La Fondation Émile-Nelligan a remis, mardi à Montréal, son 10e prix Ozias-Leduc, d’une valeur de 25 000 $, à l’artiste visuel québécois François Morelli pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de ses 45 ans de carrière.

« Je suis heureux, très heureux, car ce prix, je ne l’ai pas vu venir, puisqu’on ne postule pas pour le prix Ozias-Luduc, a dit l’artiste de 68 ans. C’est une belle reconnaissance qui arrive à un bon moment. Un prix que je connais bien. J’ai énormément de respect pour les gens qui l’ont eu. »

Créé en 1992, le prix Ozias-Leduc a déjà été décerné aux artistes Roland Poulin, Jana Sterbak, Rober Racine, Massimo Guerrera, Guy Pellerin, Serge Murphy, Raymond Gervais, Marie-Claude Bouthillier et Valérie Blass.

Le jury de cette édition était présidé par Stéphane Aquin, directeur général du Musée des beaux-arts de Montréal, qui a souligné « le sens de l’engagement » de François Morelli durant sa carrière. Les autres membres du jury étaient Anne-Claude Bacon, responsable de la collection Hydro-Québec, Jonathan Demers, directeur général du Musée d’art contemporain des Laurentides, l’artiste Serge Murphy et Bénédicte Ramade, commissaire et chargée de cours à l’Université de Montréal.

François Morelli a déjà été récompensé par le Prix d’excellence de la Biennale de dessin, de l’estampe et du papier du Québec, en 1993, et par le prix Louis-Comtois, en 2007. Dans son discours, il a rendu hommage aux galeristes qui ont diffusé son travail avec régularité. Christine Chassay et Joyce Yahouda, à Montréal, Stuart Horodner, à New York. Il a aussi remercié Isabelle de Mévius, la mécène et directrice du centre d’art 1700 La Poste, qui lui a organisé une belle rétrospective, en 2017.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’artiste multidisciplinaire François Morelli.

« Je n’ai jamais manqué une opportunité de montrer ce que j’étais en train de faire, a-t-il dit. J’éprouve également une profonde gratitude envers les conservateurs, directeurs, historiens d’art et critiques d’art qui se sont penchés sur mon œuvre. Si ça prend un village pour élever un enfant, ça prend une communauté forte pour faire un artiste. » Il a ainsi remercié ses professeurs qui ont fait de lui un artiste et un enseignant dans l’âme. Plus de 35 ans à travailler dans les universités : Concordia, Université du Québec à Trois-Rivières et Rutgers, au New Jersey.

L’enseignement est au cœur de ma pratique artistique, jamais en parallèle ou à côté. C’est un épanouissement.

François Morelli

Diplômé en arts plastiques de Concordia et de Rutgers, François Morelli s’intéresse aux figures, à l’espace, à ce qui les définit (vêtements, mobiliers et architectures), aux conventions physiques, psychiques et sociales et aux multitudes de comportements et de stratégies d’existence et de résistance.

« Je poursuis une démarche polyvalente – en dessin, estampe, installation, performance et sculpture – marquée par un questionnement soutenu quant au statut de l’objet à l’intérieur des processus de création et de la perception de l’œuvre, explique-t-il. Je m’intéresse aux notions de passage, de circulation et de transformation. Pour moi, l’œuvre se fait souvent l’écho d’une action passée ou d’une intervention visant à traduire, non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps, les rapports de l’artiste avec la société, des individus entre eux, ou de l’individu avec l’objet. »

Dessins du Carnet Volume XXIII (2020) – encre sur papier.
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François Morelli n’a pas chômé, ces dernières années, notamment durant le confinement. La salle à manger de sa résidence de Notre-Dame-de-Grâce était devenue son atelier. Il y a créé une frise sur papier Arches de 35 feuillets et une autre série de dessins liés à ses sculptures de fils métalliques.

« Ce sont des figures qui cherchent désespérément à communiquer et à donner du sens à leurs existences, dit-il. À bien y penser, un peu comme Beckett dans notre nouvelle réalité COVID. Je suis convaincu que cette période de confinement m’a permis, avec le recul, de me revisiter et de mieux comprendre mes dérives. Ce travail à complètement bouleversé mes habitudes de travail. Diurne de nature, je me suis transformé en bête nocturne, me réveillant à toutes heures de la nuit pour dessiner jusqu’aux petites heures du matin. »

  • Performance de François Morelli en 2020 dans les eaux du Saint-Laurent, près du parc de la Maison du citoyen de Pointe-aux-Trembles, dans le cadre de la réanimation de quatre sculptures de 1990 exposées à Dorval et Pointe-aux-Trembles.

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    Performance de François Morelli en 2020 dans les eaux du Saint-Laurent, près du parc de la Maison du citoyen de Pointe-aux-Trembles, dans le cadre de la réanimation de quatre sculptures de 1990 exposées à Dorval et Pointe-aux-Trembles.

  • L’artiste Bonnie Baxter a invité, l’an dernier, François Morelli, à participer à un projet à Val-David chez elle.

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    L’artiste Bonnie Baxter a invité, l’an dernier, François Morelli, à participer à un projet à Val-David chez elle.

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Depuis le déconfinement, François Morelli alterne le travail entre son atelier de la rue Montgomery et sa maison de Val-David, où il se rend avec sa conjointe depuis plus de 50 ans, Diane Charbonneau, ex-responsable du département des arts décoratifs au Musée des beaux-arts de Montréal, et à qui il a rendu un hommage appuyé. « Nous formons une fine équipe, forte d’un respect réciproque où la vie et l’amour font œuvre d’art », lui a-t-il lancé.

Exposition à la Maison des arts de Laval en 2019
  • Exposition collective Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu. Commissaire : Lise Lamarche.

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    Exposition collective Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu. Commissaire : Lise Lamarche.

  • Exposition collective Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu.

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    Exposition collective Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu.

  • Exposition Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu.

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    Exposition Mille-feuilles. Quand le dessin a lieu.

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François Morelli a bien des projets en chantier. Une partie aboutira en 2022. En cette période de pandémie, il estime que les défis sont énormes et que les questions sous-jacentes à son œuvre demeurent actuelles et plus percutantes que jamais.

« Comment dessiner un paysage à notre ère géologique dite anthropocène quand les écosystèmes de la planète sont en voie de mutation profonde ou de disparition à cause des répercussions de nos activités ? Comment faire du portrait quand nous avons de la difficulté à reconnaître l’autre en soi et vice versa ? Comment représenter l’histoire quand on ne s’y retrouve pas et que l’avenir est de plus en plus incertain ? Finalement, à quoi bon sert la forme quand celle-ci nous exclut et qu’elle ne parle que d’elle-même. Vive l’art vivant ! »