La deuxième saison de La faille, offerte jeudi sur le Club illico de Vidéotron, ne décevra pas les fans (bonsoir, groupe !) qui ont adoré le premier chapitre.

L’intrigue progresse vite, les suspects se multiplient, les prises de vue de Québec sous la neige coupent le souffle, un crime horrible ouvre le premier épisode, bref, c’est de l’excellent calibre.

Par contre, c’est une coche en dessous de la première saison, qui avait été éblouissante, il faut le rappeler. Le tueur en série hyperactif, le masque chinois, les paysages lunaires des mines de Fermont, le Mur qui abrite et protège la population locale, l’enquête aux multiples ramifications, la nature sauvage du Grand Nord, c’était exceptionnel comme série policière, une des meilleures à sortir du Québec dans les 10 dernières années.

En transposant l’action dans la ville de Québec, La faille perd son côté rugueux de « Nordic noir », qui caractérise les œuvres scandinaves incrustées dans des communautés isolées et terrorisées par a) le froid polaire, b) des psychopathes et c) un enquêteur bourru.

La faille 2 se passe au Château Frontenac, en plein mois de janvier. Point boni pour les séquences d’hiver tournées sur le traversier Québec-Lévis, qui fend d’immenses plaques de glace. C’est magnifique. Reste qu’il manque cette impression de « bout du monde » de Fermont. Il manque cet étouffant sentiment de paranoïa d’un petit village coupé du reste de la planète.

Aussi, la trame principale de La faille 2 se balade entre un congrès d’ingénieurs, la construction du fameux troisième lien à 10 milliards et l’effondrement d’un pont ayant tué 12 personnes. Mettons que, sur papier, c’est moins vendeur qu’un Ted Bundy lâché dans la toundra. On flirte plus avec Agatha Christie qu'avec Trapped, mettons.

Voilà pour les réserves. Car on s’entend que La faille 2 figure tout de même parmi les meilleures émissions offertes par le Groupe TVA. C’est mieux réussi que Chaos, Les moments parfaits ou Alertes.

Le premier épisode, bien ficelé par l’auteur Frédéric Ouellet, installe rondement l’histoire. Une femme de chambre du Château Frontenac découvre le cadavre d’un homme recouvert de ciment dans le bain d’une chambre du septième étage de l’hôtel. La sergente-détective Céline Trudeau (excellente Isabel Richer), toujours cassante et efficace, fouille cette affaire glauque avec une recrue, Daphné Constant (Naïla Louidort), que lui a imposée son patron Jacques (Benoit Gouin).

Comme dans tout thriller policier qui se respecte, ces deux femmes travaillent de façon diamétralement opposée. Expérimentée, Céline défonce des portes à grands coups de pied. Prudente, Daphné suit le code de procédure à la lettre. On devine que leurs méthodes dissemblables se complèteront au fil des neuf épisodes d’une heure.

Maripier Morin de retour

L’éléphant dans la pièce, maintenant : Maripier Morin, le troisième nom au générique de La faille 2. La comédienne y reprend son rôle de Sophie Taylor, fille de la sergente-détective Trudeau et spécialiste des communications. On la voit beaucoup dans les deux premiers épisodes que j’ai visionnés mercredi. Est-ce dérangeant ? Non, pas du tout. Maripier Morin est juste et ne détonne pas dans cette distribution talentueuse.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Maripier Morin

Québecor a été frileux d'éjecter Maripier Morin de La faille 3, je trouve. Si on croit à la deuxième chance et à la réhabilitation, il faut se tenir debout et ne pas plier dès que le vent se lève. Maripier Morin a le droit de travailler, quand même. Et cette première porte ouverte lui a été refermée sur les doigts. Fin de l’éditorial.

Donc, Sophie vit maintenant à Québec et a renoué avec son père William Taylor (Bruno Verdoni), un lobbyiste pour le projet de tunnel sous le fleuve Saint-Laurent.

L’arrivée de William, que Céline a déjà poignardé à l’abdomen, souvenez-vous, lève le voile sur le climat familial toxique qui a régné chez les Trudeau-Taylor. Céline se méfie encore de son ex. Sophie tombe sous son charme. Confrontation et déception à l’horizon.

En congé de maladie après l’assassinat de sa femme (Kim Despatis), Alex Théberge (Alexandre Landry) a également quitté Fermont pour s’installer dans la Vieille Capitale. Alex infiltrera en parallèle l’enquête du meurtre au ciment, pas de divulgâcheur ici. Alex rêve d’un emploi dans la section des homicides, que lui refuse son patron, et croisera au Château le médecin légiste de la Sûreté du Québec (David Savard), un allié improbable.

Parmi les nouveaux personnages qui déboulent dans La faille 2, il y a la policière Esposito (Alice Pascual), une étudiante en médecine accro aux anxiolytiques (Romane Denis), ses parents rustres (Bruno Marcil et Amélie Grenier), un entrepreneur en construction (Manuel Tadros), la sous-ministre des Transports (Macha Limonchik), la directrice de l’hôtel (Marie Bernier), un jeune chauffeur (Émile Schneider), une voyageuse mystérieuse (Geneviève Boivin-Roussy), un bagagiste (Félix-Antoine Duval) et Monsieur musique d’Unité 9 (Jean Marchand).

Le meurtrier ou la tueuse se trouve assurément dans cette liste. Mais qui et pourquoi ? Nostradumas ne le sait pas. Mais il le découvrira rapidement en engouffrant ce qu’il reste de cette Faille, dont le scénario ne se fissure pas.