Les cils d’Audrey pognent dans le vent, Éric-Guy lit du Marc Levy, Marie-Denise montre sa collection de lunettes funky et nos joyeux célibataires rigolent au musée du chocolat de Bromont ou dans un champ de tir à l’arc.

Il n’y a pas de candidat polarisant, limite désagréable, dans la troisième saison de Si on s’aimait à TVA. Pas de Brigitte qui picosse Carlos à propos de sa casquette à l’envers. Pas de Brigitte qui obsède sur les oreillers ou l’orientation sexuelle de Sylvain.

Pas de Guillaume qui marmonne des « c’tait nice pis chill » dans le bureau de la sexologue Louise Sigouin. Et pas de tatouage de fauteuil sur la cuisse de Gabriel non plus.

Le troisième chapitre de Si on s’aimait a peut-être perdu son côté plus trash, mais il offre ce que les téléspectateurs réclament depuis les débuts de Marie-Ève et Jonathan au petit écran : un couple qui risque de fonctionner.

Voici donc Audrey, 28 ans, et Dominic, 33 ans. Dans un parterre de tulipes, ils cheminent vraiment vers l’autonomie affective. Ils verbalisent leurs émotions. Et s’occupent de leur tête, ensuite du cœur, pour finir avec leur corps.

Parenthèse avant de poursuivre : depuis la mise à feu de la populaire docuréalité de TVA, nous sommes des milliers à parler en langage Sigouin. Ta blessure de honte t’empêche-t-elle de te montrer vulnérable, ma belle ? Dans le fond, ta crise de colère, n’est-ce pas simplement l’expression que tes limites ont été transgressées ? Te sens-tu confirmé dans la rencontre sexuelle que nous venons d’avoir ?

De retour à Audrey et Dominic, et en laissant le cynisme de côté, c’est beau et touchant de les voir évoluer. Ils tombent amoureux sous nos yeux entre deux séances de photo et un entraînement cardio-militaire. Les 834 000 accros de Si on s’aimait ont quasiment soupiré en simultané cette semaine : aaah, ils sont adorables !

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Dominic et Audrey dans une autre scène de Si on s’aimait

Oui, le travailleur en construction Dominic s’habille mal et probablement que l’éducatrice spécialisée Audrey a écrit dans sa liste de gratitude : merci, Seigneur, Dominic n’a pas enfilé ses vieux bas bleus et son t-shirt noir « officiellement tout le temps fatigué ».

L’important, c’est de voir au-delà des apparences, ce qui donne aussi du fil à retordre à Marie-Denise, 62 ans, avec son cavalier. Le placide Tim n’a pas la coquetterie aussi développée que sa compagne, passionnée de golf (on le sait, cibole !) et de tuques colorées.

En excluant les tourtereaux Audrey et Dominic, il manque d’étincelles et de connexion au sein des trois autres couples.

Fan de 2Frères et de la profondeur de leurs textes, la femme d’affaires Vicky, 50 ans, parle pour 10 personnes et enterre de mots son compagnon François, 57 ans, préposé aux édifices et conseiller en voyage. Ils ont l’air super enthousiastes à faire un tas d’activités, mais le gâteau passionnel ne lève pas.

Situation similaire pour Marie-Denise et Tim. Le courant ne passe pas. La femme d’affaires Marie-Denise paraît prête à s’investir. Pas Tim, retraité de l’armée, qui garde toutes ses émotions à l’intérieur et qui semble n’être là ni pour la thérapie gratuite ni pour l’amour avec un grand A. Que fabrique-t-il dans cette docuréalité ?

PHOTO ÉRIC MYRE, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Marie-Denise et Tim lors d’une activité de tir à l’arc

Quant à Éric-Guy, monteur de structures en aéronautique de 48 ans, mettons que ça ne fait pas de flammèches avec Isabelle, 47 ans, agente d’aide aux entreprises et passionnée de café « qui goûte fort ». Les deux ont les mêmes goûts de déco de condo du 450. Et c’est à peu près tout, pour le moment.

Les cobayes de Si on s’aimait ne reçoivent pas de paie pour apparaître dans l’émission quotidienne de TVA. La production, qui paie certains frais de déplacement, leur alloue une somme hebdomadaire d’environ 200 $ pour payer leurs sorties au resto. Potin plateau : ces 200 $, considérés comme un salaire, viennent avec un T4 et sont donc imposables. D’ex-concurrents auraient d’ailleurs fait le saut en recevant les papiers officiels du gouvernement.

Selon mes infos, une émission spéciale de type « Que sont-ils devenus ? » de Si on s’aimait a été récemment tournée avec, entre autres, Brigitte, Fanny, Marie-Ève et Anyck. Les anciens ont cette fois-ci reçu un cachet pour leur participation à la docuréalité.

Toujours au sujet de l’argent, on sent que la différence de « classe sociale » s’annonce comme un obstacle dans la relation entre Dominic et Audrey. Dominic est réticent à faire visiter son appartement à Audrey, qui semble plus à l’aise financièrement que lui. Ça fait aussi partie de la vie à deux, les questions de fric.

Mais comme le dirait Louise Sigouin, c’est au monde émotif qu’il faut se connecter, pas au monde matériel. L’inconfort a été nommé. Il reste maintenant à le surmonter.