La maison de la culture Marie-Uguay, dans l’arrondissement du Sud-Ouest, présente jusqu’au 13 août Choix libre, l’exposition de 16 œuvres de l’artiste montréalais Claude Tousignant. Une sélection qui rend compte de sa maîtrise totale de l’abstraction géométrique.

C’est à la suite de la rencontre de La Presse avec Claude Tousignant, dans son atelier, en août dernier, que la maison de la culture Marie-Uguay a décidé de l’inviter à exposer dans l’arrondissement de son studio. « Il a accepté à condition qu’on prenne en charge le transport des œuvres et qu’il fasse le commissariat, ce qu’il a fait », explique Olivier Toutiras, agent culturel de la maison de la culture. « Il disait à nos techniciens où les œuvres devaient être placées. Il a été très rapide pour les choisir et les disposer. Et il a vérifié que l’éclairage soit parfait. »

C’est toujours un enchantement de rencontrer les fruits du travail de Claude Tousignant. Et de constater, avec ses peintures réalisées de 1955 à nos jours, combien il ne cesse d’avancer, d’essayer, d’oser. Avec une verve unique. Ses deux derniers Losange en témoignent.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Losange no 2, 2022, acrylique sur toile

Ses œuvres sont encore et toujours un savant agencement de couleurs tant vives qu’attirantes, générant des effets de vibration. Comme son Œil-de-bœuf #2, aux sensations de drapé quand notre vision se trouble en se plaçant devant la toile.

Quelle audace, également, d’associer, dans La vierge au lit, deux jaunes éclatants en faisant ressortir un soleil éblouissant d’un carré au jaune plus profond. Une de ses premières acryliques dans lesquelles il a intégré un cercle (1964). Une toile dont le titre intrigue toujours. Pourquoi La vierge au lit ? Claude Tousignant éclate d’un grand rire : « Les gens se demandent si c’est un rappel, le souvenir d’une femme en jaune, ha ! ha ! ha ! Une grande blonde ! » On n’en saura pas plus !

  • Œil-de-bœuf # 2, 1964

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Œil-de-bœuf # 2, 1964

  • La vierge au lit, 1964

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    La vierge au lit, 1964

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Mêmes sensations avec son Gong 72, de 1966, évoquant, par ses effets optiques, les sons vibrants des gongs, ou encore Bleu + vert = jaune, de 1965. Il est vrai, pour cette dernière peinture, qu’en reculant, on finit par voir bouger du jaune dans une toile où… il n’y en a pas ! Beau tour de force.

L’exposition comprend quelques travaux élégants comme Verticales blanches et noires, de 1962, une création de signature contemporaine qui rappelle le langage plastique en noir et blanc de l’époque et évoque aussi le style hard-edge. Sa période Chambly.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Claude Tousignant dans son atelier

J’habitais à Chambly, j’avais un atelier d’à peu près huit pieds sur huit pieds. J’y ai fait une bonne vingtaine de tableaux, tous à peu près de la même dimension. Celui-ci est plus abstrait, plus composé. C’était romantique.

Claude Tousignant

Quelques œuvres exposées
  • Verticales blanches et noires, 1962, acrylique sur toile

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Verticales blanches et noires, 1962, acrylique sur toile

  • Rythmique stochastique, 1965, acrylique sur toile

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Rythmique stochastique, 1965, acrylique sur toile

  • # 2-80-66, 1980, acrylique sur toile

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    # 2-80-66, 1980, acrylique sur toile

  • Taches libres, 1955, huile sur toile de lin

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Taches libres, 1955, huile sur toile de lin

  • Le carreau bleu, une des œuvres préférées de Claude Tousignant. La copie d’un tableau qui avait été « ruiné » par un galeriste qui l’avait fait vernir, raconte-t-il.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Le carreau bleu, une des œuvres préférées de Claude Tousignant. La copie d’un tableau qui avait été « ruiné » par un galeriste qui l’avait fait vernir, raconte-t-il.

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L’œuvre la plus ancienne de l’expo, la minimaliste Taches libres de 1955, comprend, sur fond blanc, des taches bleues, jaunes, orange, noires, vertes, rouges, et même blanches. Une toile qui marque la période durant laquelle Claude Tousignant, qui fêtera ses 90 ans en octobre, travaillait les accords de couleurs qui feront par la suite sa renommée.

Le déploiement comprend une installation, Ensemble no 6, de 1983, constituée de quatre éléments géométriques autour desquels on peut tourner. Deux carrés et deux triangles de tailles différentes, présentés comme une photo de famille. Le plan de la présentation est d’ailleurs inscrit au dos de l’élément le plus grand.

  • Ensemble no 6, 1983, acrylique sur toile, installation

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    Ensemble n6, 1983, acrylique sur toile, installation

  • La scénographie de l’exposition donne de beaux effets de perspective.

    PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

    La scénographie de l’exposition donne de beaux effets de perspective.

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Content de l’initiative de la maison de la culture Marie-Uguay de lui rendre hommage, M. Tousignant ? « Bien oui, c’est bien, c’est bien, ça vient tard, mais c’est bien ! », répond-il, ajoutant que l’exposition avec le groupe Québecor, retardée depuis déjà deux ans et demi, devrait avoir lieu l’an prochain.

Consultez le site de l’exposition