De passage dans Charlevoix, La Presse s’est immergée dans l’univers stimulant de BGL. Le Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul propose jusqu’au 6 novembre, et peut-être pour la dernière fois, les œuvres du collectif québécois qui a mis fin à son aventure artistique. Une bonne occasion de se replonger dans le spectaculaire atelier Canadassimo que BGL a présenté à Venise en 2015 et de découvrir des œuvres inédites.

Après plus de 25 ans de vie artistique commune et un total de 133 expositions, les trois copains d’université qui formaient le collectif BGL, Jasmin Bilodeau, Sébastien Giguère et Nicolas Laverdière, ont décidé, l’an dernier, de fermer boutique, de vendre leur atelier et de mener désormais leur barque séparément.

Rencontré au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Jasmin Bilodeau a eu de la peine quand les trois artistes ont décidé de mettre fin à l’épopée BGL. « On avait une ambition qui nous énergisait au boutte, alors c’était comme de dire “bon ben, on arrête d’être ambitieux”. On s’est parlé beaucoup et on veut continuer de montrer les œuvres de BGL. Mais on est contents de commencer à montrer les nôtres. »

Préparée avec soin par la commissaire Audrey Careau, qui a suivi BGL pendant 14 ans, l’exposition vise à rendre hommage à « l’inventivité, la profondeur et la pertinence du collectif », dit-elle. Dans la grande salle du musée, on retrouve avec plaisir Canadassimo : l’atelier, l’installation créée pour la 56Biennale de Venise et acquise par le collectionneur Marc Bellemare. Une œuvre qui fait sourire. Avec ses centaines de pots de peinture empilés dans l’espace où sont insérés toutes sortes d’objets et d’outils que l’on retrouve dans les ateliers. Et bien sûr, des clins d’œil humoristiques à découvrir en ayant le souci du détail…

PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE

L’installation Canadassimo : l’atelier

L’expo comprend une vingtaine d’œuvres dont Une mort sans titre (2021), exposée pour la première fois au Québec. Constituée de branches peintes qui, de loin, forment un paysage champêtre, cette sculpture monumentale évoque la vie et la mort, notamment celle de BGL. Inédite aussi chez nous, Hommage à Tom Thomson est une installation originale réalisée également avec des branches et qui évoque le peintre paysagiste canadien mort mystérieusement en 1917. Avec des tableaux de paysages typiquement BGL représentant un coin de Kamouraska, les deux ponts de Québec et un bout de l’autoroute 15, à Montréal.

  • Une mort sans titre, 2021, branches et acrylique

    PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE

    Une mort sans titre, 2021, branches et acrylique

  • La commissaire de l’expo, Audrey Careau, en compagnie de Jasmin Bilodeau, devant l’œuvre Hommage à Tom Thomson

    PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE

    La commissaire de l’expo, Audrey Careau, en compagnie de Jasmin Bilodeau, devant l’œuvre Hommage à Tom Thomson

  • Troubadour, 2018, BGL, bronze, chaise, chapeau, papier mâché, monnaie, 163 x 153 x 61 cm, Édition 1/2. Collection Alexis Turgeon.

    PHOTO ÉTIENNE BOUCHER, FOURNIE PAR LE MACBSP

    Troubadour, 2018, BGL, bronze, chaise, chapeau, papier mâché, monnaie, 163 x 153 x 61 cm, Édition 1/2. Collection Alexis Turgeon.

  • Analyse des effets, 2020, BGL, bronze et acrylique, 172 x 97 x 65 cm

    PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE

    Analyse des effets, 2020, BGL, bronze et acrylique, 172 x 97 x 65 cm

  • Vieille peau, 2012, BGL, vinyle et latex sur polychlorure de vinyle expansé

    PHOTO TONI HAFKENSCHEID, FOURNIE PAR LE MACBSP

    Vieille peau, 2012, BGL, vinyle et latex sur polychlorure de vinyle expansé

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Trouver leur singularité

Jasmin Bilodeau, qui aura un solo à la galerie 3, en septembre, à Québec, s’improvise un atelier dans son chalet, cet été.

Je vais essayer de travailler des choses qu’on n’avait pas trop abordées avec BGL, pour me créer une singularité, mais tu ne peux pas écarter comme ça, d’un coup, 25 ans de partages, d’idées et de réalisations.

Jasmin Bilodeau

L’artiste explore en ce moment le médium de la faïence.

Les deux autres membres de BGL ont aussi enclenché leur nouvel exercice solitaire. Sébastien Giguère participe, jusqu’au 10 octobre, aux 9es Passages insolites, à Québec, avec sa sculpture Espoir 2.0, humoristique et symbolique. Un immense allume-gaz de BBQ gossé dans le bois. Une œuvre qui invite à garder confiance en l’avenir, malgré la COVID-19, l’agression russe en Ukraine, l’inflation et tutti quanti.

De son côté, Nicolas Laverdière est en pleine production à Frelighsburg, dans le cadre d’une résidence de six semaines au centre d’art Adélard. Il a intitulé ce premier solo RECETTES, mais il le signe Jasmin Giguère ! En hommage à ses deux complices de toujours. Un corpus qui consiste à créer des œuvres éphémères dans le village, notamment sur le terrain de baseball. Son finissage a lieu le 23 juillet.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Nicolas Laverdière au centre d’art Adélard devant une de ses œuvres réalisées sur place

En conclusion, BGL s’est peut-être dissous, mais, n’en déplaise à Aristote, le tout pourrait fort bien être moins grand que la somme de ses trois parties, ces joyeux lurons bégéhéliens ne semblant pas près d’arrêter de bégéhéler…

Consultez le site de l’exposition de BGL Consultez le site d’Adélard