Déjà 25 ans que Rhéal Olivier Lanthier et François St-Jacques ont fondé Art Mûr et se font les dents sur un marché de l’art très concurrentiel. Pour célébrer leurs succès et marquer ce jalon du quart de siècle, la galerie organise plusieurs activités en 2021, à commencer par une imposante exposition collective, Terra Nova, présentée jusqu’au 24 avril.

« Terra Nova fait référence à la question de savoir où l’on s’en va. Que ce soit comme individu ou comme société, quel est notre avenir ? », dit Rhéal Olivier Lanthier. « Une question évidemment très actuelle », ajoute François St-Jacques.

Les fondateurs d’Art Mûr ont choisi, pour illustrer cette interrogation et ses incertitudes, de déployer sur trois étages quelque 120 œuvres de 42 artistes pour lesquels l’inconnu est une aventure et un défi.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les fondateurs de la galerie Art Mûr, François St-Jacques et Rhéal Olivier Lanthier

Mis à part quelques créateurs invités, la plupart des artistes sont représentés par la galerie. Notamment ses artistes engagés, très allumés par des enjeux sociaux, tels que Nadia Myre, Eddy Firmin, Karine Payette, Simon Bilodeau ou encore Karine Giboulo qui présente de nouveaux petits personnages reliés à la pandémie. Avec leurs masques en file d’attente ou travaillant à la chaîne dans un entrepôt d’Amazon.

  • Amazon box (détail), 2020, Karine Giboulo, argile polymère, acrylique, bois, miroir, éclairage DEL, carton, 37 cm x 30,5 cm x 51 cm

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Amazon box (détail), 2020, Karine Giboulo, argile polymère, acrylique, bois, miroir, éclairage DEL, carton, 37 cm x 30,5 cm x 51 cm

  • Amazon box (détail), 2020, Karine Giboulo, argile polymère, acrylique, bois, miroir, éclairage DEL, carton, 37 cm x 30,5 cm x 51 cm

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    Amazon box (détail), 2020, Karine Giboulo, argile polymère, acrylique, bois, miroir, éclairage DEL, carton, 37 cm x 30,5 cm x 51 cm

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Au rez-de-chaussée, l’expo débute par des artistes au propos féministe. De petites sculptures de Colleen Wolstenholme, des personnages féminins qui se fondent dans le décor. Des peintures au pochoir de la Berlinoise Dana Widawski, dont une femme au regard déterminé, en short et soutien-gorge, armée de deux perceuses électriques ! Et, de la même artiste, des assiettes émaillées qui représentent des femmes en burqa dévoilant leurs jambes. Des céramiques magnifiques et provocantes sur un statut de la femme en transition.

Quelques œuvres exposées
  • Tight End, 2004, Colleen Wolstenholme, huile sur bois et sur plâtre, 53 cm x 35,5 cm x 25,5 cm

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Tight End, 2004, Colleen Wolstenholme, huile sur bois et sur plâtre, 53 cm x 35,5 cm x 25,5 cm

  • Arts & Craft, 2012, Dana Widawski, peinture au pochoir, acrylique sur toile, 150 cm x100 cm

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    Arts & Craft, 2012, Dana Widawski, peinture au pochoir, acrylique sur toile, 150 cm x100 cm

  • Wrapped Woman-Pizza Plate (une de cinq), 2018, Dana Widawski, sous-émaillé sur céramique, 36,5 cm de diamètre

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    Wrapped Woman-Pizza Plate (une de cinq), 2018, Dana Widawski, sous-émaillé sur céramique, 36,5 cm de diamètre

  • On the Road, 2020, Oli Sorenson, acrylique sur toile, 122 cm x 122 cm

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    On the Road, 2020, Oli Sorenson, acrylique sur toile, 122 cm x 122 cm

  • Massacre au sirop de poteau, 2021, Pierre Laroche, composite bois et polymère biodégradable, 25,5 cm x 26 cm x 18 cm

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    Massacre au sirop de poteau, 2021, Pierre Laroche, composite bois et polymère biodégradable, 25,5 cm x 26 cm x 18 cm

  • Œuvre sans titre, 2020, Hédy Gobaa, huile sur toile, 91 cm x 65 cm

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Œuvre sans titre, 2020, Hédy Gobaa, huile sur toile, 91 cm x 65 cm

  • Here be dragons : the river dragon, 2020, Emily Jan, textiles recyclés, teinture de souci et de garance, résine, silicone, bois flotté, rotin, 91,5 cm x 46 cm x 122 cm

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Here be dragons : the river dragon, 2020, Emily Jan, textiles recyclés, teinture de souci et de garance, résine, silicone, bois flotté, rotin, 91,5 cm x 46 cm x 122 cm

  • Golden Slumbers, 2017, Jennifer Small, plâtre, thermoplastique, acrylique, 61 cm x 35,5 cm x 35,5 cm

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Golden Slumbers, 2017, Jennifer Small, plâtre, thermoplastique, acrylique, 61 cm x 35,5 cm x 35,5 cm

  • Un des éléments de l’installation Transfigurateurs, 2016, de Laurent Lamarche

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Un des éléments de l’installation Transfigurateurs, 2016, de Laurent Lamarche

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Juste à côté, la brouette et les pelles de Cal Lane, féminisées avec leurs dentelles d’acier. Et une installation, Rose, de Jannick Deslauriers, un peu inquiétante, le propos de l’artiste semblant plus social qu’il ne l’était avec ses œuvres précédentes, vaporeuses et architecturales.

