Les critiques ont déchiqueté le thriller Pieces of Her de Netflix. C’est minable, cheapo, fade, bâclé, incongru et (insérez ici un synonyme de mauvais de chez mauvais).

Les abonnés ont pourtant propulsé Pieces of Her sur les premières marches du podium des séries les plus populaires de Netflix. Comme quoi, téléphages professionnels et téléphiles amateurs accordent rarement leurs violons, même si c’est si beau, l’accordéon, bon.

Maintenant, qui a raison, qui a tort dans ce débat caliente qui divise autant que le retour simultané dans le showbiz québécois de Maripier Morin et Julien Lacroix ?

Faisant partie des deux camps, j’ai sauté sur Pieces of Her – Son vrai visage, en version française — tel un Canada Goose neuf sur un Français du Plateau Mont-Royal. Verdict ? Les critiques n’ont pas menti. Il s’agit d’un suspense invraisemblable et décousu, sorte de Homeland des pauvres. Ça me gêne de l’écrire, mais c’est aussi très accrocheur et prenant, mon doux, c’est la honte d’aimer ça, un peu.

À mi-chemin dans les huit épisodes d’une heure, l’évidence se dessinait comme le sourire énigmatique de l’actrice Toni Collette : j’avais été aspiré dans ce soap-thriller sinueux et je me rendrais jusqu’au bout, au prix de ma santé mentale.

Le premier épisode déboule à toute vitesse et installe une dynamique mère-fille assez conventionnelle. L’orthophoniste dévouée Laura Oliver (Toni Collette) vit à Belle-Isle, une station balnéaire en Géorgie, dans le sud des États-Unis. Artiste ratée, sa fille de 30 ans, Andy, répond au téléphone dans un poste de police et habite encore avec sa mère, qui a souffert d’un cancer du sein.

Lors du lunch d’anniversaire d’Andy, une fusillade éclate dans le restaurant et Laura, telle une ninja de haut niveau, maîtrise le tireur de façon hallucinante. Cette scène atroce implique un couteau de boucherie et une main transpercée. C’est soit totalement risible ou complètement génial, selon notre état d’esprit.

Comme nous devant l’écran, Andy n’en revient pas. Sa maman, si douce et pacifique, égorge un homme sans la moindre émotion et avec une précision chirurgicale ? Visiblement, cette Laura (Toni Collette) cache d’énormes secrets et sa fille Andy s’affaire à recoller les p’tits bouts d’elle, comme le chanterait Roxane Bruneau.

Adapté d’un polar de Karin Slaughter, Pieces of Her éclate alors dans toutes les directions. C’est à la fois un road movie, une saga familiale aux accents retors et un thriller d’espionnage semi-politique. Le ton oscille entre le drame psychologique et la telenovela plus ou moins assumée.

La chose la plus surprenante, c’est la transformation soudaine d’Andy, qui passe, en 20 minutes, de jeune trentenaire éteinte, limite neurasthénique, à l’agente Carrie Mathison sur le Four Loko.

Andy vole des autos, flirte dans des bars miteux, sème des criminels et découvre l’art peu subtil de la perruque. Ce qu’Andy cherche pendant sa cavale, c’est le passé de sa mère Laura, qui ressemble à un mélange de ceux de Jason Bourne et de Lara Croft, mais également le sien, qui a toujours été brumeux.

Si vous consommez les séries de Harlan Coben sur Netflix, vous avez probablement déjà dévoré Pieces of Her grâce à l’algorithme de Netflix. C’est de la télé popcorn, qui bouche un coin en cette période moins garnie côté chefs-d’œuvre du petit écran.

Sauce et solidarité !

Il ne reste qu’un seul épisode — la grande finale de lundi soir — de cette goûteuse saison des Chefs ! à Radio-Canada. Oui, le temps file aussi rapidement que le chrono de 20 minutes pendant un défi de pavés de bœuf rossini.

Lors du duel de la demi-finale, nous avons assisté à un évènement culinaire aussi rare aux Chefs ! qu’un épisode où Jean-Luc Boulay ne parle pas de sauce ou de beurre ou des deux.

PHOTO MARC-ANDRÉ LAPIERRE, FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Après avoir terminé ses plats, Adrian a prêté main-forte à Anthony pour le dressage de son assiette.

Alors qu’il ne restait que 30 secondes au compteur, le prince Adrian a abandonné ses quatre plats pour voler au secours de son compatriote Anthony, qui n’avait pas amorcé le dressage de ses assiettes. Sans l’aide d’Adrian, Anthony aurait servi du (sous) vide aux juges, qui auraient pincé le bec encore plus qu’à l’habitude. Comme s’ils avaient croqué dans un citron.

Le plus crève-cœur, c’est qu’Adrian, qui se coupe plus vite que son ombre, a catapulté Anthony en finale grâce au coup de pouce qu’il lui a donné pendant qu’Élyse Marquis égrenait au porte-voix les dernières secondes du concours.

La cheffe Colombe St-Pierre a évidemment salué la beauté du geste d’Adrian, qui aurait pu laisser couler son camarade pour assurer sa place en finale. Mais non. Adrian a opté pour la solidarité et c’était pas mal plus joli à voir qu’un gros plan d’une baudroie d’Amérique.

À quelques jours de la grande finale, la victoire de Jean-Christophe et la résurrection d’Élliot ébranlent les pronostics. Ah ! puis non, je reste avec Amine, le cuisinier du cœur. Gardez l'Archibald au froid !