C’est probablement ce qui s’approche le plus du cauchemar conjugal : découvrir que son partenaire mène une double vie, qu’il a une deuxième famille dans une autre ville et qu’on n’a rien, mais rien vu aller pendant toutes ces années, comment a-t-on pu être aussi stupide et naïf ?

Dans L’homme qui aimait trop, la nouvelle télésérie touffue de Noovo, Marc-Alexandre (Patrice Godin) se surpasse dans la duperie. Il a une épouse (Hélène Florent) et deux enfants d’âge adulte à Montréal. Il a une deuxième conjointe (Fanny Mallette) et de plus jeunes enfants à Magog. Et il entame une relation extraconjugale avec une jeune sculpteure (Nadia Kounda) qui habite Bromont.

Écartelé entre ces trois femmes, qui ne connaissent pas l’existence des autres, évidemment, Marc-Alexandre, qui travaille sur la route comme représentant commercial, commence à craquer sous la pression. Il souffre d’insomnie. L’anxiété le gruge. Et la routine militaire qu’il s’impose pour ne pas se trahir lui bouffe énormément d’énergie.

Jongler avec deux téléphones cellulaires distincts, retirer ou enfiler son alliance, régler ses horaires pour satisfaire chacune des familles, Marc-Alexandre vit dans un triangle amoureux super hermétique et étouffant.

  • Patrice Godin entouré de ses trois femmes : Nadia Kounda, Fanny Mallette et Hélène Florent

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Patrice Godin entouré de ses trois femmes : Nadia Kounda, Fanny Mallette et Hélène Florent

  • Patrice Godin et Fanny Mallette

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Patrice Godin et Fanny Mallette

  • Patrice Godin et Hélène Florent

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Patrice Godin et Hélène Florent

  • Patrice Godin et Nadia Kounda

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Patrice Godin et Nadia Kounda

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

Le premier épisode de L’homme qui aimait trop, que la chaîne Noovo relaiera le mardi 11 janvier à 20 h (en même temps que Toute la vie à Radio-Canada et Les bracelets rouges à TVA), divulgue cependant une information cruciale : les trois femmes de l’histoire se rencontreront à l’hôpital de Granby à la suite d’un grave accident de la route, qui laissera Marc-Alexandre dans le coma.

La confrontation au sommet du triangle matrimonial se déroulera à la troisième heure. Et ça s’annonce épique. Dans les deux premiers épisodes (sur un total de huit) que j’ai vus mardi, les auteurs Anne Boyer et Michel d’Astous (Le gentleman, L’heure bleue) présentent les nombreux personnages qui peuplent cette série s’inscrivant dans la lignée de productions pour adultes comme The Affair ou The Undoing.

Certains détails cruciaux du récit déboulent très rapidement, d’autres s’installent trop lentement. C’est étrange et déstabilisant, ce mélange d’accélération et de freinage des intrigues. Ça demande une bonne période d’adaptation.

  • Une scène tournée à l’extérieur l’été dernier, avec Patrice Godin et Fanny Mallette

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Une scène tournée à l’extérieur l’été dernier, avec Patrice Godin et Fanny Mallette

  • Fanny Mallette, lors du tournage l’été dernier

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Fanny Mallette, lors du tournage l’été dernier

1/2
  •  
  •  

Ce que j’ai le plus aimé de L’homme qui aimait trop ? Le jeu de l’acteur Patrice Godin. Il réussit à insuffler du cœur et de la chaleur à un personnage qui aurait pu être un vrai trou de cul. Ce n’est pas évident de « vendre » aux téléspectateurs un homme qui ment autant, qui trompe ses blondes allègrement, sans l’ombre d’un remords. Mais Patrice Godin nous convainc que son Marc-Alexandre aime profondément — et sûrement très mal – chacune de ses conjointes. Il est un père de famille impliqué, aimant et disponible, malgré toutes les contraintes de sa triple vie éparpillée.

Ce que j’ai le moins aimé de L’homme qui aimait trop ? La narration. Le meilleur ami de Marc-Alexandre, Benoit (Martin-David Peters), écrit un livre-essai sur le polyamour et l’infidélité. Benoit est le seul à connaître le secret de Marc-Alexandre et c’est lui qui nous raconte l’histoire en voix hors champ. Ce procédé alourdit une émission déjà bien assez chargée, merci.

Les deux familles fondées par Marc-Alexandre ne se ressemblent pas du tout. À Montréal, il vit dans une grosse maison de Mont-Royal avec Josée (Hélène Florent), une femme d’affaires prospère qui rouvre un restaurant au centre-ville. À Magog, il cohabite dans un bungalow avec Geneviève (Fanny Mallette), une orthopédagogue très relax, qui fume des joints dans le spa.

Et avec son amante artiste Nadira (Nadia Kounda), c’est la passion sexuelle des débuts qui le guide.

Comment Marc-Alexandre arrive-t-il à ne jamais se faire pincer ? Vous le découvrirez dans les épisodes réalisés par l’inventif Yves-Christian Fournier (Demain des hommes). Honnêtement, de voir Marc-Alexandre inventer constamment des excuses ou justifier chacune de ses absences nous épuise comme simple spectateur. Son hyper vigilance contamine notamment les relations avec son fils aîné Yannick (Jean-Simon Leduc), qui traite son père de robot tellement il suit une routine hyper structurée, une routine qui ressemble à celle d’un agent double.

L’homme qui aimait trop n’est pas le genre de truc que l’on regarde en dilettante en feuilletant un magazine ou en jouant à Candy Crush sur la tablette. C’est complexe, voire mélangeant au départ.

C’est rare que ça se produise, mais je n’ai aucune idée de la manière dont cette série va finir. Nostradumas pense que le protagoniste va mourir à l’hôpital et qu’il n’aura pas à choisir entre ses vies à Bromont, Magog ou Montréal. Ça semble la seule issue logique. À moins que les trois conjointes le sacrent là en découvrant l’ampleur des petits secrets devenus grands mensonges ?