Le Centre PHI présente Dernière minute, une nouvelle installation immersive du duo de plasticiens français Adrien M & Claire B. Une expérience d’immersion qui évoque la première et la dernière minute de notre vie. Une production artistique si efficace qu’elle en est déstabilisante. Cœurs fragiles s’abstenir !

Lancée à Montpellier, en France, l’été dernier, l’installation Dernière minute est une des expériences immersives les plus troublantes que La Presse ait vues ces dernières années. Le genre d’expérience pour laquelle on se demande si on n’est pas un peu maso !

Dernière minute est une narration, un travail esthétique, une atmosphère et une source de sensations. La création est née d’une expérience intime, explique Adrien Mondot, directeur artistique d’Adrien M & Claire B. « Dernière minute raconte l’histoire qu’on a vécue il y a près de deux ans. La naissance de notre dernier fils et le départ du père de Claire. Le sujet est de sentir notre existence sur Terre en évoquant ce passage d’un état à l’autre, autant lors de la naissance que lors du décès. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Adrien Mondot a fait quelques gestes gracieux avec une boule transparente, lors de la présentation de Dernière minute aux médias.

L’expérience de Dernière minute, qui en dure trente (!), se vit en chaussettes dans une grande salle du Centre PHI. Une salle où un panneau translucide tombant du plafond sert d’écran de projection, tout comme le sol. Ce sont d’ailleurs les images diffusées sur le plancher qui sont les plus immersives. Une fois que la diffusion débute, on peut se promener dans la pièce, s’asseoir, se coucher, danser. Tout est possible.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Vue de l’expérience immersive au Centre PHI

Quant à nous, les premières minutes ont été particulièrement difficiles. On se retrouve sur une surface aquatique qui bouillonne. C’est remuant et franchement déstabilisant. Presque à donner le mal de mer. La musique classique, avec quelques morceaux au violoncelle, apaise, mais surviennent alors des pulsations cardiaques — la vie — que l’on intériorise et qui ne laissent vraiment pas indifférent.

On entend Claire Bardainne évoquer la perte de son père. « Mon père est le paysage. » Puis un flux envahit l’espace, avec des effets de lumière violents. Des spots propulsent des éclairs dans un bruit de tambours et de rythmes réguliers.

C’est à ce moment-là que l’expérience a été la plus dérangeante, avec un mal de cœur surprenant et pénible, une sorte de cinétose passagère que plusieurs des journalistes présents ont ressentie. Comme l’avait recommandé Adrien Mondot, le mieux est alors de fermer les yeux, de courts instants, pour atténuer les effets. Mais on finit par les garder ouverts, car la projection est visuellement impressionnante et on finit par s’habituer. Il vaut peut-être mieux avoir mangé avant de se prêter à l’expérience de Dernière minute, comme lorsqu’on part en barque sur une mer agitée !

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Dernière minute, expérience immersive au Centre PHI

La bande sonore (composée par Olivier Melanno) et les images suggèrent cette énergie liée à l’apparition de la vie et qui s’évacue lors du dernier souffle. Puis, intervient un moment de silence. Des lignes parallèles strient le sol, se mettent à bouger, un frémissement comme le début de quelque chose de grand ou la fin de tout… Des lignes qui rappellent le cycle cardiaque de systole-diastole. L’effet est alors moins étourdissant et tout aussi immersif. Une ambiance plus atmosphérique, plus tranquille, avec une musique contemporaine minimaliste, s’impose alors, mais les vagues reviennent bien vite ! Un flux à la fois ascendant et horizontal que nos mouvements font bouger grâce à des capteurs qui les analysent.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Dernière minute, expérience immersive au Centre PHI

Le sol se recouvre d’écume, les vaguelettes sont de retour, la musique est au recueillement. Dernière minute s’achève dans la relaxation, des effets enveloppants. Une fin en douceur, dans un environnement serein, tranquille, idéal avant de quitter cette ambiance cinématographique, théâtrale et symphonique sans perdre l’équilibre !

Dernière minute accueille un maximum de 20 personnes à la fois. On peut prendre des photos ou des vidéos, pourvu qu’on ne dérange pas ses voisins avec des flashs. « Il m’importe que l’humain soit au cœur du projet, dit Adrien Mondot. On aime que des familles vivent l’expérience. Chacun se raconte une histoire. Elles se tissent ensemble dans la pièce. J’adore voir les parents regarder leurs enfants jouer dans cet espace durant la projection. Je trouve ça très touchant. »

Consultez le site du Centre PHI