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Rose, 2020, Jannick Deslauriers, vinyle, plastique, papier bulle, silicone, paillettes, fourrure synthétique, plume synthétique, confetti, dimensions variables

Au deuxième étage, on ne peut manquer Whale Fall, sculpture de Nicholas Crombach et Nurielle Stern. L’œuvre posée au sol – qui figure un squelette de baleine – est constituée de morceaux de meubles et d’assiettes, le tout éclairé par des néons jouant le rôle de colonne vertébrale.

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Whale Fall, 2019, Nicholas Crombach et Nurielle Stern, porcelaine émaillée, meubles trouvés, modifiés et sculptés, dimensions variables

Tout près, plusieurs œuvres évoquent aussi le milieu marin. Par exemple, la vidéo Maumusson de Patrick Beaulieu, sur les rythmes naturels et les tentatives humaines, souvent vaines, de les dompter.

On appréciera aussi la finesse des faux coraux de l’ingénieux Laurent Lamarche, les toiles polaires de Jessica Houston ou encore le « dragon de rivière » d’Emily Jan, un poisson amazonien inquiétant fait de textiles variés.

Un espace est consacré à une petite rétrospective du travail de Guillaume Lachapelle, toujours plus créatif et avant-gardiste, et dont certaines sculptures – des espaces infinis de bureaux vides ou une bibliothèque désertée – font penser à la période que l’on endure actuellement.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Lost in Reflection (détail), 2015, Guillaume Lachapelle, MDF, peinture, mousse de polyuréthane, latex de caoutchouc, natte en fibre de verre, verre, lumière, 270 cm x 200 cm x 110 cm

Une autre section est consacrée aux nouvelles technologies, à la surveillance et à l’internet avec des créations de Sonny Assu, Oli Sorenson, Eddy Firmin, Renato Garza Cervera et encore Laurent Lamarche, avec une installation délicate et colorée, Diffraction dichroïque.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE ART MÛR

L’œuvre Diffraction dichroïque, de Laurent Lamarche (2016)

Nous avons bien aimé le travail d’Hédy Gobaa, pour lequel Terra Nova ne peut mieux convenir puisqu’il est né outre-Atlantique et a migré vers Montréal. Au rez-de-chaussée, ses deux tableaux sur les préjugés et l’imaginaire (Sans titre, 2020) sont évocateurs. Au dernier étage, on a eu un coup de cœur pour sa toile empreinte de sérénité Une nuit étoilée, de 2019, la photo d’entête de ce texte.

Tout près de son huile est diffusée une vidéo d’animation du dessinateur néerlandais Robbie Cornelissen, toujours très en vogue sur la scène internationale. Elle vaut le détour, pour la qualité du travail notamment. Tout comme les fascinantes maquettes théâtrales d’Erika Dueck, dont Reiterate. Quel talent pour meubler un intérieur dévasté avec tant de précision, des éléments que l’on discerne en mettant littéralement l’œil à la porte !

  • Reiterate (détail), 2019, Erika Dueck, technique mixte, 37 po x 36 1/4 po x 64 1/8 po

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Reiterate (détail), 2019, Erika Dueck, technique mixte, 37 po x 36 1/4 po x 64 1/8 po

  • Reiterate (détail), 2019, Erika Dueck, technique mixte, 37 po x 36 1/4 po x 64 1/8 po

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Reiterate (détail), 2019, Erika Dueck, technique mixte, 37 po x 36 1/4 po x 64 1/8 po

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Parallèlement à Terra Nova, Art Mûr propose, jusqu’au 27 mars, une expérience de réalité virtuelle avec une œuvre de l’artiste Samuel Arsenault-Brassard, qui succède depuis quelques jours à celle d’un peintre, muraliste et passionné de réalité virtuelle et augmentée, Sebastian Millar, dont nous avons aussi beaucoup apprécié les créations.

PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE ART MÛR

Une création de Samuel Arsenault-Brassard, de son corpus Flame

« On a décidé de présenter cette année une programmation de réalité virtuelle, dit Rhéal Olivier Lanthier. Avec une nouvelle œuvre toutes les trois ou quatre semaines. »

Comme la photographie s’est imposée à un moment donné comme un art à part entière, la réalité virtuelle est devenue un médium incontournable, alors la galerie a beau avoir 25 ans, on n’est pas des vieux ! On doit demeurer attentifs !

Rhéal Olivier Lanthier, cofondateur de la galerie Art Mûr

PHOTO MICHAEL PATTEN, FOURNIE PAR ART MÛR

À gauche, R. V. (Jeune poète aux bidons), 2013-2021, tilleul, carton, mastic automobile et tissu récupéré, 165 cm x 40,5 cm x 30 cm + 40,5 cm x 40,5 cm x 23 cm

D’ailleurs, le sculpteur Jean-Robert Drouillard s’est aussi mis au goût du jour, en cette ère numérique. Il a modifié sa pièce sculptée en bois de tilleul Jeune poète aux bidons, de 2013, en enlevant un des deux bidons, en repeignant la tuque en orange – couleur tendance – et en plaçant un casque de réalité virtuelle sur les yeux de ce poète qui avait 17 ans en 2013… et a donc l’âge d’Art Mûr cette année !

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