Le Musée des beaux-arts de Montréal présentera, à l’automne 2022, une importante exposition du peintre new-yorkais Jean-Michel Basquiat, mort en 1988 à l’âge de 27 ans. Coproduite avec la Cité de la musique-Philharmonie de Paris, La musique et l’art de Jean-Michel Basquiat est « une idée très riche », car elle renouvelle notre lecture sur Basquiat, dit Stéphane Aquin, directeur général du MBAM.

L’exposition devait avoir lieu d’octobre 2021 à février 2022, mais elle a été reportée à cause de la pandémie. Elle sera la toute première exposition d’envergure consacrée à la place qu’a occupée la musique dans l’univers de Basquiat (1960-1988).

Le gouvernement du Québec l’a compris. La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a annoncé vendredi qu’une somme de 550 000 $ est accordée au MBAM pour réaliser cette exposition dont l’idée vient de la Cité de la musique-Philharmonie de Paris.

Sa directrice, Marie-Pauline Martin, avait proposé une collaboration à l’ex-directrice du MBAM, Nathalie Bondil, quand elle était venue à Montréal en janvier 2017 pour le vernissage de Chagall : couleur et musique, une autre initiative de la Cité de la musique.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

Andy Warhol avec Jean-Michel Basquiat, le galeriste suisse Bruno Bischofberger et l’artiste italien Francesco Clemente, à New York, en 1984.

La musique et l’art de Jean-Michel Basquiat poursuivra la tradition du MBAM de présenter des expos qui lient musique et arts visuels, après Warhol Live, We Want Miles. Miles Davis : le jazz face à sa légende, Splendore a Venezia, You say you want a Revolution, Imagine et l’expo Chagall.

Les trois commissaires sont Dieter Buchhart, invité par la Cité de la musique et spécialiste de Basquiat, Vincent Bessières, conservateur à la Cité, et Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM.

Ils ont des réunions régulières sur le sujet. Ce sera un beau scénario, très intelligent, sur la scène new-yorkaise des années 1970 et 1980, alors que Basquiat créait toujours avec de la musique. L’expo est une idée très riche, car la musique n’était pas anecdotique chez Basquiat, mais fondamentale.

Stéphane Aquin, directeur général du MBAM

L’exposition sera une exploration novatrice et approfondie de la carrière de musicien de Jean-Michel Basquiat qui avait des goûts musicaux éclectiques allant de Ravel au jazz, notamment Charlie Parker et Dizzy Gillespie, en passant par Maria Callas et tout le spectre de la contre-culture de l’époque, notamment le hip-hop. Sans parler qu’il a eu une relation intime avec Madonna, alors toute jeune.

PHOTO FOURNIE PAR LE MBAM

King Zulu, 1986, Jean-Michel Basquiat, acrylique, cire, crayon-feutre sur toile. Barcelone, collection MACBA, prêt à long terme du gouvernement de la Catalogne (ancienne collection Salvatore Riera). © Succession Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York. Une œuvre qui fera partie de l’exposition.

L’artiste américain d’origine haïtienne et portoricaine a même fait partie du groupe Gray en tant que clarinettiste et n’avait pas son pareil pour exécuter des performances rythmées. « Des incursions inédites dans son univers musical complexe démontrent à quel point ses références en la matière en disent long sur sa compréhension exhaustive de la diaspora africaine et son engagement envers celle-ci de même que sur la politique raciale américaine », lit-on dans l’édition de septembre-décembre 2020 de la revue M, du MBAM.

Quelques œuvres de Basquiat
  • Warrior (1982), de Jean-Michel Basquiat, a été vendu en Asie, le mois dernier, pour 51,9 millions, ce qui en fait l’œuvre occidentale la plus chère jamais vendue en Asie.

    PHOTO ANTHONY WALLACE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

    Warrior (1982), de Jean-Michel Basquiat, a été vendu en Asie, le mois dernier, pour 51,9 millions, ce qui en fait l’œuvre occidentale la plus chère jamais vendue en Asie.

  • L’acrylique sur toile Self Portrait, de Jean-Michel Basquiat, présentée aux médias chez Christie’s à Londres, le mois dernier.

    PHOTO JUSTIN TALLIS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

    L’acrylique sur toile Self Portrait, de Jean-Michel Basquiat, présentée aux médias chez Christie’s à Londres, le mois dernier.

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L’influence de l’Afrique fut effectivement grande dans son œuvre, dit Stéphane Aquin qui rappelle que la carrière de Jean-Michel Basquiat aura été courte, mais fulgurante, et que l’influence que son œuvre exerce sur notre époque est immense et ne cesse de croître.

À travers le monde entier, des générations nouvelles voient en lui un artiste qui a su créer un langage plastique nouveau, une forme d’esperanto artistique par lequel les frontières entre races, cultures et traditions sont abolies. Nous sommes infiniment fiers de pouvoir continuer d’explorer son œuvre grâce à cette exposition exemplaire et novatrice. 

Stéphane Aquin, directeur général du MBAM

L’exposition comprendra des tableaux, des installations et bien sûr de la musique avec des performances. « Il y a toute une scène hip-hop qui se réclame de Basquiat, dit Stéphane Aquin. Il a décloisonné l’art et donné une voix à ceux qui n’en avaient pas. C’est un artiste noir qui a amené toute sa culture au-devant de la scène, sans la cacher. »

PHOTO FOURNIE PAR LE MBAM

Un comité d’experts, 1982, Jean-Michel Basquiat, acrylique et pastel à l’huile sur papier marouflé sur toile. MBAM, don d’Ira Young. © Estate of Jean-Michel Basquiat. Licensed by Artestar, New York

Le MBAM n’a que deux œuvres de Basquiat dans sa collection, Un comité d’experts et Seascape. Un comité d’experts a appartenu à Madonna avant que Basquiat ne le reprenne et le modifie. « Un tableau qui a un pedigree du tonnerre ! », dit Stéphane Aquin.

L’expo permettra de découvrir des créations que l’on a rarement la chance de voir. « Beaucoup d’œuvres sont encore dans des mains privées, dit M. Aquin. Il y a de très grandes collections de Basquiat en Amérique du Nord, et la succession Basquiat se montre extraordinairement généreuse, dans ses prêts, du fait de l’originalité du projet. Car cette exposition, issue d’un beau partenariat, renouvellera notre lecture sur Basquiat. »