Fasciné par la fonderie d’art, le sculpteur montréalais André Fournelle crée depuis plus de 60 ans. La Presse a découvert l’atelier de cet artiste engagé, fils spirituel d’Armand Vaillancourt, qui a reçu, l’automne dernier, le prix Borduas récompensant un créateur d’exception en arts visuels.

Prix Borduas

PHOTO MICHEL DUBREUIL, FOURNIE PAR L’ARTISTE

L’inconfortable utopie : hommage à Marguerite Yourcenar (1987), bronze et verre, 110 x 120 x 40 cm

Il était temps de visiter son atelier du Plateau-Mont-Royal. Au moins pour honorer cet artiste de 82 ans récompensé par Québec pour sa contribution à l’art contemporain. Et pour sa démarche tournée vers l’humain et la poésie, comme l’ont montré ses sculptures et ses performances en faveur de la justice sociale. En 2005, il avait créé Les incendiaires, neuf lits métalliques recouverts de charbon, pour rendre hommage à des sans-abri morts à Montréal. Il avait présenté la même œuvre quelques semaines plus tard à Paris, « au nom des morts dans la rue ».

« Le prix Borduas était une surprise, dit-il. Je l’ai pris comme une reconnaissance des pairs. Ça valide mon travail d’une certaine façon. »

Le fondeur

André Fournelle n’est pas né André Fournelle. Il est né britannique, en 1939, à Newcastle. Ses parents seraient morts lors de bombardements nazis. La Croix-Rouge anglaise l’a envoyé au Canada où il a été adopté à l’âge de 1 an par des Québécois. Fasciné dans sa jeunesse par les sciences, la musique et la poésie, il a fréquenté brièvement – à cause de son tempérament frondeur ! – l’École des beaux-arts de Montréal, avant de travailler dans une fonderie. C’est là qu’il a acquis les techniques de fabrication de l’acier, adorant tout ce qui touche au métal en fusion.

« C’est à partir de là que j’ai créé avec mon copain Marc Boisvert notre fonderie expérimentale à Pierrefonds. » Entre-temps, il a connu Armand Vaillancourt, son père spirituel qui l’a amené à devenir sculpteur.

Contestataire et humaniste, comme Vaillancourt, André Fournelle s’est engagé politiquement dans les années 1960 et 1970, au Québec et en Europe. Organisant des performances et des coups d’éclat. Documentant les démolitions « sauvages » d’édifices résidentiels. Ami de Serge Lemoyne et de Marcelle Ferron, il a poursuivi ses créations de sculptures, le plus souvent monumentales, durant toute sa carrière. Métal, néons, charbon, pierre, sable, feu. Il a tout essayé, comme en témoigne son site internet où ses créations sont consignées.

Visitez le site d’André Fournelle

L’atelier-maison

  • Lieu de création et lieu de vie, l’atelier d’André Fournelle est aussi sa maison.

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Lieu de création et lieu de vie, l’atelier d’André Fournelle est aussi sa maison.

  • Vue de l’atelier-maison

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Vue de l’atelier-maison

  • L’établi d’André Fournelle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    L’établi d’André Fournelle

  • La pièce principale

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La pièce principale

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Son atelier est aussi sa maison. Un grand lit, un lit d’appoint, une cuisine et une salle à manger qui se confondent avec son lieu de travail. Des œuvres dans tous les coins de l’appartement rempli de documents, de livres et de trophées qu’il a créés, comme celui du Festival du film de Montréal. Il travaille dans ces espaces tous les jours grâce à une bonne forme physique. « Mais le métal est plus lourd qu’avant ! », dit-il en riant.

Art public

  • L’arche de feu (2008), réalisée à Douai, en France, avec Claude Chaussard

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    L’arche de feu (2008), réalisée à Douai, en France, avec Claude Chaussard

  • Le pendule (2016), à la maison de la culture de Sorel

    PHOTO MICHEL DUBREUIL, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Le pendule (2016), à la maison de la culture de Sorel

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André Fournelle a beaucoup contribué à l’art public. En 1999, il réalise Lumières et silences, une ligne de feu orchestrée près du pont des Arts, à Paris. En 2000, à Taiwan, il installe une œuvre en hommage à Joseph Beuys. En 2008, son Arche de feu est inaugurée à Douai, en France. Au Québec, ses œuvres publiques sont à Granby, Jonquière, Saguenay, Gatineau, Rivière-du-Loup, Québec, Val-d’Or, Sherbrooke, Rigaud et Montréal. Prolixe, il n’a toutefois pas encore bénéficié d’un hommage muséal à la mesure de son talent. Ce pourrait toutefois être le cas prochainement, des projets d’exposition le concernant étant en gestation dans deux musées québécois.

André Fournelle en six œuvres

  • André Fournelle devant Ceci n’est pas un tranquillisant, créée dans les années 1970

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    André Fournelle devant Ceci n’est pas un tranquillisant, créée dans les années 1970

  • André Fournelle et son trou d’homme en fonte évoquant la rosace de la cathédrale de Bourges, en France, élément de l’installation Sous les pavés

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    André Fournelle et son trou d’homme en fonte évoquant la rosace de la cathédrale de Bourges, en France, élément de l’installation Sous les pavés

  • Détail de Bâtissons une cathédrale (1992), clin d’œil à Beuys

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    Détail de Bâtissons une cathédrale (1992), clin d’œil à Beuys

  • Gate to the Future (2012), à l’Université de Toronto

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Gate to the Future (2012), à l’Université de Toronto

  • L’or, un métal en lumière (2013), à Val-d’Or

    PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE

    L’or, un métal en lumière (2013), à Val-d’Or

  • La maîtrise du temps, le temps c’est l’Histoire, dernière œuvre d’André Fournelle

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    La maîtrise du temps, le temps c’est l’Histoire, dernière œuvre d’André Fournelle

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