Dans une offre bourrée de téléromans chaotiques et de productions policières classiques, les diffuseurs québécois osent rarement programmer des séries dites de genre comme la nouveauté Piégés, à mi-chemin entre le thriller psychologique et le film d’horreur.

Découpée en six épisodes d’une heure, cette minisérie débute jeudi à 22 h sur la chaîne addikTV, propriété du Groupe TVA, avec un premier épisode très accrocheur, bien glauque. Un dangereux homme en noir, qui porte un masque grillagé à la Squid Game, enlève cinq personnes et les enferme dans des cellules au sous-sol d’un bunker. Les cinq victimes portent un collier électrique qui s’active à distance.

Les cinq otages de Piégés ne se connaissent pas. Il s’agit du courtier immobilier Charles (Jean-Philippe Perras), de l’infirmière Hélène (Brigitte Lafleur), de l’ingénieure Brigitte (Brigitte Poupart), de la secrétaire juridique Sabine (Schelby Jean-Baptiste) et de l’éboueur Alain (Martin Dubreuil).

Chacun occupe un cachot différent, toujours de style Guantánamo, et chacun subit une forme de torture différente. Sabine passe au supplice de la goutte d’eau. Alain endure une chaleur étouffante. Charles entend de la musique aliénante, et ainsi de suite. Certaines scènes s’approchent de la limite du supportable. Dans l’une d’elles, un prisonnier lance ses excréments à la caméra qui l’espionne.

Piégés ne s’adresse pas aux enfants, mais bien aux amateurs de trucs plus tordus. Le bourreau communique avec ses cinq victimes par haut-parleur. Il leur rappelle « qu’il y a des conséquences à leurs actes » et leur demande s’ils dorment avec la conscience tranquille.

De toute évidence, un lien traumatisant unit les victimes à leur tortionnaire assoiffé de vengeance. Mais lequel ? En même temps que nous, les personnages de Piégés cherchent ce qui les relie, dans une atmosphère de paranoïa et de violence.

Parfois, les portes des cellules s’ouvrent et les otages disposent de quelques minutes pour se parler et élaborer des stratégies d’évasion. Leur ravisseur entend cependant tout ce qu’ils disent et il s’amuse à les voir se débattre dans cette souricière géante. Un immense jeu de cruauté et de manipulation.

À la fin du deuxième épisode, le téléspectateur n’a pratiquement aucune piste pour rattacher les protagonistes à une intrigue commune. C’est un des petits défauts de Piégés : il aurait fallu distiller plus d’indices, d’autant que la série ne dure que six heures.

Au tiers du parcours, tout demeure vague et il est impossible de spéculer sur la suite. Donnez-nous un peu de jus si vous voulez que l’on revienne la semaine prochaine.

Aussi, la voix trafiquée du tortionnaire rend plusieurs répliques inaudibles. C’est fâchant. Même chose quand les prisonniers chuchotent et que la musique enterre leurs dialogues. C’est désagréable de devoir constamment reculer pour comprendre des morceaux du scénario.

En remontant dans le temps, Piégés nous montre le passé des cinq disparus, qui n’ont pas commis de crime et qui, pour le moment, n’ont jamais croisé le chemin de celui qui prend un plaisir sadique à les faire souffrir.

C’est vraiment intrigant et bien écrit par François Pagé (Après), à partir d’une idée de Yannick Savard (L’heure bleue), le réalisateur de la minisérie. Les cinq acteurs pris dans ce huis clos angoissant offrent des performances de haut calibre. Les scènes de persécution sont loin d’être évidentes à jouer.

Bref, si vous détestez Squid Game et les autres émissions peuplées de gens déséquilibrés, passez votre tour pour Piégés. Moi, j’ai le goût de savoir qui se cache sous la cagoule de ce « crisse de malade », dixit une des victimes de ce psychopathe.

Madame la lieutenante !

Ceux qui croyaient que Myriam LeBlanc, alias la sergente-détective Madeleine Depault, succéderait à Gabrielle Simard (Geneviève Brouillette) au 31 étaient à côté de la plaque (d’identification).

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Geneviève Brouillette a été remplacée par Ève Landry, qui devient ainsi la lieutenante du poste 31.

C’est la comédienne Ève Landry qui a pris possession, lundi soir, du grand bureau à deux portes de la lieutenante du poste de police le plus bourdonnant du petit écran québécois.

Son personnage s’appelle Mélanie Charron, une patronne dure et directe, allergique au fla-fla. Je l’aime déjà. Les troupes du 31 ont besoin d’une présence forte comme la sienne pour s’extirper de leur marasme collectif.

Le remplaçant de Stéphane Pouliot (Sébastien Delorme) au crime organisé a également été installé à son bureau lundi. Il s’agit de Manuel Dupuis (Sébastien Huberdeau), un sergent-détective en apparence calme, juste assez baveux. Son tête-à-tête du samedi soir avec le motard Ryan Robin (Dan Bigras) a été un joli hors-d’œuvre pour la suite des choses.

Hypothèse, en terminant : si les enquêteurs insistent autant sur l’affaire du gars mort brûlé, c’est qu’elle cache quelque chose de bien plus gros. Mais quoi au juste ?