Le « coviewing ». Les patrons de télé insistent sur ce mot aussi souvent que le gourou Jean-Simon (Steve Gagnon) répète le mot « trapèze » dans L’échappée. C’est super important, le « coviewing », dans notre stratégie de programmation, il faut miser davantage sur le « coviewing », le « coviewing » accroche les plus jeunes à la télé traditionnelle, bla bli blou.

En français, le « coviewing » signifie que les enfants et les parents visionnent la même émission, en même temps, sur le même appareil. Dans le bon vieux temps du UHF et du Jerrold brun, on appelait ça regarder la télé en famille. Mais bon. Avec la multiplication des écrans et des plateformes numériques, ce phénomène devient aussi rare qu’une apparition de Jean Brière (Jeff Boudreault) dans District 31.

La dernière saison télévisuelle a prouvé la force renouvelée du « coviewing ». Des émissions comme Révolution et Chanteurs masqués ont cartonné à TVA, captivant toutes les générations. Sur Noovo, l’émission Qui sait chanter ? de Phil Roy a rallié jeunes et moins jeunes. À Radio-Canada, l’excellent quiz 100 Génies a bien rempli la mission d’asseoir grands-parents et petits-enfants sur le sofa, tout comme le jeu Génial ! à Télé-Québec.

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que d’autres productions similaires se glisseront dans les horaires des prochaines semaines. Radio-Canada mettra en orbite le vendredi 7 janvier à 20 h la charmante et rigolote émission Les petits tannants, qui dérive du concept britannique What Would Your Kid Do ?

C’est vraiment très, très amusant. L’animateur Pierre Hébert sait comment parler aux enfants sans être gnan-gnan ni trop grinçant, comme le faisait Charles Lafortune à L’école des fans. L’humoriste dose parfaitement le niveau de moquerie permis avec des tout-petits.

Chacun des épisodes d’une heure des Petits tannants réunit trois enfants de 4 à 6 ans ainsi que leurs parents. Pour résumer rapidement, l’émission aurait pu s’intituler : savez-vous ce que manigance votre progéniture quand vous leur tournez le dos ? Parce que Les petits tannants ne teste pas les enfants, mais bien leurs parents, qui tentent de deviner comment agira leur Thomas/Éliane/Zach dans une situation de tricherie ou de menterie.

Rien de mieux qu’un exemple pour mieux comprendre. Dans une salle de jeu remplie de caméras cachées, Pierre Hébert annonce aux trois enfants qu’ils gagneront de la slime et un squishy s’ils réussissent à épingler la queue de l’âne au bon endroit. Et les trois enfants veulent vraiment gagner de la slime et un squishy.

L’astuce ? L’animateur leur bande les yeux avec un bout de tissu transparent. Maintenant, les enfants avoueront-ils à Pierre Hébert qu’ils voient à travers le bandeau ? Ou feront-ils semblant d’être aveugles pour placer la queue de l’âne au bon endroit et gagner les prix ? Les parents remportent un point s’ils prédisent le bon comportement de leur enfant.

Divulgâcheur : les enfants trichent bien plus souvent qu’ils admettent la vérité. C’est hilarant, d’autant plus que les jeux se déroulent dans la bonne humeur et non dans un esprit d’humiliation.

Encore plus drôle : c’est l’enfant qui choisit seul le gros lot final, sans aucune espèce d’influence de ses parents. D’un côté, on propose à l’enfant un trampoline, une immense maison de poupées ou des jouets attrayants. De l’autre, il y a un ensemble laveuse-sécheuse haut de gamme, un barbecue à 1000 $ ou un téléviseur de 75 pouces.

Que prendra l’enfant, selon vous ? Voilà. C’est exactement la réaction découragée que l’on décode sur le visage des parents.

Vraiment, ils sont craquants, les enfants qui participent aux Petits tannants. Comiques, verbomoteurs et allumés, ils n’en finissent plus de surprendre leurs parents et les téléspectateurs.

Sur la chaîne Noovo, Rachid Badouri agrippe les manettes du talk-show d’improvisation Les imposteurs, qui s’inscrit dans la lignée des Squelettes dans le placard. Ça démarre le lundi 10 janvier à 20 h, dans la case de Qui sait chanter ?, qui reviendra à l’automne 2022.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Rachid Badouri pilotera l'émission Les imposteurs sur Noovo.

Concept des Imposteurs, qui s’adresse à toute la famille ? Rachid Badouri accueille trois vedettes sur son splendide plateau circulaire. Le sympathique humoriste ne connaît pas l’identité de ses invités et les découvre en même temps que nous. Il ne sait pas non plus de quoi les convives vont jaser et l’apprend en lisant ses cartons.

Dans la première émission, Arnaud Soly confie qu’il a refusé d’apparaître dans une campagne de pub avec Ricardo, P-A Méthot rappelle la fois où il a joué aux dames avec Peter Gabriel sans ne jamais le reconnaître, et Mélissa Bédard présente la chorale d’enfants qu’elle dirige à Québec.

Qu’est-ce qui est vrai ou faux là-dedans ? C’est ce que Rachid Badouri, hyper à l’aise dans son rôle d’animateur, essaie de démêler.

Comme les enfants dans Les petits tannants, nos artistes sont des pros dans l’art du mensonge. Et d’excellents improvisateurs, également.

Je pensais trouver les épisodes d’une heure un brin longuets, mais non. Chacun des invités raconte trois ou quatre anecdotes, et on ne sent pas du tout qu’il faille remplir du temps.

Est-ce que Les imposteurs révolutionne la télé ? Non. Est-ce que l’émission remplit sa mission de divertissement ? Parfaitement. Est-ce que Mélissa Bédard a croisé James Hetfield à l’hôtel Dominion de Québec ? À vous de trouver la fausseté parmi les trois dernières affirmations. Indice : mes taxes, Metallica !