C’est un classique, comme les reportages imbibés de sueur chez Fairmount Bagel par temps de canicule. Dès que les mots Netflix, Club illico ou Amazon Prime apparaissent dans une chronique, les courriels de lecteurs fâchés, déçus ou perplexes s’entassent de façon serrée dans ma boîte.

Des messages — pas du tout agressifs, je le précise — comme celui-ci : « Je n’ai pas embarqué dans le train des Netflix, Crave, etc. Je crois et, surtout, j’espère encore que la télé conventionnelle avec du contenu québécois sera encore accessible pour des gens comme nous le plus longtemps possible », indique Mario L.

Marie-Josée B. dénonce également le petit écran des riches : « Il faut toujours être abonné à différentes chaînes. Ça devient frustrant à la longue de se faire suggérer ce genre d’émissions, nos finances ne supportant pas de tels montants. »

Même souci budgétaire chez Patricia B. : « Mettez bout à bout le coût d’abonnement à toutes ces plateformes, dans le contexte d’inflation actuelle, ce n’est pas possible et ça m’enrage que certaines de ces séries québécoises aient été subventionnées. Pourquoi je devrais repayer pour les voir ? Alors tant pis, je ne verrai pas Audrey est revenue ou Une affaire criminelle », note-t-elle.

Trop de plateformes numériques, trop d’ajouts automatiques sur la carte de crédit, trop cher, je comprends. Quand je regarde mes propres factures, je me console en me rappelant que je n’achète plus de coffrets DVD à 60 $ l’unité, ce qui équivaut à cinq mois de Disney+ avec contenu à volonté. Quand même. Les dollars que nous investissions jadis en séries de collection de 24, des Soprano ou de Sex and the City traversent maintenant chez Netflix ou Crave.

C’est une tendance planétaire : la télé en ligne surpasse dorénavant la télé traditionnelle, et le Québec n’y échappe pas.

Chez nous, 71 % des foyers souscrivent au moins un abonnement à une plateforme numérique, contre 66 % qui paient pour le câble dit traditionnel (ou par fibre optique), selon un récent rapport de l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval.

Netflix demeure le service payant le plus populaire au Québec avec un taux d’abonnement frôlant les 60 %. C’est énorme. C’est pratiquement les deux tiers de la population. Le géant américain Netflix éclipse ainsi le rayonnement de la majorité des chaînes spécialisées québécoises régulières (Évasion, Historia, Investigation, etc.).

Amazon Prime Video se classe au deuxième rang avec un taux de pénétration de 30 %, suivi par Disney+ (18 %), Club illico (16 %), l’Extra de Tou.TV (9 %) et Crave (8 %), toujours selon l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval.

Voilà pourquoi, sans négliger le contenu québécois, je suggère des séries commercialisées par Amazon ou Netflix. Parce que les lecteurs consomment de plus en plus d’émissions sur ces plateformes de vidéo sur demande. Parce qu’un débroussaillage s’impose dans cette offre numérique, qui explose année après année.

Aux États-Unis, la télé de prestige fleurit sur les Hulu, Paramount+ et autres HBO Max et de moins en moins à l’antenne des grands réseaux (CBS, NBC ou ABC). Malheureusement pour nos budgets, cette tendance ne s’inversera pas.

Et oui, le cumul de tous ces abonnements coûte très cher. Mais il existe des trucs pour diminuer le total des factures. Première astuce : se fixer des limites d’un mois. Choisissez un service dont le contenu vous sourit. Abonnez-vous pour 30 jours, dévorez vos séries favorites, puis tirez la plogue. Cela demande de la gestion et de la discipline, c’est vrai.

Beaucoup d’entre nous (coupable, ici !) oublient de résilier les ententes après un mois d’essai, et les frais s’empilent sur nos Visa à petites doses de 10 $. Il faut rester vigilant. Rappel : on peut annuler autant de fois que l’on veut dans une année sans aucune pénalité.

Aussi, attendez que tous les épisodes d’une série sortent avant de remplir un formulaire d’abonnement. De plus en plus, les Netflix et Crave distillent leurs superproductions à coup d’un épisode par semaine afin de conserver leurs abonnés plus longtemps. Résistez.

Autre conseil : soyez patients, notamment dans le cas des plateformes québécoises. N’oubliez pas que les émissions du Club illico ou de l’Extra de Tou.TV aboutissent presque toujours sur les ondes de TVA ou de Radio-Canada. Suffit d’attendre quelques mois.

Les honorables, Léo, La faille, Portrait-robot, C’est comme ça que je t’aime, Cerebrum, Doute raisonnable, L’œil du cyclone ou Après, tous ces titres ont d’abord été lancés sur des volets numériques avant de sauter au petit écran régulier.

Dans un souci d’économie, optez pour le forfait le moins élaboré. Le truc de base, quoi. Avez-vous besoin du 4K ou de six écrans pour visionner Stranger Things ? Non. Jouez-la modeste et votre REER en sortira mieux garni.

Finalement, partagez. Vous êtes le seul abonné à Disney+ dans votre gang ? Invitez vos copains à la maison pour un visionnement de groupe d’Only Murders in the Building. À l’opposé, n’hésitez pas à vous imposer chez un abonné de Netflix pour profiter de son imposant catalogue.

Car Selling Sunset avec deux amis et trois Aperol Spritz derrière la cravate, c’est aussi amer et sucré que les intrigues amoureuses de nos courtiers immobiliers préférés.