Luc Dionne passe un grand coup de balai dans la sixième saison de District 31. Fini les histoires qui traînent et s’étirent depuis trop longtemps, le prolifique auteur redémarre la machine policière sur « des bases nouvelles et intéressantes ».

Les fans – dont moi – qui ont été secoués par le quadruple punch de la finale printanière du feuilleton de Radio-Canada trouveront cependant que les intrigues se nouent de façon carrée, beaucoup trop abrupte. Après avoir suscité des attentes super élevées, plusieurs affaires prioritaires, pas de divulgâcheur ici, se règlent en quelques minutes, Bing ! Bang ! Merci, bonsoir. C’est rapide en titi. Et fâchant.

En même temps, personne ne se plaindra de ne plus entendre parler de la nébuleuse de Vincent Lemaire (Patrick Drolet), du juge Pelland, de la vente des terrains et de la tuque d’Anne Casabonne. Assez, c’est assez. On passe à un autre appel. Luc Dionne mettra également la hache dans le volet impliquant les services secrets. « C’était la partie la moins crédible de District 31. Mais c’était bien amusant », explique le scénariste en visioconférence.

J’ai vu lundi matin les quatre premiers épisodes de la populaire série quotidienne, qui reprend les ondes le lundi 13 septembre à 19 h. C’est toujours très, très bon, il faut l’écrire, malgré les réserves énoncées plus haut.

Tout de suite, on sent ce désir de fermer rapidement les vieux dossiers et de revenir à la base de ce qu’est District 31, soit les enquêtes policières pures et dures.

C’était la bonne chose à faire. À un moment donné, même si ça déplaît à Mélissa Corbeil (Brigitte Paquette), il faut lâcher l’assassinat de Christian Phaneuf (Emmanuel Auger). « Mononcle Luc était tanné », ajoute même Luc Dionne en entrevue. « C’est une année charnière. Luc a donné un électrochoc à sa série », ajoute la productrice Fabienne Larouche.

Campée quelques mois après la finale d’avril, la première intrigue s’articule autour de la mort suspecte d’un enfant de 6 ans, dont le corps a été retrouvé dans son lit, sans marque de violence. La mère du gamin (Virginie Morin) est louche. Le grand-père (Jean Marchand, alias M. Musique dans Unité 9) n’est pas plus fiable. Et qui dit mort d’un enfant dit traumatisme refoulé pour le sergent-détective Bruno Gagné (Michel Charette), qui file un très mauvais coton.

Luc Dionne explorera les problèmes de santé mentale chez les policiers avec la dépression annoncée de Bruno Gagné. Non, le SD bourru ne quitte pas District 31 parce que son interprète tournera bientôt dans la nouvelle comédie de François Avard, Le domaine du possible, à TVA.

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On retrouvera le personnage d’Yves Jacob (Marc Fournier) dans la 6e saison de District 31.

Michel Charette a déjà joué dans Les pays d’en haut et District 31 sans que ça pose de problème. Entre vous et moi, Michel Charette n’abandonnerait jamais un emploi aussi payant que District 31, une des rares productions qui fournit du travail à longueur d’année à ses acteurs.

Maintenant, voici ce qu’on peut dire à propos de District 31 sans ruiner votre plaisir. Le bon Yves Jacob (Marc Fournier) travaillera enfin au 31, aux côtés de Bruno, Noélie (Catherine St-Laurent), Florence (Catherine Proulx-Lemay), Poupou (Sébastien Delorme) et Patrick (Vincent-Guillaume Otis).

L’amateur de massages André Dallaire (Pierre-François Legendre) bosse encore au service des enquêtes indépendantes. Il y a un meurtre par balles dans la première semaine, Jean Brière (Jeff Boudreault) renoue avec le boulot après son enlèvement et le procès de Nick Romano (Mathieu Baron) se prépare au DPCP. Bref, l’automne ne s’annonce pas plate au 31.

Bon Virage chez Noovo

Bien réalisée par Catherine Therrien, bien jouée par une distribution cinq étoiles et bien écrite par Kim Lévesque-Lizotte et Marie-Hélène Lebeau-Taschereau, la série Virage de la chaîne Noovo s’ajoutera assurément à votre menu télévisuel de l’automne. Programmez vos enregistreurs pour le mercredi 15 septembre à 20 h. C’est solide.

La comédienne Charlotte Aubin y est épatante dans le rôle de la patineuse sur courte piste Frédérique Lessard, un personnage librement inspiré de l’olympienne Marianne St-Gelais. À l’écran, Charlotte Aubin transmet avec aisance la fougue et la pétillance de l’athlète, mais aussi sa grande détresse, qu’elle masque de moins en moins bien.

Car au-delà des performances sportives, tournées à l’aréna Maurice-Richard, Virage raconte un drame familial qui couve depuis plusieurs années. Frédérique se sent coincée dans sa relation amoureuse très médiatisée avec le champion du monde Antoine Bernard (Émile Schneider), qu’elle largue après son retour des Jeux olympiques. Antoine Bernard, vous l’aurez deviné, est une version romancée du multi-médaillé Charles Hamelin.

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La comédienne Charlotte Aubin incarne le personnage de Frédérique Lessard, librement inspiré de l’olympienne Marianne St-Gelais. On la voit aux côtés d’Émile Schneider, qui interprète le rôle de son amoureux Antoine Bernard (inspiré par Charles Hamelin).

Sans avertissement, ce couple chouchou implose et Frédérique annonce sa retraite du patin à l’âge de 28 ans. Un immense vertige s’installe chez elle, mais aussi dans son entourage. Ses parents, campés par Marie-Thérèse Fortin et Sylvain Marcel, vivent un gros deuil, eux qui ont consacré leur vie aux exploits de leur fille aînée. Les parents perdent tous leurs repères, d’un coup.

La sœur cadette de Frédérique, jouée par Juliette Gosselin, souffre également – et en silence – de toujours passer en deuxième, même si elle adore sa sœur. Ces tensions exploseront et rétabliront le nouvel équilibre du clan Lessard.

La déprogrammation athlétique de Frédérique, qui a vécu dans un « presto » psychologique et physique, passera par les excès : alcool, sexe, drogue, elle cherche l’adrénaline de la compétition ailleurs.

Pour une sportive qui pèse tous les aliments qu’elle mange et dont le taux de gras est mesuré sur une base quotidienne, mettons que c’est une débarque complète. Isolement, dépression et anxiété s’immiscent alors dans son quotidien.

Patrick Labbé interprète l’entraîneur bienveillant de Frédérique et Mani Soleymanlou, son préparateur mental. Comme Demain des hommes, pas besoin de capoter sur le sport pour embarquer dans Virage. Il y a un peu de mou dans le premier épisode, qui manque de punch, mais le deuxième se regarde comme une vraie compétition olympique.

C’est au troisième épisode (sur un total de huit) que Frédérique perd l’équilibre et que sa chute s’amorce. Si c’était offert en rafale, j’aurais probablement déjà franchi la ligne d’arrivée de Virage en un temps record (olympique).