Soucieux de favoriser la création et le développement local durable, le centre artistique Adélard, à Frelighsburg, fête son cinquième anniversaire avec une exposition rétrospective des résidences offertes à des artistes visuels depuis 2019.

Fondé par les collectionneurs Sébastien Barangé et Gérald Filion, Adélard prend chaque année plus d’envergure, avec la venue d’artistes d’origines de plus en plus diverses et la signature de partenariats. « On vise à ce qu’un jour, nos activités couvrent toute l’année, dit Gauthier Melin, son directeur général et artistique. Cette année est une année de transition. On a eu beaucoup de soutien, tant des donateurs que des bailleurs de fonds. »

Pour célébrer toutes les créations qui ont vu le jour à Adélard depuis 2019, le centre a invité l’historienne de l’art Sylvie Lacerte à monter une exposition rétrospective. L’ex-conservatrice de l’art québécois et canadien contemporain du Musée des beaux-arts de Montréal a demandé aux 16 artistes ayant eu une résidence artistique à Frelighsburg de déterminer quel avait été leur lieu d’inspiration lors de leur résidence, puis de créer une œuvre en lien avec cet endroit.

« J’ai fait des visites d’atelier en février dernier pour les rencontrer, dit Sylvie Lacerte. On a ensuite sélectionné, avec Gauthier Melin, des lieux d’exposition extérieure dans quatre villages, soit Frelighsburg, Dunham, Saint-Armand et Stanbridge East. »

PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR ADÉLARD

Gérald Filion, cofondateur d’Adélard, Lucie Dagenais, mairesse de Frelighsburg, Sébastien Barangé, cofondateur d’Adélard, Sylvie Lacerte, commissaire, et Robert Desmarais, directeur général de la MRC de Brome-Missisquoi

Ces artistes ont souvent été en contact étroit avec les communautés de ces villages durant leur résidence. Jean-Michel Leclerc, par exemple, avait fait des recherches au musée de Stanbridge East. Son œuvre se trouve donc dans ce village. Plusieurs s’étaient intéressés à la situation frontalière de Frelighsburg, et d’autres, comme Emmanuelle Jacques et Anna Jane McIntyre, à la communauté noire des Cantons-de-l’Est.

PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR ADÉLARD

Œuvre sans titre de Jean-Michel Leclerc, à Stanbridge East

« Il y a toujours eu un point commun reliant ces artistes qui se sont succédé, dit Sylvie Lacerte. Comme si quelque chose avait été planté et avait créé des rhizomes qui s’étaient rencontrés. La cartographie des œuvres est donc tant géographique qu’humaine. » D’où le titre de l’exposition, Points de rencontres, présentée jusqu’au 19 novembre dans les quatre villages. Les œuvres sont des reproductions imprimées placées sur des tréteaux ou fixées sur les murs de bâtiments.

  • Bouteille à la mer/Postcards from the Edge, d’Anna Jane McIntyre, à Saint-Armand

    PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR ADÉLARD

    Bouteille à la mer/Postcards from the Edge, d’Anna Jane McIntyre, à Saint-Armand

  • L’œuvre 6 feet above – 6 feet below, de Loren Williams

    PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR ADÉLARD

    L’œuvre 6 feet above – 6 feet below, de Loren Williams

1/2
  •  
  •  

L’œuvre d’Anna Jane McIntyre, Bouteille à la mer/Potscards from the Edge, a été placée devant l’église United Church de Philipsburg. Elle est directement liée au lieu de culte qui a servi de refuge à des Noirs qui fuyaient leur condition d’esclave aux États-Unis, au XIXsiècle.

Loren Williams, qui a travaillé sur les cimetières lors de sa résidence, a placé son œuvre, 6 feet above – 6 feet below, près du cimetière de l’église Bishop Stewart Memorial, à Frelighsburg. Elle évoque le destin de Jane Freligh, petite-fille déshéritée de celui qui a donné son nom au village, Abraham Freligh, un propriétaire de moulins d’origine allemande et « esclavagiste », selon Sylvie Lacerte, qui souligne le rapport entre les deux œuvres.

CARTE FOURNIE PAR ADÉLARD

Position des œuvres de Points de rencontres

Milutin Gubash

Milutin Gubash est le premier des huit artistes résidents de cette année. Cet artiste québécois d’origine serbe tourne à Frelighsburg, avec des acteurs amateurs locaux, un film relié à des installations sur lesquelles il a travaillé dans son atelier.

J’ai imaginé la réunion d’un groupe d’ex-patriotes yougoslaves qui travaillent dans un magasin du style Village des valeurs et enveloppent des objets désuets qu’ils remettent en service en prétendant que c’est du chocolat !

Milutin Gubash, artiste résident

On est dans la comédie grinçante, l’humour déjanté, pour prendre notre monde à contre-pied. En parallèle, Milutin Gubash diffuse dans la grange d’Adélard quatre de ses vidéos et y expose une sculpture créée avec des objets désuets et reliée au thème de la vidéo de sa résidence et à son histoire personnelle, lui qui a vécu, enfant, dans un camp de réfugiés avant d’arriver au Canada. Estimant qu’un réfugié est, malheureusement, souvent considéré comme un rebut.

Vesna at Monument, de Milutin Gubash

Année intense pour Adélard : il y aura aussi l’expo Il existe de ces feux intérieurs qui illuminent des continents, d’Audrey Beaulé, du 7 octobre au 26 novembre, à l’église Bishop Stewart Memorial. L’artiste conçoit, à l’occasion des 75 ans de Refus global, un projet artistique en lien avec ses recherches sur l’histoire de l’abstraction au Québec selon une perspective queer et féministe. Ses œuvres seront en conversation avec des œuvres de la collection Loto-Québec. Par ailleurs, l’expo Nightlife au mont Pinacle, de la photographe Éliane Excoffier, lancée l’an dernier à Frelighsburg sera présentée, du 10 juin au 14 octobre, au parc du Domaine Howard, à Sherbrooke.

Consultez le site d’Adélard