C’est à la suite de la rencontre de La Presse avec Claude Tousignant, dans son atelier, en août dernier, que la maison de la culture Marie-Uguay a décidé de l’inviter à exposer dans l’arrondissement de son studio. « Il a accepté à condition qu’on prenne en charge le transport des œuvres et qu’il fasse le commissariat, ce qu’il a fait », explique Olivier Toutiras, agent culturel de la maison de la culture. « Il disait à nos techniciens où les œuvres devaient être placées. Il a été très rapide pour les choisir et les disposer. Et il a vérifié que l’éclairage soit parfait. »
C’est toujours un enchantement de rencontrer les fruits du travail de Claude Tousignant. Et de constater, avec ses peintures réalisées de 1955 à nos jours, combien il ne cesse d’avancer, d’essayer, d’oser. Avec une verve unique. Ses deux derniers Losange en témoignent.
Ses œuvres sont encore et toujours un savant agencement de couleurs tant vives qu’attirantes, générant des effets de vibration. Comme son Œil-de-bœuf #2, aux sensations de drapé quand notre vision se trouble en se plaçant devant la toile.
Quelle audace, également, d’associer, dans La vierge au lit, deux jaunes éclatants en faisant ressortir un soleil éblouissant d’un carré au jaune plus profond. Une de ses premières acryliques dans lesquelles il a intégré un cercle (1964). Une toile dont le titre intrigue toujours. Pourquoi La vierge au lit ? Claude Tousignant éclate d’un grand rire : « Les gens se demandent si c’est un rappel, le souvenir d’une femme en jaune, ha ! ha ! ha ! Une grande blonde ! » On n’en saura pas plus !
Mêmes sensations avec son Gong 72, de 1966, évoquant, par ses effets optiques, les sons vibrants des gongs, ou encore Bleu + vert = jaune, de 1965. Il est vrai, pour cette dernière peinture, qu’en reculant, on finit par voir bouger du jaune dans une toile où… il n’y en a pas ! Beau tour de force.
L’exposition comprend quelques travaux élégants comme Verticales blanches et noires, de 1962, une création de signature contemporaine qui rappelle le langage plastique en noir et blanc de l’époque et évoque aussi le style hard-edge. Sa période Chambly.
J’habitais à Chambly, j’avais un atelier d’à peu près huit pieds sur huit pieds. J’y ai fait une bonne vingtaine de tableaux, tous à peu près de la même dimension. Celui-ci est plus abstrait, plus composé. C’était romantique.
Claude Tousignant
L’œuvre la plus ancienne de l’expo, la minimaliste Taches libres de 1955, comprend, sur fond blanc, des taches bleues, jaunes, orange, noires, vertes, rouges, et même blanches. Une toile qui marque la période durant laquelle Claude Tousignant, qui fêtera ses 90 ans en octobre, travaillait les accords de couleurs qui feront par la suite sa renommée.
Le déploiement comprend une installation, Ensemble no 6, de 1983, constituée de quatre éléments géométriques autour desquels on peut tourner. Deux carrés et deux triangles de tailles différentes, présentés comme une photo de famille. Le plan de la présentation est d’ailleurs inscrit au dos de l’élément le plus grand.
Content de l’initiative de la maison de la culture Marie-Uguay de lui rendre hommage, M. Tousignant ? « Bien oui, c’est bien, c’est bien, ça vient tard, mais c’est bien ! », répond-il, ajoutant que l’exposition avec le groupe Québecor, retardée depuis déjà deux ans et demi, devrait avoir lieu l’an prochain.
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