Une pizza à l’ananas, quatre heures d’effets spéciaux gluants, la chanson Master of Puppets de Metallica hurlée sous un ciel tapissé de chauves-souris carnassières, des démogorgons russes déchaînés, un hélicoptère nommé Katinka et beaucoup de saignements d’yeux et de nez, les deux derniers épisodes de Stranger Things 4 sont allés, comme les Jeux olympiques, plus loin, plus haut, plus fort.

Avant d’hiberner jusqu’en 2024, Stranger Things 4 a tout défoncé : budget d’explosions et temps d’antenne (le dernier épisode dure 2 h 20 !). Jamais une télésérie n’a aussi bien incarné la définition d’une superproduction estivale.

Était-ce parfait comme finale ? Bien sûr que non. La portion soviétique a été étirée à son maximum, la cavale en camionnette de pizza-surf a été redondante, et pourquoi avoir ramené la milice des sportifs de Hawkins à la dernière seconde, alors que le démon Vecna broyait le corps de la brave Max ? Pas nécessaire.

Mais était-ce satisfaisant ? Oui, absolument. Ces ultimes épisodes gonflés au Coca-Coca Classique ont été un mégafestival de culture pop pour tous ceux qui ont grandi en visionnant des VHS des Griffes de la nuit ou d’Alien louées au club vidéo local. Du genre Vidéo Éclair ou Club International Vidéo Film avec les célèbres pastilles à velcro.

Et cet hommage aux classiques des années 1980 a été concocté de main de maître par les créateurs de Stranger Things, les frères Matt et Ross Duffer.

Avez-vous capté toutes les références qui ont déboulé dans nos écrans ? Le film culte Halloween a eu droit à deux gros clins d’œil. D’abord, le rockeur Eddie a enfilé le masque blanc du tueur Michael Myers, et ensuite, Vecna – quittez maintenant ce Monde à l’envers bourré de divulgâcheurs, merci – a péri de la même façon que le psychopathe filmé par John Carpenter : il a été abattu, avant de tomber de deux étages et de disparaître dans la brume.

À un rythme d’enfer, les allusions nostalgiques ont poursuivi leur défilé. Une réplique connue de Star Wars, un sosie de Molly Ringwald dans Sixteen Candles à la boutique d’armes à feu, des cylindres de formol identiques à ceux des films Alien, deux t-shirts de Hulk Hogan, la maison de Victor Creel modelée sur celle de Norman Bates dans Psycho, le bal d’hiver calqué sur celui de Carrie et Lucas qui lit Le talisman de Stephen King, le maître de l’horreur.

Le détail qui a échappé au plus grand nombre de fans finis concerne Hopper. Dans l’arène de la prison soviétique, c’est avec la véritable épée de Conan le Barbare que Hopper décapite le dernier démogorgon. Une scène géniale rythmée par la chanson Separate Ways (Worlds Apart) de Journey.

Très brièvement, la lame mythique manipulée par Arnold Schwarzenegger apparaît une première fois dans le septième épisode, alors que les détenus essaient de survivre à un combat contre les bibittes du diable. L’aviez-vous vue ?

La musique occupe également une place de choix dans Stranger Things. Kate Bush et sa chanson Running Up That Hill ont connu une renaissance hallucinante depuis la sortie du quatrième volet de la télésérie, pointant même à la quatrième position du Billboard. Pas mal pour une pièce lancée en 1985.

C’est au tour de Metallica de profiter de l’effet « liftant » de Stranger Things. La chanson Master of Puppets, déposée sur une nuée de chauves-souris tueuses, grimpe les palmarès à une vitesse exponentielle. C’est fou raide.

La dernière scène de Stranger Things 4 met la table pour le cinquième et dernier chapitre de l’histoire, prévu en 2024. Non, Vecna n’a pas été anéanti et il prépare son ultime assaut, comme en témoignent les frissons ressentis par Will.

Parlant de Will, qui en pince pour Mike, son orientation sexuelle a été évoquée, sans jamais être nommée. Tout le contraire de la verbomotrice Robin, qui a enfin obtenu son moment de flirt avec sa camarade de fanfare.

L’intrigue éparpillée entre l’URSS, la Californie et l’Indiana a affaibli la camaraderie entre les personnages principaux, si forte et si importante dans les saisons précédentes. L’histoire sautait alors d’une région à l’autre et interrompait des scènes charnières de façon malhabile. À repenser.

Ce que Stranger Things a accompli avec brio, c’est visser les jeunes femmes au cœur de l’action. La série a débuté avec des petits nerds qui tripaient sur Donjons et Dragons pour muter en sorte de Terminator, où des émules de Sarah Connor ont buté les méchants. Pensez à Eleven qui en découd télépathiquement avec Vecna, pensez à Nancy qui tire à bout portant sur ce même Vecna et pensez à Max qui a été la plus courageuse de la bande en s’offrant comme appât à la créature la plus terrifiante de l’univers.

Et finalement, la patience des fans a été récompensée avec l’échange d’un premier baiser fort attendu entre Hopper et Joyce. Tous ensemble : awww ! Mettons que ça change des (trop) nombreuses scènes où Eleven grimace, fronce les sourcils, se déforme le visage, tend le bras gauche et ouvre la main devant un ennemi à projeter au mur. Insérez ici un cri de mort.