« Casse-toi » : une centaine de manifestants, en majorité des femmes, ont retardé mercredi soir à Lille, à l’appel de collectifs féministes, l’accès à une représentation de l’acteur français Gérard Depardieu dans le cadre de sa tournée « Depardieu chante Barbara ». 

Massés devant le théâtre Sébastopol, dans le centre de Lille, les manifestants répondaient à un appel de différents collectifs féministes lillois, après les récentes révélations par Médiapart de 13 nouveaux témoignages de violences sexistes et sexuelles, qui auraient été commises par l’acteur sur onze tournages entre 2004 et 2022. 

Quelques minutes avant le début prévu du spectacle à 20 h, les manifestants bloquaient toujours l’accès des spectateurs criant « Vous n’avez pas honte », ou « Vous financez un violeur ». 

PHOTO ANNE-CHRISTINE POUJOULAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Gérard Depardieu

Le théâtre a ensuite ouvert un nouvel accès, tandis que la police arrivait sur les lieux.

« Cette manifestation est complètement injustifiée parce que jusqu’à preuve du contraire, Depardieu n’a été condamné pour rien du tout, donc ce n’est que suspicion », a affirmé dans la file d’attente Annick Picquet, 58 ans.

« Victime on te croit, agresseur on te voit », ont notamment scandé les manifestants. 

« Nous avons l’occasion de manifester contre l’impunité de personnes qui, pendant longtemps, considéraient qu’être des prédateurs sur les femmes au travail c’était quelque chose de normal et qui ne risquaient absolument rien », a développé pour l’AFP une des manifestantes, Isabelle Loriot, professeure d’histoire et d’éducation civique.

« On trouve que c’est indécent que Gérard Depardieu soit la, qu’il chante Barbara, en tant que femme et syndicaliste, on se devait d’être là », a expliqué Victoria Saltarelli, 62 ans, retraitée de l’éducation nationale, tenant une pancarte « L’artiste et le prédateur sexuel sont la même personne ». 

Médiapart a récemment révélé que 13 femmes accusent de violences sexuelles l’acteur Gérard Depardieu, déjà mis en examen pour des soupçons de viols et d’agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould. 

Le parquet de Paris a indiqué mercredi 12 avril à l’AFP n’avoir « été destinataire à ce jour d’aucune nouvelle plainte ». Il a précisé que l’instruction ouverte en juillet 2020 à la suite de la plainte d’une comédienne, Charlotte Arnould, se poursuivait.

L’acteur de 74 ans « dément formellement l’ensemble des accusations susceptibles de relever de la loi pénale », a de son côté fait savoir à Mediapart le cabinet d’avocats Temime, chargé de le défendre. 

La représentation lilloise était la première depuis l’article de Médiapart, dans le cadre d’une tournée menée depuis 2017 par l’acteur en hommage à la grande interprète française défunte, Barbara.