La Collection Giverny Capital, bâtie par le collectionneur François Rochon, a hérité d’un écrin aux Ateliers 3333, près de la station de métro Saint-Michel, à Montréal. Sur rendez-vous, on peut y admirer 22 œuvres d’art contemporain de qualité muséale. En attendant d’en voir d’autres, l’automne prochain, dans le « sanctuaire de beauté » qu’il est en train de faire construire à Shefford sur les plans de l’architecte Pierre Thibault.

Quand votre chemin de vie est axé en partie sur le partage de votre amour de l’art, cette passion vous irradie totalement. Tous les amateurs d’art qui ont croisé François Rochon vous le diront. Avec son regard bleu intense, il communique avec simplicité et enthousiasme son bonheur de s’entourer d’art et de pouvoir montrer les œuvres qu’il chérit.

Homme déterminé, François Rochon a changé de destin professionnel et délaissé le génie électrique dans les années 1990 pour se donner les moyens d’acheter de l’art contemporain d’exception. Président-fondateur de Giverny Capital — une boîte de gestion de portefeuilles qui porte le nom du village de Claude Monet, évidemment ! –, il a confié à Anne Roger, qui a travaillé à l’ancienne galerie d’Antoine Ertaskiran, le soin de faire connaître les œuvres de la Fondation Giverny pour l’art contemporain.

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Œuvres de Marion Kroll

Gestionnaire de la Collection Giverny Capital — qui comprend 750 objets d’art —, Anne Roger a eu carte blanche pour présenter une vingtaine d’œuvres dans le local des Ateliers 3333. Des peintures, sculptures, installations, photographies, dessins et vidéos qu’elle vous décrits en détail lors de la visite. Ce qui permet de bien saisir les langages de chaque œuvre et de comprendre les raisons sous-jacentes du désir irrépressible qu’avait François Rochon de les acquérir.

Notamment, Pulse Tank, de Rafael Lozano-Hemmer. Le collectionneur a acheté cette installation complexe à la suite de l’exposition de l’artiste montréalo-mexicain au Hishhorn de Washington en 2018-2019. Il s’agissait du plus important déploiement d’art immersif que le musée américain ait jamais montré. Les trois œuvres installées (dont Pulse Tank) avaient occupé tout le second étage du Hishhorn. Et là, vous pouvez tranquillement tester cette œuvre visuelle et sonore qui reproduit esthétiquement votre rythme cardiaque…

Une grande salle diffuse The Erudition, de l’Albertaine Kelly Richardson, installée à Londres. Trois grands écrans alignés, posés au sol, projettent des images d’arbres dans une atmosphère post-apocalyptique. Une présentation inédite à Montréal pour cette œuvre spectaculaire et méditative.

Autre grand plaisir de la visite, l’installation Two Views, d’Adad Hannah. Un de ses tableaux vivants dans lequel on reconnaît le toucher de l’artiste canadien. Une installation qui décompose le décor créé pour filmer cette femme qui lit un livre de Kafka sans bouger. Une œuvre spectaculaire que François Rochon a acquise après son exposition à la Foire de Toronto.

Il faut prendre aussi le temps de regarder Observance, de Bill Viola. Une vidéo émouvante dans laquelle des acteurs jouent des personnes venues rendre hommage à un défunt. Des images au ralenti très fortes. À côté, Witness, du même vidéaste américain, fait passer les émotions du rire aux larmes…

On ressort émerveillé de cette excursion dans le monde de l’art contemporain dans ce qu’il a de diversifié et de volubile. C’est fascinant aussi de prendre le temps de regarder à travers les baies vitrées de l’espace. L’autoroute Métropolitaine longe l’édifice industriel transformé en ateliers d’artistes par Marc Séguin. L’environnement est glauque, bruyant et pollué. Pourtant, vu des fenêtres, on prend conscience de se trouver au cœur d’une réalité qui, espérons-le, finira par disparaître pour laisser place à un monde plus sain et plus paisible. Les œuvres de François Rochon en tout cas nous le suggèrent.

Quelques œuvres exposées
  • Surgeon (Golden Dawn), 2005, Folkert de Jong

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    Surgeon (Golden Dawn), 2005, Folkert de Jong

  • Détail de Headgames : hoods, helmets & gasmasks, 2009, de Sophie Jodoin

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    Détail de Headgames : hoods, helmets & gasmasks, 2009, de Sophie Jodoin

  • Bonelight (Quinault), 2020, Magali Reus

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    Bonelight (Quinault), 2020, Magali Reus

  • Manufacturing #10a & #10b, Cankun Factory, Xiamen City, China, 2005, Edward Burtynsky

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    Manufacturing #10a & #10b, Cankun Factory, Xiamen City, China, 2005, Edward Burtynsky

  • Deux œuvres de Marc Séguin. À gauche, occupy me (self portrait), 2012, et au fond Anges # 2, 2021

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    Deux œuvres de Marc Séguin. À gauche, occupy me (self portrait), 2012, et au fond Anges # 2, 2021

  • Witness, 2001, Bill Viola, vidéo en trois parties

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    Witness, 2001, Bill Viola, vidéo en trois parties

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François Rochon a visité Giverny, en Normandie, en 1990. Claude Monet et ses jardins l’avaient bouleversé. Il rêvait de bâtir un « Giverny » au Québec. Ayant une résidence à Shefford, il a voulu y établir un « sanctuaire de beauté » pour exposer ses œuvres internationales. Ce sera bientôt chose faite. La construction de son rêve de musée est en cours sur un escarpement de la colline montérégienne, avec vue sur la vallée des Cantons-de-l’Est. Le lieu, surnommé L’observatoire, et son jardin de grandes sculptures, sera inauguré l’automne prochain. On y organisera des visites guidées. « Et il y aura des nymphéas ! », dit François Rochon.

En attendant, pour voir des œuvres de la Fondation Giverny au 3333, boulevard Crémazie Est, il faut réserver. Profitez-en !

Réservez une visite des œuvres de la Fondation Giverny