C’est super tentant d’aller lire les résumés de la deuxième saison des Bracelets rouges pour savoir ce qu’il adviendra du petit Albert (Malick Babin) et du brave Félix (Anthony Therrien), un des derniers membres des bracelets rouges à ne pas avoir obtenu son congé de l’hôpital de la Rive.

Les réponses se dénichent sur Wikipédia en un clic de souris. Si simple, si rapide, si accessible. Un fouinage de trop, une indiscrétion mal placée et, bam ! bonjour l’autodivulgâcheur assuré. Allez-vous succomber au péché de la curiosité ? Pas moi. Je résiste, tel un membre de la secte de L’échappée devant la menace de l’énergie noire.

Nous vivons un évènement inhabituel à la télé québécoise. TVA a diffusé mardi soir le dixième et dernier épisode des Bracelets rouges, qui se concluait sur une note inquiétante pour le personnage pivot. Notre bon Félix, chef de bande des jeunes malades résilients, guérira-t-il de son cancer ?

Quand District 31 nous abandonne sur un punch du diable, pas le choix, il faut attendre la saison suivante pour savoir qui a enlevé le commandant Chiasson ou pourquoi Miss BBQ parle avec un accent franco-ontarien. Dans le cas des Bracelets rouges, dont la suite a été confirmée pour l’an prochain à TVA, c’est complètement différent.

La deuxième saison des Bracelets rouges, qui découle du format catalan Polseres vermelles, a déjà été écrite, tournée et diffusée en Espagne en 2013. Et comme les scénaristes de l’adaptation québécoise (Stéphanie Perreault et Michel Brouillette) se collent de très près aux textes d’origine, il est trop facile de connaître le destin de nos bracelets préférés.

PHOTO FOURNIE PAR TVA

Léanne Désilets dans Les bracelets rouges

Le seul personnage dont l’avenir reste impossible à vérifier est Lou (Milya Corbeil-Gauvreau), l’adolescente greffée du rein qui vit avec un trouble de personnalité limite. Lou n’existe pas dans Polseres vermelles. Elle a été ajoutée à l’histoire par les auteurs québécois.

Les bracelets rouges a été la série coup de cœur de l’hiver, notamment grâce à sa distribution de jeunes acteurs très doués. Plusieurs d’entre eux jouent ensemble dans Six degrés à Radio-Canada, dont Léanne Désilets (Kim), Noah Parker (Justin) et Anthony Therrien (Félix).

Et on n’a pas assez parlé, je trouve, du charmant personnage de Kevin (très juste Étienne Galloy), qui a été le rayon de soleil de la série. Il n’avait peut-être pas de scènes déchirantes à interpréter, mais il était essentiel pour maintenir l’équilibre entre le drame et la légèreté dans l’intrigue. Le lien avec son grand-père (Marcel Lebœuf) était également fort émouvant.

Cette série nous a fait un bien fou, tout en nous arrachant des larmes. La combinaison espoir-tristesse a été habilement maintenue toute la saison et la réalisation de Yan England a parfaitement servi cette histoire d’entraide.

Autre série de TVA qui a obtenu le feu vert pour un deuxième tour de piste : Le bonheur. Honnêtement, avec ses 1,5 million de fans, c’était prévisible et logique.

La finale du Bonheur de mercredi soir a planté les graines de son prochain chapitre : les propriétaires de la cuvette maudite, François (Michel Charette) et Mélanie (Sandrine Bisson), ne quitteront pas Saint-Bernard-du-Lac. Même leur fils Tanguy (Sam-Éloi Girard) a fait la paix avec la vie sans réseau cellulaire grâce à la belle Manon (Romane Denis), la fille de la propriétaire du magasin général (Myriam LeBlanc).

Coauteur du Bonheur avec Daniel Gagnon, François Avard promet des textes plus mordants pour la suite. C’est une excellente nouvelle. François Avard est meilleur quand il provoque et quand il repousse les limites.

Également, ce n’est pas nécessaire pour les comédiens du Bonheur – dont Michel Charette – d’y aller autant dans le burlesque. Le message passerait aussi bien avec un jeu plus naturel.

Malgré quelques épisodes grinçants, dont celui sur les travailleurs agricoles étrangers, la comédie fermière de TVA n’a pas suscité de controverses, ce qui prouve que le public est capable d’en prendre, sans grimper dans les rideaux.

Mais les diffuseurs ont une peur maladive de déclencher des tempêtes sur les réseaux sociaux, ce qui freine l’ardeur des créateurs. Donnons-leur un peu de lousse si on veut fabriquer de la télé audacieuse et originale.

La dernière goutte de The Dropout

La publicité de la version française de la minisérie The Dropout a roulé toute la semaine, notamment sur les ondes de Noovo. La description des quatre épisodes disponibles est toute en français. Mais quand on clique sur les onglets, impossible de regarder l’émission en français. Disney+ ne la propose qu’en anglais.

Encore plus bizarre : seul le quatrième épisode de The Dropout est sous-titré en français. Pas les trois premiers. Que se passe-t-il donc chez Disney, qui a l’habitude, comme Netflix, d’offrir ses séries dans plusieurs langues ?

Réponse : on ne sait pas. Et aucune date n’est fournie pour la sortie en français de cette très bonne minisérie américaine qui raconte la chute d’Elizabeth Holmes, jeune PDG de l’entreprise Theranos. Serait-ce la nouvelle version du supplice de la goutte pour les téléspectateurs francophones ?