Elles sont trop rares, les comédies bienveillantes comme Léo, du Club illico, qui scrutent le quotidien de gens ordinaires sans dénigrer leur mode de vie plus simple, planté à des années-lumière des lattés au matcha à 8 $ du Mile-Ex.

Léo, c’est réconfortant, doux, drôle et dépouillé de sarcasme. Dans chacun des épisodes de 22 minutes, l’harmonie entre les répliques rigolotes et les moments tendres ne se brise jamais. C’est un exercice d’équilibre bien maîtrisé et maintenu par des acteurs doués autant pour le drame que la comédie.

La quatrième saison de cette série imaginée par Fabien Cloutier, en ligne depuis jeudi sur le Club illico de Vidéotron, creuse avec délicatesse et intelligence les bouleversements que vivent, tout en essayant de les cacher, les habitants de Walton, bourgade fictive de la Beauce.

Le quatrième chapitre de Léo démarre cinq ans après la fin du troisième. Le fils de Léo (Fabien Cloutier) et Cindy (Marie-Laurence Moreau), le rouquin Paul (Alexi Robidoux), commence la maternelle dans la classe de Mme Charlotte (Raphaëlle Lalande), une enseignante autoritaire et froide, formée chez les cadets.

Le pauvre Paul hait l’école et déteste sa prof trop « séverte », ce qui crée des frictions entre ses parents.

Les trois premiers épisodes de Léo 4 auscultent la relation de plus en plus tendue entre Léo et Cindy, aspirés par le tourbillon de la routine familiale. Léo ne bosse plus chez Dubeau Gâteaux et se consacre entièrement au verger qu’il a acheté avec son meilleur ami Chabot (Steve Laplante).

À l’usine à pâtisseries, Cindy remplace la patronne Jacynthe (Catherine Chabot) et son horaire déborde de partout, empiétant sur les activités matrimoniales.

Il y a aussi de l’eau dans le gaz du deuxième couple pivot de la série Léo, soit Chabot et Karine (Sylvie De Morais-Nogueira). Karine a découvert le vin, dixit son chum, et ne se gêne pas pour en siffler plusieurs bouteilles durant la semaine. Chabot et Karine tremperont le gros orteil dans la piscine hasardeuse du « couple ouvert » et constateront que (élément biffé pour cause de divulgâchage).

Léo puise sa force dans la beauté de ses personnages bigarrés et attachants.

Le deuxième épisode contient une scène d’anthologie mettant en vedette les deux sœurs extrabavardes Jessica et Chantale, campées par Anne Dorval et Sandrine Bisson. Elles sont savoureuses, les deux coiffeuses. Il aurait fallu leur écrire plus de répliques.

Rien ne file incognito sous le nez fin de la truculente Jessica : « Léo, tu le sais, moi, je suis comme Marie-Claude Barrette. Je regarde le monde pis je saisis leurs émotions tout de suite. »

Mon préféré demeure Pouliot (Hubert Proulx), alias Poule-Djotte. Son rire digne de L’exorciste mériterait sa propre sonnerie de cellulaire. Mention spéciale au petit Maiden, le fils de Dugars (Sébastien Dubé), qui fréquente également la maternelle et qui dessine, au crayon-feutre, des tatouages de danseuses nues.

Et même si Léo ne les fréquente plus au boulot, les employés de Dubeau Gâteaux reviennent tous, dont Landry (Mario Jean), Drouin (Simon Lacroix) et Perreault (Guillaume Cyr), qui vire parano quand une tarterie artisanale ouvre ses portes au village.

Quant à Couture (Marc Labrèche), le nouveau retraité bénévole aficionado de ponchos, il donne un coup de pouce au verger sans apprendre à se la fermer, évidemment.

Pour la première fois en cinq saisons, tous les amis de Léo vivent à deux, même le visqueux Bourdon (Luc Boucher). Ce qui débouchera sur une fête de l’amour bien spéciale, qui réunira toute la bande des « vainqueurs », dont McDonald (Vincent Leclerc), qui y fait une trop courte apparition.

Au sixième épisode, Reynald (Pierre Lebeau) rentre d’Europe avec une terrible nouvelle. Il s’installera chez son frère Yvon (Julien Poulin) pour décanter. La maman de Cindy, jouée par Micheline Bernard, vit maintenant en résidence, où son alzheimer progresse.

C’est rare que la télé montre des personnages fondamentalement bons et vulnérables, qui ont le cœur à la bonne place. Léo, c’est tout ça, sans mesquinerie, mais avec beaucoup de taquinerie.

Gala recherche public désespérément

Sans surprise, le Gala Québec Cinéma de dimanche n’a pas fait exploser les appareils de la firme Numeris, loin de là. La cérémonie célébrant le cinéma québécois a été regardée par 468 000 personnes, soit environ la même audience que l’an dernier (451 000). En 2018, la même fête du septième art attirait 720 000 curieux, contre 600 000 en 2019. Le gala n’a pas été retransmis en 2020 en raison de la pandémie.

S’il avait été meilleur, ce gala aurait mieux performé, car il n’y avait aucune compétition sur les autres chaînes. TVA présentait le téléthon Opération Enfant Soleil, Noovo repassait des films et Télé-Québec offrait une captation de l’émission musicale Les flots de Petite-Vallée.

L’émission la plus populaire de dimanche soir a été La poule aux œufs d’or à TVA avec 687 000 téléspectateurs à l’écoute. Découverte de Radio-Canada (471 000) a grimpé au deuxième rang du palmarès dominical. Fascinant, dirait Charles Tisseyre.