Gags qui s’écrasent dans l’indifférence, rythme déficient, remerciements peu inspirés et films inconnus du grand public (Sin La Habana, quelqu’un ?), il fallait une volonté d’acier, comme le tibia de robot qui sert de trophée Iris, pour ne pas zapper ou s’endormir devant ce 24e Gala Québec Cinéma.

Vraiment, cette soirée de près de 2 h 10 min, relayée en direct du studio 42 de Radio-Canada, a été terne, ordinaire et ponctuée de malaises. Comme l’an dernier, l’animatrice Geneviève Schmidt, pourtant si comique dans ses rôles à la télé et au cinéma, a hérité de textes très faibles qui ont trouvé peu d’écho au parterre des nommés.

C’était gênant d’entendre autant de silence dans la salle après des blagues qui rataient leur cible. Les transitions entre les différents segments de la fête du cinéma québécois manquaient également de fluidité. Bref, ce fut un moment télévisuel pénible, à part pour l’équipe du film Les oiseaux ivres et l’actrice Hélène Florent, récompensée deux fois dimanche soir.

Dans une année dénuée de superproductions québécoises, il aurait justement fallu concocter un gala béton pour que le niveau d’intérêt ne baisse jamais. C’était la seule façon d’accrocher le grand public à cette compétition nichée, où la majorité des films en lice n’ont pas fracassé de records aux tourniquets. Hélas, les organisateurs ont erré et concocté une cérémonie sans pep ni punch.

Après un numéro musical poétique qui mêlait souvenirs cinématographiques et Jean-Michel Blais au piano, le monologue d’ouverture de l’animatrice n’a pas été super efficace. Elle aurait pu se permettre plus de mordant, plus de piquant. Le reste des présentations de prix n’a pas volé très haut non plus.

Par contre, les apparitions de Geneviève Schmidt dans les vignettes des films chouchous du public ont été très rigolotes. On en aurait pris davantage.

Le moment le plus émouvant de la soirée a été l’hommage aux disparus de la dernière année, soit Jean-Claude Lord, Rock Demers et Jean-Marc Vallée. S’il y avait une chose à ne pas rater dans ce gala, c’était bien cette portion, qui a heureusement passé le test.

Sur la petite scène, les remerciements n’ont pas été particulièrement inspirants ou inspirés. Dans nos salons, on n’a pas senti de grands frissons ou de fortes vagues d’émotions. C’était froid. Comme si la remise des prix Iris n’intéressait même pas les principaux concernés. Alors, imaginez l’enthousiasme des gens à la maison.

Maintenant, pas besoin d’être un expert patenté pour prédire que les cotes d’écoute du Gala Québec Cinéma ne casseront pas la baraque. Si plus personne ne regarde ce gala, peut-on encore dire qu’il s’agit d’une vitrine formidable pour faire rayonner les films d’ici ? Mettons que cette vitrine a déjà été plus vaste, glamour et intéressante.

Le tour de l’île

La vie a «fait les choses» pour Amanda et Mathieu, les amoureux aimantés de L’île de l’amour, qui ont raflé la cagnotte de 50 000 $ jeudi soir. Les deux vingtenaires du 450 ont été couronnés par un vote du public et ont envoyé au tapis, tel Shady dans une compétition de judo, le deuxième couple favori de la téléréalité de TVA, Bianca et Derek.

La grande question, maintenant : Mathieu le tricheur de Laval méritait-il même de marcher au ralenti jusqu’à la grande finale sur la chanson Love Me Like You Do, d’Ellie Goulding ? La réponse : non.

Mathieu, Kharl et Jacob (et combien d’autres insulaires ?) ont enfreint une règle cardinale en accédant clandestinement à l’internet à partir d’un téléphone cellulaire déverrouillé. Le courtier immobilier Mathieu, 24 ans, a contacté ses proches et obtenu un avantage indu par rapport à ses camarades bronzés. Et Mathieu n’a pas été puni une seule seconde pour sa participation à « l’internetgate », un « scandale » qui n’a pas éclaboussé sa copine Amanda, 21 ans, préposée aux bénéficiaires de Brossard.

En même temps, ç’aurait été catastrophique si les téléspectateurs avaient plébiscité la princesse Bianca et le plombier Derek, qui ont rompu avant même de rentrer au Québec. Fini les cafés glacés et les toasts aux « Charlie Chample ». Derek mangera ses bas en ceviche à l’émission spéciale L’île de l’amour règle ses comptes, que TVA relaiera le jeudi 16 juin à 21 h.

C’est de Derek, 23 ans, de Québec, qu’Angélie parlait quand elle a largué sa bombe voulant que des célibataires cachaient des infos cruciales sur leur état matrimonial à leurs partenaires.

La deuxième saison de L’île de l’amour, qui a davantage ressemblé à Occupation double, a nettement été supérieure à la première. Complots sur le « sunbed », textooos qui sèment le chaos et la semaine de Casa Amor qui a secoué les célibataires jusqu’au trognon, les revirements ont été haletants, tout comme la présence rassurante de l’insulaire Lucy, la chienne la plus mignonne de la télé québécoise.

Entre deux poèmes aux rimes faciles, récités dans un « beau petit set-up », on peut dire qu’on a 100 % « catch des feels » pour nos amigos et amigas aux visages burinés par ces longues journées à bavarder des ouvertures, grandes ou petites, de leurs portes personnelles.