Il était temps qu’un hommage vrai et senti soit rendu à Louise Forestier. Et qui de mieux que les deux chaînes de la radio publique pour remplir cette mission, car avec celle qui aura bientôt 80 ans, tout passe par la chanson et la musique.

Ce n’est pas moins de cinq heures de radio que consacreront ICI Première et ICI Musique dimanche après-midi à Louise Forestier et à son riche et fascinant parcours où les chemins de traverse furent nombreux. Je vous invite à vous installer avec votre drink préféré et à écouter ça. Vous ne le regretterez pas.

D’abord, à 14 h, le journaliste culturel Stéphane Leclair propose un entretien de deux heures au cours duquel il est question des débuts de l’artiste et de ses participations à diverses œuvres musicales.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Louise Forestier en spectacle en 2003

On apprend comment elle a troqué, quelques minutes avant de chanter au cabaret Chez Clairette, le nom de Belhumeur pour celui de Forestier. Il est question de sa technique vocale, qui lui a permis d’offrir au cours de sa carrière autant de prouesses que de jeux de scène émouvants. « Une prof m’a dit un jour qu’on chante avec ses ovaires », raconte-t-elle.

Louise Forestier n’a jamais eu la langue dans sa poche. Elle dit les choses franchement. Elle les dit surtout fort bien. Cette femme, issue d’une famille dont les membres n’avaient rien d’exubérant, est une formidable conteuse. Quand elle s’élance dans une phrase, elle nous oblige à nous rendre avec elle jusqu’au point final.

Il faut écouter le passage où elle raconte comment elle s’est rendue à New York avec des musiciens à la fin des années 1960 dans l’espoir de chanter au Bitter End, où se produisait Bob Dylan. Avec le front de bœuf de sa jeune vingtaine, elle a demandé au gérant si elle pouvait monter sur scène le soir même. Je lui laisse le soin de vous dévoiler le reste de l’histoire.

Comédienne autant que chanteuse, Louise Forestier a eu la chance de défendre des rôles marquants dans des spectacles à grand déploiement. On n’a qu’à penser à Louise Tétrault, la jeune chanteuse naïve qui arrive « en ville » dans Demain matin, Montréal m’attend, de François Dompierre et Michel Tremblay.

De cet auteur, elle dit ceci : « Tremblay peut couper une tête en deux secondes avec une seule réplique ou il peut t’arracher la peau. »

Il est évidemment question de Starmania, Nelligan, IXE-13 et de L’opéra de quat’sous monté par André Brassard. « Ce gars-là est libre. Les gens qui m’ont toujours attirée ont un pied au ciel et l’autre en enfer. »

Libre, Louise Forestier l’a toujours été. On sent bien qu’au cours de ces 60 ans de carrière, elle a souvent fait des gestes qui ont rendu l’artiste heureuse, mais mis de côté la femme d’affaires. « Mon but n’était pas que ça marche, mais que je trippe », dit-elle. Elle remercie quand même Isabelle Boulay qui, en enregistrant sa chanson Jamais assez loin, lui a permis d’avoir la mise de fonds nécessaire pour acheter une propriété.

PHOTO ANNE GAUTHIER, ARCHIVES LA PRESSE

Louise Forestier lors d’un concert hommage à Robert Charlebois en 2013

Plusieurs amis viennent la saluer dans des bulles que l’animateur a parsemées ici et là dans l’émission. On peut donc y entendre les témoignages de France Castel, François Dompierre, Marie-Jo Thério et Robert Charlebois (qui donne rendez-vous à son amie au Grand Rex de Paris en avril 2023).

Immédiatement après ce rendez-vous, vous devez vous rendre sur ICI Musique où Monique Giroux consacre les trois heures de Chants libres à Louise Forestier. Dans Forestier – La belle humeur, les deux amies ont convenu d’effacer le terme « hommage » et de le remplacer par « femmage ».

Pour commencer cette émission, Monique Giroux n’y va pas avec « le dos de la main morte » et attaque avec Les Montréalais et la monumentale Pourquoi chanter ? qui sera reprise plus tard durant l’émission par une invitée. Ne comptez pas sur moi pour dévoiler son nom. Mais disons qu’il s’agit d’un grand moment.

Encore là, Forestier se montre généreuse et dévoile des fragments de sa vie pour notre plus grand plaisir. Elle raconte que, lors de la création de la production québécoise de Starmania, où elle reprenait le rôle de Marie-Jeanne, Plamondon est venue la voir juste avant le lever de rideau.

PHOTO LUC-SIMON PERREAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Louise Forestier au Grand spectacle d’ouverture des FrancoFolies de Montréal en 1992

« Il m’a dit : “C’est toi, le capitaine !” J’ai compris. Je lui ai donné sa tabarnak de note », raconte-t-elle en riant.

La formule de cette émission repose sur une longue entrevue avec l’artiste entrecoupée de prestations d’artistes choisis par Forestier : Daniel Boucher, Beyries, Isabelle Boulay, Daniel Lavoie et Catherine Major, qui signe les arrangements des chansons qui sont interprétées.

On a droit à des moments de grande émotion et à de belles surprises. Je retiens, entre autres, Daniel Boucher et Le mont Athos (chanson faite sur mesure pour lui), Catherine Major et La saisie (version unique et poignante), Daniel Lavoie et Un Canadien errant (instant magique malgré l’enregistrement sur Zoom).

Il faut écouter l’émission jusqu’à la fin, car elle se conclut sur une primeur : Vieille corneille, chanson écrite par Louise Forestier sur une musique de Michel Rivard.

Et comme si ces deux excellents moments de radio n’étaient pas suffisants, Monique Giroux, la Miss Marple de la chanson québécoise, propose dans le cadre de sa série Bien plus qu’une chanson une balado-enquête sur La saisie. Derrière chaque grande chanson se cache une histoire fascinante. C’est ce qu’on vous raconte dans ce moment de radio à consommer en toute liberté sur OHdio.

Les artistes comme Louise Forestier sont rares. Vous vous en rendrez compte en écoutant ses propos qu’elle coince constamment dans des zones d’émotion avant de les libérer par un grand rire. Comment résister à cela ?

Louise Forestier, pour l’amour de la scène, 14 h, ICI Première

Forestier, la belle humeur, 16 h, ICI Musique

Bien plus qu’une chanson : La saisie, en ligne à compter du 6 mai sur OHdio