La saison actuelle de Toute la vie à Radio-Canada est vraiment, mais vraiment très bonne. Un calibre de ligue majeure, en route vers la Coupe Stanley de la télé, qui s’apparente à un trophée Gémeaux.

À l’instar de mes collègues qui couvrent la moindre blessure au haut du corps chez le Canadien de Montréal, je suis religieusement tous les téléromans québécois. Qui mérite une punition pour rudesse et abus de clichés ? Qui nous inflige un double échec émotif ?

C’est important d’accompagner ces émissions, de semaine en semaine, pour vérifier les forces et les faiblesses de chacune, qui fluctuent au fil des mois, comme les performances d’un Cole Caufield, 20 ans, écartelé entre le CH et le Rocket de Laval.

À la Casa Dumas, Alertes de TVA s’apprête à être rétrogradé au club-école. J’ai quatre semaines de retard à rattraper et la motivation pour combler ce déficit est rare comme une bonne nouvelle à l’Escouade spéciale des personnes disparues. Ça sent l’élimination, le renvoi aux douches.

Je demeure à jour dans Les moments parfaits de TVA, mais je ne lance pas la serviette uniquement dans l’espoir que cette émission finisse par améliorer ses performances. Pour le moment, c’est aussi palpitant qu’un match de hockey opposant les Coyotes de l’Arizona et les Blue Jackets de Colombus.

Au top du classement, il y a Toute la vie. La qualité des histoires, le rythme soutenu et le nombre d’intrigues qui se chevauchent, sans nous perdre, sont impressionnants.

Il n’y a pratiquement rien qui retrousse cet automne dans Toute la vie. C’est mon téléroman préféré de l’heure. Les nouvelles élèves de Marie-Labrecque réussissent toujours à nous ébranler avec leurs enjeux de société aussi complexes qu’actuels. À commencer par Rosalie (Camille Felton), l’adolescente de 16 ans, impulsive et agressive, qui intimide le père de son enfant à naître, Clément (Thomas Boonen). Au premier abord, Rosalie nous irrite et nous exaspère, c’est un euphémisme.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Marie-Ève Beauregard et Lé Aubin incarnent les personnages de Laura et Lucas.

L’auteure Danielle Trottier a cependant l’intelligence de ne pas inventer des personnages unidimensionnels. En fouillant dans l’entourage de Rosalie, et en rencontrant sa demi-sœur blasée (Claudia Bouvette), on comprend mieux pourquoi Rosalie crache autant de violence. Et elle nous est moins antipathique.

Le cas de Margaux (Tiffany Montambault) est à la fois intrigant et triste. Sa mère inadéquate (excellente Myriam Leblanc) se sert-elle de son utérus pour rembourser des dettes de jeu ? C’est extrêmement louche. L’arrivée de l’oncle de Margaux, qui a adopté ses deux premiers bébés, n’a rassuré personne. Quelle affaire tordue.

Même réflexe d’inconfort pour Laura (Marie-Ève Beauregard), qui entretient une relation incestueuse avec son grand-père Michel (Bernard Fortin). On se sent tellement bizarre de les voir s’échanger des marques d’affection, comme si leur situation « amoureuse » était banale.

Laura est à l’image de Rosalie : attachiante. On détecte sa détresse et sa vulnérabilité tout en ayant le goût de la recadrer quand elle se comporte comme une chipie. Encore ici, on déduit que Laura se protège et refoule énormément de souffrance, qu’elle garroche sur les autres.

Quant à la désœuvrée Daphné (Marguerite Bouchard), cibole, va-t-elle finir par allumer que son ex-copain Gabriel (Mattis Savard-Verhoeven) ne veut pas son bien ? Daphné porte actuellement le bébé de Maxime (Antoine L’Écuyer), le frère de Gab. Mais Daphné aime encore Gab et rien ne la fait décrocher. Les abandons vécus à l’enfance par Daphné marquent à vie, faut croire.

Bien hâte, également, de voir où l’histoire du jeune trans Lucas (Lé Aubin) nous conduira. Lucas a laissé entendre que son père macho (Mathieu Baron) vivait lui aussi dans le mauvais corps.

Tout ce qui concerne Christophe (Roy Dupuis), sa mère toute croche (Micheline Lanctôt) et son frère Patrick (Jean-Nicolas Verreault) est captivant. Toute la vie avance rondement dans son récit et ne nous ennuie jamais.

Mention spéciale à l’actrice Marie-France Marcotte, qui incarne la mère biologique de Tina (Hélène Bourgeois-Leclerc). Elle a été épatante dans le dernier épisode. Vraiment.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE DE NOOVO

Sylvain Marcel dans le dernier épisode de Virage

Un dernier Virage émouvant

Festival du papier-mouchoir pour la grande finale de la minisérie Virage sur Noovo, mercredi soir. Quel épisode remuant. La scène de l’aide médicale à mourir, où Sylvain (Sylvain Marcel) s’est doucement éteint pendant que les trois femmes de sa vie lui chantaient Le soleil emmène au soleil, a été bouleversante. Bonjour, les larmes incontrôlables.

En plus de la performance touchante de Sylvain Marcel, Charlotte Aubin, Juliette Gosselin et Marie-Thérèse Fortin ont également été formidables.

Les moments qui ont précédé la mort du patriarche des Lessard ont été tout aussi marquants. La remise de la médaille d’or au papa, le chèque de 40 000 $ signé pour Fanny (Juliette Gosselin), le dernier repas pris en famille, Virage a quitté les ondes sur des notes tristes et d’espoir.

Si vous avez raté ces huit épisodes bien ficelés, vous les retrouverez en rafale sur la plateforme Crave de Bell Média. Vous ne le regretterez pas. Go !