Geneviève Boivin-Roussy a célébré le premier anniversaire de sa Galerie G de BR, à Danville, dans les Cantons-de-l’Est qu’elle appelle avec raison une « maison d’art ». Nous avons visité les lieux à l’occasion du vernissage de l’exposition collective des artistes Jean-Sébastien Huot, Léa-Marie Jean, Francis Gingras et Marilou Patenaude.

(Danville, Cantons-de-l’Est) Chose promise, chose due.

En décembre 2020, nous sommes allés à la rencontre de Pilou à Saint-Adrien pour visiter l’église qu’il a convertie en lieu d’enregistrement et de création multidisciplinaire.

À notre arrivée, l’homme aux mille projets a précisé qu’il devait partir à une certaine heure, car son amoureuse, l’artiste Geneviève Boivin-Roussy, avait un rendez-vous important chez le notaire. « Ma blonde va ouvrir une galerie d’art à Danville. Tu vas êtres obligée de revenir. »

— Promis.

Une bâtisse historique

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

La Galerie G de BR occupe une ancienne sellerie pour chevaux qui date de plus d’un siècle, à Danville.

Par un chaud vendredi de printemps, c’était un charme de découvrir le centre-ville de Danville et de se garer en face du coquet portique de la Galerie G de BR, qui a déjà célébré son premier anniversaire.

La boutique, le café, l’espace d’exposition : l’endroit invite à y entrer et y rester juste au premier regard !

Geneviève Boivin-Roussy nous a fait visiter les lieux avant le vernissage de l’exposition Champ des possibles Acte II. Force est de constater que c’est bien plus qu’une galerie qu’elle exploite : plutôt une « maison d’art », comme elle aime le dire.

Petite parenthèse. Vous connaissez sans doute Geneviève Boivin-Roussy comme actrice pour ses rôles dans District 31, O’, Toute la vie, La faille ou Classé secret. Elle brûle aussi souvent les planches au théâtre (récemment dans Ceux qui se sont évaporés au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui et La nuit du 4 au 5, télédiffusée à Télé-Québec).

Le jeu s’est toujours fait en parallèle de son travail comme peintre et artiste visuelle. Elle a illustré récemment le premier roman de Marie-Chantal Perron, Les douze mois de Marie.

« Ça faisait 10 ans que je cherchais un lieu pour un projet assez laborieux. Je voulais une galerie d’art, une boutique pour des créateurs et un safe space pour les poètes », lance celle pour qui la poésie devrait être partout.

PHOTO PIERRE-JEAN MOREAU, FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

La boutique à l’entrée de la galerie

Je voulais créer le lieu de la page blanche. Le lieu où on se permet de ne pas être dans la performance.

Geneviève Boivin-Roussy

Le bâtiment historique de Danville qu’elle a acquis, rue Water, compte quatre étages. « Nous sommes dans une ancienne sellerie pour les chevaux de 1893 », précise-t-elle pendant que nous empruntons l’escalier de bois.

Au sous-sol, une salle permet d’accueillir des cours et des ateliers de toutes sortes. En haut, elle a aménagé un appartement qu’elle appelle « La grande dame » et qui accueille des créateurs en résidence. « Nous avons notamment reçu Gabrielle Lessard [lauréate du Fonds de dotation Michelle-Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui], qui est venue écrire sa prochaine pièce. »

« L’appartement est un voyage dans le temps », dit Geneviève Boivin-Roussy, qui a préservé tous les éléments d’origine qu’elle pouvait, dont le papier peint. Des dames du village voisin de Val-des-Sources (anciennement Asbestos) lui ont donné des bibelots et des ensembles à thé. Elle a même récupéré des planches de bois du confessionnal de l’église de Saint-Adrien.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

La salle à manger d’inspiration Wes Anderson de l’appartement en haut de la galerie

La salle à manger est d’inspiration « Wes Anderson », souligne Geneviève Boivin-Roussy, mais sa pièce préférée demeure « la chambre du poète avec l’esprit d’Oscar Wilde ».

« Le temps s’arrête ici », dit-elle avec raison.

« Un sentiment d’attachement »

Geneviève Boivin-Roussy, qui élève sa fille avec Pilou à Saint-Adrien (situé à 25 km de Danville), est fière de faire partie du mouvement de relance d’anciennes villes minières de la région des Sources. Danville présente par exemple un Symposium des arts en septembre.

L’art, c’est l’âme d’un peuple.

Geneviève Boivin-Roussy

Elle veut rétrécir le fossé de l’offre culturelle entre les grands centres et la campagne. « Pour ma galerie, j’avais envie d’aller dans un style d’art plus éclaté et contemporain. »

Bien des gens peuvent se sentir intimidés d’entrer dans une galerie d’art. Il n’en est rien chez G de BR, notamment en raison de la boutique et du café. « L’idée est d’amener l’art vers les gens sans les forcer avec un lieu de passage et de rencontres. »

En fait, Geneviève voit sa galerie comme un port. Les gens viennent, restent, partent et reviennent « avec un sentiment d’attachement ».

Elle aime aussi créer des « ponts » entre des créateurs et des acquéreurs, et le bouche à oreille qui peut s’ensuivre. Exemple : Fanny Bloom, qui a tourné son plus récent clip à l’église de Saint-Adrien, a acheté une œuvre de Monique Verville, artiste de Warwick, qui donne des ateliers de poterie au sous-sol de la galerie.

Entrepreneuse et entremetteuse, Geneviève Boivin-Roussy ? Par la force des choses. Elle se considère surtout comme une directrice artistique.

