica Harnois qui découvre un vinier potable, j’ai été agréablement surpris par cette émission d’actualité bien rythmée. D’abord, par la diversité des commentateurs, de gauche comme de centre droit : l’humoriste Guy Nantel, la courriériste Louise Deschâtelets, l’analyste Yasmine Abdelfadel et le journaliste Raed Hammoud.

Les collaborateurs réguliers du Monde à l’envers, qui formeront différents quatuors tous les vendredis, ne portent pas tous l’étiquette Québecor, ce qui aurait été une erreur et un repoussoir pour bien des gens. Bien sûr, Stéphan Bureau accueillera Richard Martineau et Sophie Durocher, mais aussi Biz et Gregory Charles. Bref, le téléspectateur n’aura pas l’impression de lire les chroniques du Journal de Montréal à la télé.

Il faut maintenant se parler de l’aisance de Stéphan Bureau, qui a dirigé les débats en direct pendant 90 minutes. Il est excellent, informé, curieux, comme à la radio de Radio-Canada, autant dans les interviews individuelles que dans les joutes verbales.

Malgré les sujets brûlants comme les taux d’immigration ou le traitement médiatique tendancieux de la gauche et de la droite, la chaleur n’a pas tant monté sur le plateau de Stéphan Bureau. Le ton a cependant été musclé entre Raed Hammoud, qui récitait un chapelet de statistiques sur la criminalité, et Guy Nantel, qui lui a reproché (avec raison) de monologuer sans ouverture à l’autre débatteur. Mais pas de prises de bec épiques comme il en pleut sur les projets de Laurent Ruquier, une inspiration évidente du Monde à l’envers, en format plus consensuel.

L’équipe du Monde à l’envers a obtenu une belle primeur pour sa première, soit une entrevue (corsée) avec le député conservateur Gérard Deltell, qui marchait sur un plancher d’œufs frais enduits de vaseline. Stéphan Bureau l’a cuisiné à fond à propos de l’élection de Pierre Poilievre à la tête de son parti, ce qui a rendu Gérard Deltell mal à l’aise à plusieurs reprises. Bon moment de télé.

Visuellement, le décor bleuté du Monde à l’envers brille dans nos écrans avec un gros bémol. Le studio A de TVA paraît trop petit pour les ambitions de cette émission. On y sent le capitaine à l’étroit, et c’est flagrant pendant les entretiens en tête-à-tête, qui se font à l’avant-scène, quasiment sur les genoux du public dans la salle.

C’est beaucoup d’intimité et de proximité, mettons. Et il faudrait peut-être revoir la taille des écrans géants, qui bouffent trop d’espace.

Il y a également un côté étrange à voir Stéphan Bureau animer son show en faisant dos à l’auditoire. Tant qu’à faire des suggestions, pourquoi ne pas puncher davantage le monologue d’ouverture de Stéphan Bureau, qui manquait de tonus vendredi ? Pour expliquer le titre de son émission, l’animateur en a cependant poussé une bonne : quand le budget des libéraux « balance » moins que celui de Québec solidaire, c’est le monde à l’envers.

Le premier épisode du Monde à l’envers a été vu par 493 000 personnes, se faufilant devant Prière de ne pas envoyer de fleurs à Radio-Canada (405 000). Des cotes d’écoute respectables, certes, mais pas épatantes pour une production de cette envergure.

Pas certain, non plus, que le vendredi, une soirée davantage associée à la détente qu’aux affrontements, convienne à ce Monde à l’envers. Initialement, l’émission s’appelait Assoyez-vous ! et avait été conçue pour croiser le fer avec Tout le monde en parle. Pourquoi TVA a-t-il reculé dans son assaut du créneau de Guy A. Lepage ? Vraiment, le potentiel du Monde à l’envers aurait été décuplé s’il avait été déposé dans la case dominicale suivant Révolution.

C’est chaud, c’est chaud !

Alors, quoi de neuf dans la guerre impitoyable que se livrent STAT et Indéfendable ? Ça chauffe, comme la plaie du patient blessé au bas du corps lors d’une petite gâterie en voiture avec sa maîtresse. Les premières données qui incluent les enregistrements mettent les deux quotidiennes à quasi-égalité. Les quatre premiers épisodes d’Indéfendable auraient été regardés par 1 451 000 fans contre 1 428 000 accros pour les quatre premières heures de STAT. Ces données n’ont toutefois pas été confirmées par Numeris.

Lundi soir, STAT (1 329 000) a repris le dessus sur Indéfendable (1 086 000), selon l’écoute mesurée en direct. Avant le crash (510 000) a remonté tout en restant derrière Alertes (603 000). Discussions avec mes parents (1 073 000) a fracassé le million tandis que 5e Rang (788 000) a coiffé L’échappée (650 000).