Fans de The Wire, magistrale série policière de HBO qui a forgé l’âge d’or de la télévision avec The Sopranos et Sex and the City, préparez-vous à dire « shiiit » abondamment en visionnant We Own This City des mêmes créateurs, David Simon et George Pelecanos.

Cette formidable minisérie de six épisodes de HBO, qui détaille la gangstérisation d’une cellule d’élite de la police de Baltimore, est d’une qualité exceptionnelle. Comme The Wire (Sur écoute), qui fêtera ses 20 ans en juin, l’approche quasi documentaire de We Own This City La ville nous appartient, en version française – nous catapulte dans les rues dangereuses de Baltimore, où s’affrontent policiers corrompus et vendeurs de drogue dans les années 2010.

Le tout sur fond de tensions raciales provoquées par la mort de Freddie Gray, un Afro-Américain de 25 ans qui a été tué par des flics de Baltimore en avril 2015. We Own This City, adaptation d’un livre du journaliste d’enquête Justin Fenton, du Baltimore Sun, raconte brillamment cette histoire vraie avec moult détails.

D’ailleurs, ne désespérez pas après le premier épisode, très confus. Les lignes du temps se chevauchent et embrouillent le récit, les nombreux personnages s’empilent sans présentation, l’intrigue complexe part dans plusieurs directions et le jargon technique nous mélange un brin. Une série chorale et rigoureuse comporte des désagréments, que voulez-vous.

Mais accrochez-vous, ça vaut la peine. En plein marathon, j’ai volontairement stoppé l’écoute pour ne pas brûler tout le matériel en une soirée. Je savourerai plus tard les deux dernières heures de cette ambitieuse minisérie, une des meilleures de 2022. Bémol : la plateforme Crave distille les épisodes à raison d’un tous les lundis soirs, ce qui est fâchant. Seul le premier est actuellement offert, dans les deux langues officielles.

PHOTO FOURNIE PAR HBO

Wayne Jenkins (Jon Bernthal) est un policier arrogant, narcissique et violent, mais quand même efficace.

Le point d’entrée dans cet univers graveleux, c’est Wayne Jenkins (Jon Bernthal, vu dans The Walking Dead), un policier arrogant, narcissique et violent, mais quand même efficace. Wayne Jenkins dirige une escouade créée pour saisir des armes et enrayer le trafic de drogue. Les membres de cette unité spéciale patrouillent en civil (donc sans uniforme), privilège ultime dans la police de Baltimore. Wayne Jenkins est le golden boy de cette clique puissante, la vedette toxique du service de police. Et ça lui monte à la tête (déjà bien enflée).

Attiré par l’argent, le pouvoir et le bling-bling, Wayne Jenkins, dont la descente dans la criminalité est habilement documentée, vole dans les sacs d’argent qu’il saisit, a recours à de fausses preuves pour camoufler des arrestations ratées et se trempe le gros orteil dans le trafic de stupéfiants. Un ripou fini, qui embarque six camarades dans son racket.

Depuis plusieurs années, les patrons de Wayne Jenkins ferment les yeux sur ses méthodes de travail agressives, qui génèrent une tonne de plaintes en déontologie. Pourquoi ? Parce que Wayne Jenkins arrête des bandits et qu’il contribue à améliorer les statistiques de la police de Baltimore, au cœur d’une crise aiguë. Aussi bête que ça.

Ce que We Own This City réussit le mieux, c’est de montrer l’immense effet domino de l’effondrement d’un corps policier sur le fonctionnement d’une ville américaine. Par exemple, c’est maintenant impossible pour les procureurs de Baltimore de former un jury impartial. Les candidats jurés ont soit a) perdu confiance en la police, b) eux-mêmes été victimes d’intimidation policière ou c) un proche que la police a injustement intercepté.

Dans la rue, les informateurs refusent dorénavant de parler aux enquêteurs. Les policiers ne sortent plus de leurs voitures dans les quartiers chauds et pauvres. Un citoyen pourrait les filmer, les accuser de brutalité et ruiner leur carrière. Conséquence ? C’est le chaos. Le taux de criminalité grimpe, la mairesse vit sur du temps emprunté et les revendeurs se frottent les mains.

We Own This City est une série à plusieurs couches. Une enquête fédérale s’ouvre sur la corruption institutionnalisée à Baltimore, le FBI s’en mêle, des collègues des policiers truands les mettent sur écoute et ça brasse. Vraiment, il s’agit d’une production de gros calibre.

Vol 714 pour L.A.

Si vous avez aimé la première saison de The Flight Attendant (L’agente de bord) sur Crave, la deuxième saison vous ravira tout autant. C’est toujours aussi amusant, bourré de revirements et ultra-divertissant. Sobre depuis un an, notre agente de bord favorite, Cassie Bowden (excellente Kaley Cuoco), vit maintenant à Los Angeles, fréquente un gentil photographe et travaille encore pour Imperial Atlantic Airlines. Ce qui a changé ? Cassie accepte maintenant de petits contrats d’espionnage pour la CIA.

Rien de compliqué. Juste de l’observation, sans plus. Vous connaissez cependant Cassie, jeune femme curieuse et abonnée au trouble. Lors d’une mission à Berlin, elle se retrouve au cœur d’un film d’espionnage, où sa cible meurt dans une explosion à la bombe et où une mystérieuse femme lui vole son identité. Un petit mardi tranquille, quoi !

Crave a mis en ligne les deux premiers épisodes, en anglais avec sous-titres en français. La version doublée atterrira sur la plateforme en juin. D’ici là, relevez votre tablette et bouclez votre ceinture pour traverser cette amusante zone de turbulences.