La maison canadienne d’enchères Heffel mettra en vente, le 1er décembre, quelque 80 œuvres d’art, dont plusieurs toiles de grands maîtres canadiens. En particulier Assiniboine Hunting Buffalo, une chasse au bison du peintre Paul Kane estimée entre 2,5 et 3,5 millions.
Originaire d’Irlande, Paul Kane (1810-1871) aura été l’un des grands peintres nord-américains du XIXe siècle. Vivant dans la région de Toronto, il a documenté avec ses toiles figuratives la vie quotidienne des Canadiens, notamment des communautés autochtones. Un grand nombre de ses toiles se trouvent dans des musées, par exemple au Stark Museum of Art d’Orange, au Texas. De ce fait, ses œuvres sont extrêmement rares sur le marché de l’art.
Il est donc exceptionnel de voir une toile comme Assiniboine Hunting Buffalo offerte à la vente par Heffel. Il s’agit d’une œuvre documentaire de grande qualité dans laquelle on sent tant les inspirations européennes de Kane que son intérêt pour les communautés autochtones des Prairies, notamment les Assiniboines, qu’il a visités entre 1845 et 1848, près de la rivière Saskatchewan.
Dans cette toile, il met en scène, de manière quelque peu romantique, une chasse au bison, l’animal emblématique des Autochtones de cette région.
ll s’est inspiré d’une gravure de Bartolomeo Pinelli de 1815, dans laquelle deux jeunes cavaliers chassent un taureau à la lance. Une œuvre qu’il avait dû découvrir lors d’un voyage en Italie.
« Il était très doué pour le portrait et les représentations véridiques », dit Tania Poggione, directrice du bureau montréalais d’Heffel. Cette scène de chasse au bison a été peinte trois fois par Kane. Une des trois toiles, Assiniboines à la chasse au bison, de même taille, se trouve dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa.
Heffel a rarement vendu des œuvres de Paul Kane. La dernière fois, c’était en 2004. Deux ans auparavant, une œuvre de Kane, Scene in the Northwest : Portrait of John Henry Lefroy, avait été vendue par Sotheby’s à Toronto 5,1 millions, ce qui représentait un record canadien. Record battu en 2016 avec la vente, par Heffel cette fois, pour 11,2 millions, de la toile Mountain Forms, de Lawren Harris.
Il y a d’ailleurs six œuvres de Lawren Harris mises en vente cet automne par Heffel, dont From Sentinel Pass above Moraine Lake, Rocky Mts, une huile sur carton de 1929-1930, et Painting (Formative III), une magnifique abstraction de 1950.
Lawren Harris est un des premiers à avoir fait de l’abstraction au Canada.
Tania Poggione
L’autre toile vivement convoitée sera certainement Cordova Drift, une représentation à l’huile de la forêt canadienne au bord d’un Pacifique énergique, exécutée par Emily Carr, dont pas moins de sept peintures seront en vente à Toronto.
L’encan comprend aussi Spring, 1916, petite toile de Tom Thomson montrant un paysage canadien bucolique lors de la fonte des neiges. Une œuvre expressive et typique de l’icône du Groupe des Sept, connu pour ses relations intimes avec la nature, nature qui l’a englouti malheureusement et mystérieusement trop tôt. Heffel vend également une œuvre méticuleuse d’Alex Colville, Night Walk, de 1981, ainsi que deux de ses études préparatoires. Seront aussi mises en vente cinq œuvres de Riopelle, deux œuvres de Betty Goodwin, un grand Molinari (Bi-sériel violet-ocre) ou encore un bel ensemble d’assiettes décorées à la main par Cornelius Krieghoff, bien conservées. La maison Heffel s’attend à des ventes comprises entre 12 et 17 millions.
Les œuvres sont présentées gratuitement au bureau montréalais d’Heffel, au 1840, rue Sherbrooke Ouest, jusqu’au 11 novembre.
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