(Trois-Rivières) Intitulée Marche, démarche, manœuvre, l’édition 2022 de la Biennale nationale de sculpture contemporaine (BNSC) présente à Trois-Rivières, Victoriaville et Montréal les œuvres de 14 artistes québécois, canadiens et étrangers très versés sur l’espace et les défis de notre temps. Avec des œuvres fortes qui témoignent, pour la plupart, des préoccupations vis-à-vis de l’environnement.

La majorité des artistes invités à la BNSC, cette année, ont passé entre deux et trois semaines à Trois-Rivières pour préparer leurs installations, qui évoquent l’importance de la marche, activité banale mais créative qui fait émerger dans nos têtes ces idées nouvelles qui changent les démarches et mettent en mouvement. Un thème qui se traduit par une incroyable diversité d’expressions. Avec des arts visuels « au croisement de la performance, de l’art vidéo, de l’artisanat et des arts numériques », explique le commissaire de l’évènement, Daniel Fiset.

C’est le cas des Cocons, de Guillaume Brisson-Darveau, ces sculptures organiques en pâte cellulosique et insectes morts. Des sculptures-corps d’échelle humaine que l’artiste porte lors de performances et qui évoquent la vie, mais aussi l’abri.

PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

Installation Les cocons, de Guillaume Brisson-Darveau, à la galerie du Parc, à Trois-Rivières

À la galerie du Parc également, impressionnante installation de Karen Tam qui s’est intéressée à l’auteure canadienne Winnifred Eaton, née à Montréal de parents britannique et chinois en 1875, et connue sous les noms de plume Onoto Watanna et Winnifred Reeve. Karen Tam a recréé un espace de vie de la famille Eaton, avec des sculptures en papier maché, des tatamis et des textiles. Une œuvre faite de plantations de végétaux, ayant des liens avec les communautés chinoise et autochtones, s’est aussi concrétisée dans la cour arrière de la galerie.

Le tout est une évocation de l’asiaticité en Amérique, mais ausi des discriminations longtemps vécues par les Sino-Américains et les Sino-Canadiens (environ 1,5 million de personnes au pays).

Autre istallation spectaculaire avec Traces de pas-Kali Yuga I, d’Emily Jan, artiste d’Edmonton originaire de Los Angeles qui traite des conséquences de nos mouvements sur Terre, soit des destructions reliées à l’urgence environnementale. Elle a créé toutes sortes de plantes et d’organismes vivants en plastique, montrant combien on s’est écarté de la nature depuis l’omniprésence des sous-produits du pétrole dans notre quotidien ancré dans le faux, avec nos fausses plantes, nos faux revêtements de bois, nos faux arbres de Noël, etc.

  • Vue de l’installation Mrs. Spring Fragrance’s Morning Room and Garden, de Karen Tam

    PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

    Vue de l’installation Mrs. Spring Fragrance’s Morning Room and Garden, de Karen Tam

  • Détail du corpus Anthologie de la marche (partie 1 : Broder le temps), de Geneviève Baril

    PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

    Détail du corpus Anthologie de la marche (partie 1 : Broder le temps), de Geneviève Baril

  • Détail du corpus Anthologie de la marche (partie 2 : Je serai ton miroir), de Geneviève Baril

    PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

    Détail du corpus Anthologie de la marche (partie 2 : Je serai ton miroir), de Geneviève Baril

  • Détail de l’installation Fondre, de Patrick Beaulieu

    PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

    Détail de l’installation Fondre, de Patrick Beaulieu

  • Sculpture Ce que nous édifions, d’Annie Charland Thibodeau, exposée à l’Atelier Silex

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    Sculpture Ce que nous édifions, d’Annie Charland Thibodeau, exposée à l’Atelier Silex

  • Installation d’Ursula Johnson intitulée Lukwaqn/Elukwet/Amalukwet/Nata’lukwet/Elukwek/Amalukwek/Nata’lukwek (Travailler/iel travaille/iel travaille par plaisir/iel travaille de manière novatrice/nous travaillons/nous travaillons par plaisir/nous travaillons de manière novatrice). Exposée à l’Atelier Silex.

    PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

    Installation d’Ursula Johnson intitulée Lukwaqn/Elukwet/Amalukwet/Nata’lukwet/Elukwek/Amalukwek/Nata’lukwek (Travailler/iel travaille/iel travaille par plaisir/iel travaille de manière novatrice/nous travaillons/nous travaillons par plaisir/nous travaillons de manière novatrice). Exposée à l’Atelier Silex.

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Au Centre d’exposition Raymond-Lasnier, deux installations de Geneviève Baril illustrent ses marches sur les rives du Saint-Laurent qui l’amènent à créer des installations faites de plantes cueillies dans la nature. Les deux œuvres d’Anthologie de la marche témoignent de sa sensibilité envers ces végétaux qu’on se met à sentir les uns après les autres. Dans la salle contiguë, on retrouve avec plaisir le corpus en motoneige de Patrick Beaulieu, Fondre, qu’il a poursuivi l’hiver dernier jusqu’au centre-ville de Trois-Rivières !

Lisez notre article sur la démarche de Patrick Beaulieu

Le pouvoir de la réalité virtuelle

À l’Espace Pauline-Julien, la New-Yorkaise Sarah Rothberg sensibilise à l’importance du cycle de l’eau, à sa marche éternelle dans nos corps et dans la nature. Nos interactions avec le liquide vital sont éclairées grâce à une expérience virtuelle de quelques minutes.

À la galerie d’art R3 (sur le campus de l’Université du Québec à Trois-Rivières), le duo formé par Edith Brunette et François Lemieux présente un ensemble saisissant de créations portant sur le thème de notre occupation variée (et souvent avariée) du territoire. Avec des plantes séchées insérées dans une sorte de capsule métallique évoquant l’énergie nucléaire. Une réflexion sur l’habitat et notre propension à adopter des attitudes en contradiction avec la santé de notre bien commun, la petite planète bleue, bien sûr.

PHOTO JEAN-MICHAEL SEMINARO, FOURNIE PAR LA BNSC

Vue de l’installation Aller à, faire avec, passer pareil, d’Edith Brunette et François Lemieux

À noter que cette biennale très intense est aussi à Montréal où CIRCA art actuel expose The Space Between Held Hands, de l’artiste canadienne Charley Young, établie à Halifax. La BNSC présente aussi The Unknown Future Rolls Towards Us, du Montréalais Adam Basanta, au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger, à Victoriavile, jusqu’au 3 septembre. Une réflexion sur la Terre d’où l’homme aurait disparu complètement. Comme une marche dans un futur glauque où le présent ne serait que passé. Une biennale solide, donc, avec des œuvres qui nous mettent devant nos responsabilités de citoyen.

Consultez le site de la Biennale