« La direction artistique, pour moi, c’est de la mise en scène », précise-t-elle. Et la mise en scène, au fond, c’est de faciliter les choses pour les artistes et de les rendre possibles, et ensuite de présenter leur travail à un public.

L’exposition Champ des possibles Acte II

Depuis son ouverture en mai 2021, la Galerie G de BR a présenté pas moins de huit expositions.

  • Geneviève Boivin-Roussy avec les artistes Jean-Sébastien Huot, Léa-Marie Jean et Marilou Patenaude

    PHOTO CLAUDE ROUSSEL, LA TRIBUNE

    Geneviève Boivin-Roussy avec les artistes Jean-Sébastien Huot, Léa-Marie Jean et Marilou Patenaude

  • Jean-Sébastien Huot avait déjà exposé à Montréal et en Espagne, mais jamais dans les Cantons-de-l’Est, alors que le poète et artiste visuel demeure à Sherbrooke. Sa série de tableaux Demeures est aussi le titre de son septième livre.

    PHOTO CLAUDE ROUSSEL, LA TRIBUNE

    Jean-Sébastien Huot avait déjà exposé à Montréal et en Espagne, mais jamais dans les Cantons-de-l’Est, alors que le poète et artiste visuel demeure à Sherbrooke. Sa série de tableaux Demeures est aussi le titre de son septième livre.

  • « J’écrivais de la poésie sur la figure de la mère et cela m’a ramené aux demeures de l’enfance. Les maisons ont toujours été présentes dans ma démarche », indique celui qui s’est remis à la peinture après l’avoir délaissée.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    « J’écrivais de la poésie sur la figure de la mère et cela m’a ramené aux demeures de l’enfance. Les maisons ont toujours été présentes dans ma démarche », indique celui qui s’est remis à la peinture après l’avoir délaissée.

  • Le peintre Francis Gingras, absent lors de notre visite à la Galerie G de BR, peint des natures mortes de façon très réaliste, si bien qu’on a l’impression de pouvoir toucher les fruits. Une loupe à la disposition des visiteurs permet de regarder ses tableaux pour admirer les nombreux détails.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    Le peintre Francis Gingras, absent lors de notre visite à la Galerie G de BR, peint des natures mortes de façon très réaliste, si bien qu’on a l’impression de pouvoir toucher les fruits. Une loupe à la disposition des visiteurs permet de regarder ses tableaux pour admirer les nombreux détails.

  • C’est la première exposition à vie de Marilou Patenaude et avant même le vernissage, l’artiste autodidacte avait vendu deux œuvres.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    C’est la première exposition à vie de Marilou Patenaude et avant même le vernissage, l’artiste autodidacte avait vendu deux œuvres.

  • Marilou Patenaude, dont l’œuvre ci-dessus a pour titre Brise-glace, est fascinée par les glaciers. « Ils sont une source inépuisable d’inspiration ainsi qu’une représentation parfaite de puissance, d’apaisement et de vulnérabilité », dit-elle.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    Marilou Patenaude, dont l’œuvre ci-dessus a pour titre Brise-glace, est fascinée par les glaciers. « Ils sont une source inépuisable d’inspiration ainsi qu’une représentation parfaite de puissance, d’apaisement et de vulnérabilité », dit-elle.

  • « Mon discours est surtout esthétique, mais j’expose la relation que nous avons avec notre environnement », explique Léa-Marie Jean, qui a fait une série d’œuvres avec des ballons intitulée Pète pas ma balloune.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    « Mon discours est surtout esthétique, mais j’expose la relation que nous avons avec notre environnement », explique Léa-Marie Jean, qui a fait une série d’œuvres avec des ballons intitulée Pète pas ma balloune.

  • Léa-Marie Jean veut que les gens se posent la question : « Est-ce une sculpture ou une peinture ? » Au bas de ses œuvres, une ficelle reproduit aussi les lettres d’un mot. L’œuvre ci-dessus a pour titre La soldate.

    PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE G DE BR

    Léa-Marie Jean veut que les gens se posent la question : « Est-ce une sculpture ou une peinture ? » Au bas de ses œuvres, une ficelle reproduit aussi les lettres d’un mot. L’œuvre ci-dessus a pour titre La soldate.

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Outre sa fondatrice, la Galerie G de BR peut compter sur une équipe solide : Hélène Gallant Roberge, Emma-Lou Gladu-Rajotte, Laurie Ménard et Élizabeth Mercier.

L’exposition en cours réunit des œuvres des artistes Jean-Sébastien Huot, Léa-Marie Jean, Francis Gingras et Marilou Patenaude.

L’équipe de la Galerie G de BR était en contact avec Jean-Sébastien Huot quand Geneviève Boivin-Roussy a vu des exemplaires de son livre Demeures en visitant les bureaux montréalais de la maison d’édition Mains libres, pour qui elle a illustré le livre Les douze mois de Marie.

PHOTO MAXIME PICARD, LA TRIBUNE

La Galerie G de BR lors de son inauguration en mai 2021

Elle a eu l’idée de mettre en opposition la série de tableaux Demeures de Jean-Sébastien Huot avec la peinture hyperréaliste de Francis Gingras. « Je voulais que ces deux hommes se rencontrent. »

Sinon, elle a été séduite par le travail à la fois en précision et en déconstruction de Marilou Patenaude et par la poésie environnementale de Léa-Marie Jean.

« Au fond, le but est de créer un dialogue entre les démarches des artistes. »

Consultez le site de la Galerie G de BR Regardez un court métrage documentaire sur Monique Verville réalisé par Geneviève Boivin-Roussy