Parachute : mode subversive des années 80 est une rétrospective de l’histoire de cette marque montréalaise avant-gardiste, véritable phénomène mondial de 1977 à 1993. Des stars comme Madonna, Mick Jagger, David Bowie, Peter Gabriel, Duran Duran ou Michael Jackson ont porté des vêtements Parachute.

L’exposition présentée au musée McCord à partir de vendredi propose une soixantaine de créations de Parachute, 140 documents d’archives, des croquis, des photographies de mode, des entrevues et extraits vidéo comme la prestation de Madonna lors du concert Live Aid en 1985, regardé par 1,9 milliard de spectateurs, où elle porte une veste Parachute.

  • L’exposition présente de nombreuses photographies de mode, en noir et blanc, ce qui met en valeur les silhouettes architecturales des vêtements de la marque.

    PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’exposition présente de nombreuses photographies de mode, en noir et blanc, ce qui met en valeur les silhouettes architecturales des vêtements de la marque.

  • Clients fidèles de Parachute, les membres de Duran Duran adoptent la veste Clark Gable — inspirée de la veste Eisenhower de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale – comme vêtement officiel de leur tournée mondiale de 1984.

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    Clients fidèles de Parachute, les membres de Duran Duran adoptent la veste Clark Gable — inspirée de la veste Eisenhower de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale – comme vêtement officiel de leur tournée mondiale de 1984.

  • Sur les photos de promotion de l’album Thriller, Michael Jackson porte une veste en cuir Parachute.

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    Sur les photos de promotion de l’album Thriller, Michael Jackson porte une veste en cuir Parachute.

  • Pour la troisième saison de la série policière Miami Vice, NBC commande à Parachute des vêtements qui correspondent à une esthétique plus avant-gardiste pour habiller Don Johnson et Philip Michael Thomas.

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    Pour la troisième saison de la série policière Miami Vice, NBC commande à Parachute des vêtements qui correspondent à une esthétique plus avant-gardiste pour habiller Don Johnson et Philip Michael Thomas.

  • Un t-shirt avec le logo emblématique de la marque

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    Un t-shirt avec le logo emblématique de la marque

  • La dernière partie de l’exposition reproduit l’esprit industriel des boutiques Parachute. Ici, des créations sur des estrades, comme dans la boutique de New York.

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    La dernière partie de l’exposition reproduit l’esprit industriel des boutiques Parachute. Ici, des créations sur des estrades, comme dans la boutique de New York.

  • Les designers de Parachute s’inspirent des lignes épurées et graphiques du Japon. Le kimono est apprécié pour sa simplicité et devient une véritable inspiration.

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    Les designers de Parachute s’inspirent des lignes épurées et graphiques du Japon. Le kimono est apprécié pour sa simplicité et devient une véritable inspiration.

  • L’exposition présente de nombreux croquis des créateurs.

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    L’exposition présente de nombreux croquis des créateurs.

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Fondée en 1977 à Montréal par l’architecte et urbaniste américain Harry Parnass et la créatrice de vêtements britannique Nicola Pelly, Parachute est inspirée à ses débuts par la scène new wave montréalaise. Les deux cofondateurs se rencontrent dans les ateliers de design de la chaîne Le Château à Montréal et décident de lancer leur marque, qui se veut marginale, rebelle et underground.

Leur première boutique est située rue Crescent, dans un demi-sous-sol à l’allure de bunker qui devient vite un lieu très couru par les initiés.

« Le succès de Parachute, ce sont des silhouettes architecturales, des formes structurées, militaires, une mode futuriste, androgyne et minimaliste et le fait de vouloir s’habiller autrement », explique Stéphane Le Duc, commissaire associé de l’exposition. « Parachute est aussi synonyme de vêtements confortables. Ils ont été parmi les premiers à créer des t-shirts et cotons ouatés avec leur logo. Le nom Parachute, c’est l’idée de se jeter dans le vide, de prendre des risques. »

Des magasins à l’avant-garde

Harry Parnass, qui est architecte, conçoit les magasins Parachute comme de grands espaces de rencontre, avec une esthétique industrielle et une esplanade pour que la clientèle défile et se produise. Il s’inspire des piazzas italiennes où les gens se rencontrent et flânent. « Cette volonté de créer un environnement avec l’aménagement de ses boutiques, c’est ce qui a fait la renommée internationale de Parachute », estime Stéphane Le Duc.

