(Lille) Un rare dessin de jeunesse de Paul Cézanne (1839-1906), qui semblait disparu depuis des dizaines d’années, a été récemment « redécouvert » et sera vendu aux enchères en mars à Reims, a annoncé lundi la maison de vente aux enchères Ivoire.

Ce dessin à la plume, encre brune et crayon, représente un soldat debout, casqué, de profil et tourné vers une vieille femme assise.

Il a été réalisé vers 1856-1860, quand le peintre avait entre 17 et 21 ans, dans un carnet qu’il partageait alors avec sa sœur cadette, Marie, raconte dans un communiqué la maison de vente aux enchères Ivoire, basée à Reims.

Il est double-face : il porte au verso l’œuvre de Cézanne, et au recto un dessin de Marie Cézanne, d’un paysage et un calvaire au crayon noir, ainsi qu’une inscription manuscrite du petit-fils du peintre, Jean-Pierre Cézanne. « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père », a-t-il écrit.

PHOTO STÉPHANE DE SAKUTIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le recto du dessin de jeunesse de Cézanne comporte un dessin de Marie Cézanne représentant un paysage et un calvaire au crayon noir, ainsi qu’une inscription manuscrite du petit-fils du peintre, Jean-Pierre Cézanne. « Le dessin ci-contre est un dessin original de mon grand-père », a-t-il écrit.

Contenant à l’origine 18 feuillets, le carnet a été transmis au fils, puis au petit-fils de Cézanne, avant d’être démembré à une « date inconnue », perdant une partie de ses dessins, détaille la maison Ivoire.

Il a ensuite été offert en 1962 au Bezalel National Museum de Jérusalem — devenu The Israël Museum — par un collectionneur américain, Henry Pearlman. Il contenait alors douze dessins de Paul Cézanne, mais pas « le soldat et la vieille femme ».

« On a perdu la trace de ce dessin après Jean-Pierre Cézanne. Peut-être est-il passé entre les mains de Henry Pearlman, sans certitude », explique à l’AFP l’expert chargé de l’authentifier, Marc-Henri Tellier.  

Le dessin est finalement « retrouvé, il y a quelques années » par le commissaire priseur Thierry Collet lors d’un inventaire de succession dans le sud de la France. « On ne sait pas comment il est arrivé là », assure M. Tellier.

Après une première expertise n’ayant pas conclu à un original, le dessin est montré à M. Tellier, qui remarque d’importantes « similitudes avec d’autres œuvres de jeunesse du peintre ». Il réussira à « l’authentifier avec certitude » après deux ans de recherches, avec l’aide notamment de la société Cézanne et de l’historienne de l’art Fabienne Ruppen.  

« Il y a quelques dessins de jeunesse de Cézanne dans des musées, mais assez peu. Ce type d’œuvre permet de voir les inspirations de l’artiste », qui travaillait notamment à partir d’œuvres de maîtres anciens, précise l’expert.

Mise aux enchères le 13 mars, l’œuvre est estimée entre 20 000 et 30 000 euros (28 500 $ et 42 800 $).