Oui, les cotes d’écoute traditionnelles comptent énormément dans le fonctionnement de notre univers de la télé. Malgré les plateformes numériques hyper accessibles, malgré les enregistreurs personnels, malgré la vidéo sur demande, malgré tout ça.

Non, tous les téléphiles ne consomment pas leurs séries en rattrapage le week-end ou tard en soirée. À 19 h cette semaine, Numeris a estimé que plus de trois millions de Québécois francophones regardaient la télévision en même temps, à différents postes. C’est gigantesque et ça témoigne de la vitalité de notre industrie, bravo.

Cette clientèle qui visionne en direct est la plus convoitée par les annonceurs pour une raison bien simple : elle n’avance pas les publicités. Bien sûr qu’on peut zapper, pianoter sur son cell ou visiter le petit coin pendant une pause publicitaire. Reste qu’en s’installant en direct devant l’écran, on tombe plus facilement sur la fin d’une réclame de 30 secondes ou sur un décompte publicitaire inséré dans l’image d’un téléroman.

Et ça, ça vaut de l’or. Car les constructeurs de voitures, les manufacturiers de boîtes-repas ou les grandes banques qui s’affichent dans STAT ou Indéfendable n’espèrent qu’une seule chose : être vus. « Pour les annonceurs, l’écoute en direct demeure super importante, parce qu’elle ne permet pas de sauter les publicités. Dans les analyses, on observe que la case de 19 h a un effet de locomotive sur le reste de la soirée », constate la consultante en marketing et médias Marie-Christine Simard, qui a travaillé pendant 21 ans à l’agence Cossette.

Voilà pourquoi TVA et Radio-Canada investissent autant – et de manière agressive – dans la promotion de leurs téléséries quotidiennes Indéfendable et STAT. « Le cash est à 19 h », me rappelle une source branchée dans le monde des médias. Et l’antenne qui gagne le 19 h augmente le potentiel de « découvrabilité » du reste de sa grille de la soirée.

L’effet District 31 n’a pas été quantifié officiellement, mais il existe, me rapportent des taupes radio-canadiennes. La popularité du feuilleton de Luc Dionne a eu une action « liftante » importante sur Discussions avec mes parents, La facture, L’épicerie et Infoman, qui ont ensuite déversé leurs centaines de milliers d’adeptes sur Une autre histoire, Toute la vie et ainsi de suite jusqu’à 22 h.

« Grâce à District 31, le public de TVA est venu à Radio-Canada. On a aussi vu des émissions comme Tout le monde en parle, En direct de l’univers et Les enfants de la télé profiter de l’effet District 31 », me souffle un espion à Radio-Canada.

Mardi soir, l’écart entre STAT (1 233 000) et Indéfendable (1 129 000) avait rapetissé. Mais aucune autre série de fiction du mardi ne s’est approchée des cotes d’écoute juteuses obtenues par les deux quotidiennes. Anna et Arnaud (766 000) a été la plus populaire, suivie de Pour toi Flora (520 000), Cerebrum (457 000), Les honorables (368 000) et Une affaire criminelle (179 000) sur Noovo.

Les jeudis, c’est Louis !

La chaîne Noovo met en orbite ce jeudi à 20 h son efficace nouveauté Le maître du jeu, un concours loufoque et éclaté qui opposera les humoristes Christine Morency, Mehdi Bousaidan, Matthieu Pepper, Ève Côté et Jo Cormier.

Pour décrocher et rigoler, cette adaptation québécoise du populaire format britannique Taskmaster coche les bonnes cases. Si vous aimez les blagues et les trucs nonos, bien sûr.

Alors, le maître du jeu, c’est Louis Morissette. Toutes les semaines, maître Morissette, vissé sur son trône doré, soumet les cinq mêmes humoristes à des défis variés comme manger un œuf cru le plus vite possible, dessiner un cheval en montant à cheval ou faire tomber des canards en plastique alignés sur une clôture.

Évidemment, les humoristes trichent et interprètent les règlements de façon élastique, sous la supervision de l’assistant Antoine Vézina, toujours aussi rigolo. Maudit qu’il est drôle.

C’est toutefois Louis Morissette qui détient le pouvoir final : celui d’attribuer des points aux plus méritants. On s’entend : cette compétition sert de prétexte pour déconner et s’amuser. Perso, je salue la détermination et la persévérance d’Ève Côté, qui se soumet aux épreuves avec sérieux et rigueur. Respect, je jouerais de la même façon.

À l’opposé, une Christine Morency, dont le rire est contagieux, ne possède pas le même esprit combatif, disons. Heureusement, le juge Morissette ne tolère aucune filouterie et récompense l’effort des participants. Super.

Au final, les concurrents remportent des babioles qu’ils ont eux-mêmes apportées. Ça va d’un autographe de Dominic Sillon à une carte de hockey recrue d’Alexander Romanov.

Les cinq joueurs du Maître du jeu, qui reviendront toutes les semaines, ont été habilement choisis. Ces cinq camarades se complètent très bien et ne manquent pas de repartie, comme en témoigne le public en délire du Théâtre Rialto, où ont été enregistrés les 12 épisodes d’une heure.

Si vous ne connaissez pas l’excentrique humoriste Jo Cormier, vous risquez de faire un méchant saut pendant l’épreuve de l’œuf cru, qui a été incluse dans le deuxième épisode (22 septembre).

Craquerez-vous pour ce coco loco ?