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Stéphane Le Duc, commissaire associé de l’exposition Parachute : mode subversive des années 80, présentée au musée McCord

« On parle aujourd’hui d’expérience en magasin, mais eux l’avaient compris dès 1980. On arrivait dans un lieu privilégié, underground et on avait l’impression d’être dans une galerie d’art. Quand ils ont ouvert la boutique de 10 000 pieds carrés à Soho, dans ce nouveau quartier d’artistes de New York, c’était vraiment une destination que tout le monde voulait visiter ! Madonna fréquentait la boutique, Mick Jagger dansait sur les estrades, Andy Warhol était un habitué. On y écoutait de la musique, tout ça a créé le mythe Parachute avec les vêtements que les gens aimaient et ce côté audacieux et avant-gardiste », se souvient Stéphane Le Duc, qui a gardé précieusement quelques vêtements Parachute achetés dans les années 80.

La dernière partie de l’exposition reproduit d’ailleurs l’esprit des magasins. Il y a également une entrevue réalisée avec Harry Parnass, cofondateur de Parachute, mort en janvier 2021.

Le plaisir de créer

La cofondatrice de Parachute, Nicola Pelly, ne réalisait pas, à l’époque, l’influence de la marque. « On aimait tellement créer des vêtements, pour nous c’était un vrai plaisir. Ce n’était pas juste le vêtement, c’était aussi le design des boutiques, les logos, les photographies », dit-elle.

L’authenticité, pour nous, c’est ce qui était le plus important. On s’inspirait des gens dans la rue, des vêtements sport, du style militaire. On voulait créer des vêtements confortables et très pratiques. La mode, c’est un moyen d’expression. On souhaitait que chacun développe son style, son identité, tout en développant sa confiance en soi.

Nicola Pelly, cofondatrice de Parachute

Elle pense aussi que le « timing » a joué en leur faveur. « Avec la naissance des vidéoclips, des chaînes musicales comme MTV, MuchMusic et MusiquePlus, les artistes avaient besoin de porter des créations originales, et c’est eux à cette époque qui s’occupaient personnellement d’aller dans les magasins ! » Les artistes sont nombreux à porter du Parachute : Peter Gabriel, Grace Jones, David Bowie, George Michael et Corey Hart, notamment. « Peter Gabriel est devenu un ami », confie Nicola Pelly, qui a immigré en 1971 à Montréal. Elle arrivait de Londres où elle avait étudié le design de mode.

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Nicola Pelly, cofondatrice de la marque Parachute

Pour Alexis Walker, conservatrice adjointe de la collection Costume, mode et textiles au musée McCord, Parachute représente le plus grand succès de la mode de Montréal. « Ça fait partie de l’histoire de la ville. L’exposition célèbre l’univers créatif de Parachute et illustre les concepts derrière son design. Ce sont de vrais avant-gardistes de la mode, ils ont créé des tendances. On espère que les gens qui ont vécu l’époque seront heureux de retrouver avec une certaine nostalgie les années 80, et que les plus jeunes seront heureux de les découvrir », dit celle qui est aussi commissaire de l’exposition.

Stéphane Le Duc souhaite que cette exposition inspire les plus jeunes. « C’est bien de leur montrer que tout ça vient de Montréal et que cette réussite est possible, et elle l’est encore plus aujourd’hui avec les moyens de communication. »

Avec les tendances du moment, Parachute pourrait encore exister aujourd’hui.

[Parachute] est encore très actuel, on pourrait retrouver tous ces vêtements en boutique aujourd’hui. Les pantalons taille haute, les vestes amples, les épaules surdimensionnées… C’est triste que la marque n’existe plus, même le logo est encore très actuel.

Stéphane Le Duc, commissaire associé de l’exposition

Et pourquoi l’aventure s’est-elle terminée en 1993 ? « On n’avait plus de plaisir, explique Nicola Pelly. On faisait beaucoup trop de gestion, pas assez de création, on avait du mal à déléguer. Au départ, on pensait que ça allait durer une dizaine d’années, pas plus. On a décidé d’arrêter. On avait de jeunes enfants aussi, et je voulais passer plus de temps avec eux. »

« Avec Stéphane Le Duc qui a eu l’idée de cette rétrospective, on voulait que ce soit plus qu’une exposition sur la mode, qu’elle porte aussi sur Montréal, l’émergence de la culture new wave, l’importance de la musique et du design. Je suis très émue de voir le résultat, vraiment. C’est un bel hommage à notre travail », confie Nicola Pelly.

L’exposition Parachute : mode subversive des années 80 est présentée au musée McCord du 19 novembre au 24 avril 2022.

Consultez le site du musée McCord