Directeur du CEUM, Laurent Vernet a divisé les aires d’exposition d’Occurrence en quatre zones au sein desquelles les artistes ont réalisé leur contribution à Ouvrages, qui associe divers regards sur l’art de la construction.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE
Entourant la galeriste d’Occurrence Lili Michaud, de gauche à droite, l’artiste Alexandre David, le commissaire Laurent Vernet et les artistes Sabrina Ratté et Stéphane Gilot
Dans l’entrée, on ne peut manquer l’œuvre en bois d’Alexandre David, connu pour des créations que le public s’approprie. On monte ainsi sur son estrade puis sur le « belvédère » pour admirer l’installation contiguë de Stéphane Gilot et Sabrina Ratté. On peut s’asseoir sur sa base pour consulter des documents d’architecture et des archives du Torontois Adrian Blackwell que les étudiants en arts ou en architecture devraient fortement apprécier. Finalement, l’œuvre est une estrade-belvédère-banc-bibliothèque. Architecture multifonctions.

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Sans titre, 2023, Alexandre David, contreplaqué et bois
« J’ai aussi voulu créer quelque chose qui permet de regarder à travers la construction. Que les gens du corridor voient les visiteurs qui voient les œuvres et voient aussi les gens du corridor ! », explique Alexandre David.
À côté, Stéphane Gilot et Sabrina Ratté ont combiné leurs idées. Gilot a construit Doublure du monde, sorte de pavillon inspiré d’un module construit en insulite (un panneau aggloméré industriel) lors d’une foire internationale en Belgique, en 1930.
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Installation de Stéphane Gilot et Sabrina Ratté
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À droite, la construction créée lors d’une foire à Liège, qui a inspiré Stéphane Gilot
Sabrina Ratté projette à l’intérieur deux vidéos, dont une inspirée des « villes nouvelles » créées autour de Paris dans les années 1960 et 1970, telles que La Grande Borne ou Montigny-le-Bretonneux. Négligés, ces ensembles urbains ont mal vieilli. Pour illustrer ces espaces standardisés, elle a sculpté une petite maquette en impression 3D, sur laquelle sont diffusées leurs façades.

PHOTO SABRINA RATTÉ, FOURNIE PAR OCCURRENCE, COURTOISIE DE LA GALERIE ELLEPHANT
Undream, 2018, Sabrina Ratté
Tout près, les œuvres de l’artiste métis albertaine Tiffany Shaw évoquent le territoire et les traditions architecturales de sa famille. Avec des panneaux gravés ou modélisés. Et des cabines de trappage de son grand-père réalisées en peau de cerf, en tissu ou dans des matériaux industriels.
Œuvres de Tiffany Shaw
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Trapline Cabin (leather), 2011, peau de cerf et tendons ; Trapline Cabin (zipties), 2011, attaches de plastique ; et Trapline Cabin (crochet), 2011, fil pour technique du crochet et plastique
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Great Grandma’s House by the Snye, Fort McMurry, 2017. À gauche, impression au jet d’encre sur papier. À droite, découpe CNC, bois stratifié de noyer, acajou, contreplaqué, peau.
Votre âme d’enfant sera mise à profit avec Machine à serrer de Jacques Bilodeau. L’installation déstabilise le corps comme celle qu’il avait exposée au Musée d’art contemporain de Montréal durant la pandémie, dans le cadre de l’expo La machine qui enseignait des airs aux oiseaux. On monte sur l’œuvre ou on se laisse serrer par des plaques de caoutchouc qui vibrent. Les enfants (sous surveillance) vont adorer.
Autour de l’installation, Josée Dubeau a créé un environnement de fils de nylon, d’épingles et de fils métalliques. Champ d’observation habite discrètement le lieu, créant des ombres sur le mur à la façon subtile d’un dessin presque invisible. Un environnement construit délicat qui a nécessité sept jours de travail.
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Aidé d’Alexandre David, Laurent Vernet chevauche Machine à serrer, de Jacques Bilodeau.
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L’œuvre de Josée Dubeau vue de près
La visite de ces œuvres plaira aux passionnés d’architecture. On se sent happé, enveloppé par les installations. C’est plus une expérience immersive convaincante qu’une exposition.
Pierre Granche
La deuxième partie de l’expo est au CEUM, avec la présentation des réalisations de Pierre Granche (1948-1997), sculpteur, professeur à l’Université de Montréal, passionné d’art public et très influencé par l’architecture.
Entrevue de Pierre Granche sur l’intégration des arts à l’architecture en 1991
Une vingtaine de ses projets est expliquée avec du matériel d’archives disposé sur du mobilier de présentation conçu pour l’expo par des étudiantes en design et conforme au vocabulaire formel de Pierre Granche, qui a toujours été très axé sur la pyramide tronquée.
Quelques-uns de ses projets
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Projet de pyramide tronquée créée sur le terrain de l’ancienne pulperie de Chicoutimi en 1980
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Vue de l’exposition
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Maquette de Trente-deux fois passera, le dernier s’envolera, sculpture achevée en 1998 par Gisel Saint-Hilaire et installée rue Sanguinet, devant le pavillon J. A. -De Sève de l’UQAM.
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Les enfants du monde, de la collection Lune Rouge
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Installation évoquant son décor pour la pièce Une louve, un instant, dans les marguerites, montée en 1988 par Diane Dubeau avec un texte de Michel Garneau
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PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE
Œuvre de Pierre Granche à la station de métro Namur
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PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Sculpture Comme si le temps, de la rue, installée à la Place des Arts
Ouvrages, jusqu’au 10 juin à la galerie Occurrence
Granche/Atelier/Ville, jusqu’au 12 août au Centre d’exposition de l’Université de Montréal